Défis Société Secteur du Commerce et de la Distribution
Walmart s'associe à des fonds activistes pour investir dans VusionGroup, une entreprise spécialisée dans la fabrication d'étiquettes électroniques qui rencontre un grand succès sur les marchés. Cet article a été écrit par Guillaume Echelard et publié le 05.09.2024 à 06h30, avec une mise à jour à 09h55. Il est également disponible en version audio pour les abonnés, et dure environ 7 minutes.
En 2024, Walmart a commencé à installer des étiquettes électroniques dans ses magasins. L'entreprise basée à Nanterre a récemment annoncé son intention d'équiper les plus de 200 magasins de Spar en Autriche. Le PDG Thierry Gadou partage l'histoire de la croissance rapide de l'entreprise, qui a été la plus forte du SBF 120 à la Bourse de Paris au cours des cinq dernières années, et qui est maintenant la cible de fonds activistes.
En général, les sociétés américaines sont souvent celles qui proposent des solutions technologiques aux entreprises françaises. Cependant, VusionGroup se démarque en annonçant qu'elle va équiper 2 300 supermarchés américains de Walmart avec des étiquettes électroniques. Ensuite, elle a signé un contrat lucratif avec Ace Hardware, une enseigne américaine de bricolage comptant 5 000 magasins. En ce début d'année, les 200 magasins autrichiens Spar ont également annoncé un partenariat avec VusionGroup. Au-delà de ces annonces majeures, ce qui intrigue chez VusionGroup, une entreprise française, c'est que son principal actionnaire depuis 2018 est le fonds chinois BOE Technology, et qu'elle devrait atteindre un chiffre d'affaires d'un milliard d'euros cette année.
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Critiquée par des investisseurs activistes comme Gotham City Research en 2023 et Shadowfalls en 2024, VusionGroup a toujours rejeté les allégations portées contre elle. Malgré une forte augmentation de son cours de Bourse – passant à 137 euros et multiplié par quatre en cinq ans – l'entreprise a été fortement secouée et reste sous étroite surveillance du marché. Cependant, elle demeure relativement inconnue des consommateurs des supermarchés.
Leader mondial dans le domaine de la technologie des étiquettes électroniques, Vusiongroup est une entreprise qui se concentre principalement sur les marques et les enseignes plutôt que sur le grand public, selon son PDG, Thierry Gadou. Cependant, en signant un contrat avec le plus grand détaillant mondial et en attirant l'attention du marché, l'entreprise ne peut plus rester discrète. Thierry Gadou, ancien PDG d'Atos Consulting, raconte l'histoire mouvementée de Vusiongroup, marquée par trois décennies de succès.
La période de 1990 à 2000 a été marquée par l'invention de l'étiquette électronique par la société SES, qui a révolutionné les supermarchés. Cette innovation a permis de réduire les erreurs d'affichage des prix, notamment lors des promotions. De 2000 à 2010, le succès en France a été porté par l'homme d'affaires Philippe Catteau. Jusqu'en 2020, l'entreprise s'est tournée vers l'international avec l'entrée de BOE Technology au capital. Aujourd'hui, l'entreprise est leader mondial dans les solutions digitales pour le commerce physique, selon Thierry Gadou. La quatrième décennie s'annonce pleine d'opportunités et d'incertitudes.
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Les erreurs sont souvent causées par les étiquettes en papier. Une entreprise comptant 900 employés répartis dans une soixantaine de pays à travers le monde, dont un tiers travaillant dans la recherche et le développement, est en partie détenue par le spécialiste chinois des écrans BOE à hauteur de 32 % et par ses salariés et son management à hauteur de 12 %. Elle travaille actuellement sur l'amélioration de ses étiquettes. Ces dernières peuvent servir de guide pour les employés, par exemple en clignotant pour leur indiquer où trouver ou ranger un produit spécifique. Dans le futur, les clients pourront demander via leur téléphone portable de faire clignoter les étiquettes des produits qu'ils recherchent, comme tous les produits nutri-scorés de catégorie A dans un rayon donné.
Dans certaines étiquettes, il y a des petites caméras qui sont utilisées pour repérer les produits manquants sur les étagères. Cela permet de transformer l'étiquette en une interface et un moyen de numériser les magasins physiques, au lieu d'être simplement un morceau de papier.
Cependant, les codes-barres numériques suscitent parfois des critiques. Ils sont utilisés pour mettre en place une technique controversée appelée pricing dynamique, qui consiste à modifier fréquemment et discrètement les prix en rayon. Le groupe Casino a été critiqué en début d'année 2023 par l'expert en commerce Olivier Dauvers car il augmentait de près de 15 % la moitié des prix affichés dans ses hypermarchés le dimanche. Thierry Gadou se défend en affirmant qu'il n'y a aucun distributeur qui modifie les prix plusieurs fois par jour, et que les étiquettes papier sont sources d'erreurs.
Les fonds spéculatifs ont lancé des attaques, mais le PDG a réussi à persuader Walmart de l'importance de l'affichage électronique. Ils ont signé un contrat pouvant atteindre 3 milliards de dollars, et Walmart pourrait même devenir actionnaire à hauteur de 10% de Vusion. Thierry Gadou explique que cette collaboration a renforcé la visibilité de leur entreprise sur le marché.
Les problèmes commencent ici. Le 22 juin 2023, le fonds activiste Gotham City Research, déjà connu pour avoir révélé plusieurs fraudes boursières, publie un rapport mettant en lumière diverses anomalies dans les comptes de Vusiongroup. Au centre des accusations se trouvent ses ventes au groupe chinois BOE Technology, qui est à la fois son principal actionnaire et son principal fournisseur. Auparavant nommée SES-Imagotag, l'entreprise accusée de conflits d'intérêts voit son cours de Bourse chuter de 50 %. Thierry Gadou, agacé, dénonce une attaque frauduleuse visant à semer la panique par des allégations mensongères afin de réaliser des profits en vendant à découvert, et pointe du doigt des délits d'initiés.
Le 24 mai 2024, le fonds Shadowfall relaye les accusations de Gotham City Research, ce qui entraîne une nouvelle chute de plus de 10 % du cours de l'action de VusionGroup. Thierry Gadou, le PDG, reste confiant en la solidité de son entreprise malgré les attaques. Cependant, l'action n'a toujours pas retrouvé son niveau d'avant le crash à plus de 170 euros. Il exprime son opposition à la vente à découvert illégale et suggère la mise en place d'une agence de notation pour les activistes et vendeurs à découvert. Les résultats du premier semestre de Vusiongroup seront dévoilés le 12 septembre, et les investisseurs seront attentifs aux chiffres de cette pépite française, dont environ 49 % du capital est flottant.
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