Défis Société Bien-être
Le médicament Doliprane devra continuer son chemin sans la société Sanofi.
La société pharmaceutique, qui connaît de nombreux échecs avec le marché boursier, décide de se séparer de sa division de santé grand public afin de se concentrer sur les médicaments et les vaccins novateurs. Ce projet suscite des préoccupations.
Sanofi, une entreprise pharmaceutique française, a décidé de mettre de côté le Doliprane, son produit phare à base de paracétamol depuis 1961. Lors de la présentation de ses résultats trimestriels le 27 octobre, le groupe a annoncé sa volonté de se concentrer sur le développement de médicaments et de vaccins innovants dans les domaines de l'immunologie, de la cancérologie et des maladies rares. Dans le même temps, Sanofi prévoit de se séparer de sa division Santé grand public, qui produit le Doliprane dans deux usines situées à Lisieux (Calvados) et Compiègne (Oise), ainsi que d'autres grandes marques vendues sans ordonnance, telles que Lysopaïne, Maalox ou Aspegic.
"Nous continuons à investir davantage dans la recherche et le développement dans le cadre de notre nouvelle stratégie, tout en cherchant à devenir une entreprise biopharmaceutique spécialisée. Nous travaillons également à optimiser notre structure de coûts", a expliqué Paul Hudson, le PDG de Sanofi. Parmi les différentes options envisagées, la division Santé grand public, qui est déjà une entité commerciale autonome depuis 2019, pourrait devenir une société indépendante cotée en Bourse dès le quatrième trimestre 2024, selon le groupe, qui n'a pas donné plus de détails.
Une stratégie pourtant logique, mais sévèrement sanctionnée en Bourse. Les marchés ont très mal réagi à l'annonce de résultats préoccupants pour 2024 et 2025. En conséquence, l'action de Sanofi a chuté de 19%. Pour aggraver les choses, le groupe est maintenant soupçonné de diffusion de fausses informations et de manipulation des cours de son médicament phare, Dupixent, utilisé pour le traitement de l'asthme et de l'eczéma. Selon La Lettre, le Parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête préliminaire sur le géant pharmaceutique le mardi 7 novembre. Sanofi affirme n'avoir pas encore été contacté par le PNF, mais maintient l'exactitude des comptes qu'il publie. Le groupe pharmaceutique se réserve le droit d'engager des poursuites judiciaires contre toute allégation mensongère ou diffamatoire.
Aussi, est-ce que la chute sévère des actions de Sanofi dans le cadre du plan "Play to win" est exagérée ?
Selon Matthieu Sainton, qui est associé responsable de la filière santé au cabinet Eurogroup Consulting, les médicaments sans ordonnance, tels que le Doliprane, sont vendus à des prix très bas et ne rapportent plus suffisamment de bénéfices malgré les volumes de vente élevés. Après avoir fait des erreurs stratégiques dans les domaines de l'ARN messager et de la bioproduction, Sanofi se lance à nouveau dans la recherche de thérapies à forte valeur ajoutée pour des maladies non traitées, dans le but de se positionner dans les technologies d'avenir en tant qu'intérêt industriel.
Une synchronisation inattendue
Cependant, la synchronisation est surprenante. Moins de quinze jours auparavant, le 14 octobre, la directrice de Sanofi France, Audrey Derveloy, déclarait sur France Inter que 20 millions d'euros seraient investis dans l'usine de Lisieux afin d'augmenter la production de Doliprane à partir de 2025.
Jean-Louis Peyren, le coordinateur CGT du groupe, n'est pas rassuré du tout par cette situation. Il craint que si des fonds d'investissement deviennent les actionnaires majoritaires de la nouvelle entreprise, ils pourraient se débarrasser de l'outil industriel après quelques mois et délocaliser la production. L'économiste Frédéric Bizard partage également cette inquiétude pour la santé publique. Selon lui, si ces entreprises sont cédées parce qu'elles sont moins rentables, on ne peut pas imaginer leur avenir en étant totalement dépendantes des marchés financiers qui pourraient rapidement se désintéresser d'elles. Il a exprimé cette préoccupation dans une note publiée sur LinkedIn.
Le précédent Europapi suscite des inquiétudes, car cette entreprise autrefois une filiale de Sanofi spécialisée dans les principes actifs, a connu des avertissements sur ses résultats depuis son introduction en Bourse en 2022. Son directeur général, Karl Rotthier, vient d'être écarté de son poste. Un analyste critique cette scission désastreuse qui n'a pas permis à l'entreprise de se redresser sur les marchés. Le représentant de la CGT s'étonne du silence du gouvernement, qui, malgré ses efforts pour relocaliser la production de paracétamol en France au nom de la souveraineté sanitaire depuis la pandémie de Covid-19, ne semble pas réagir à cette situation.
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Au ministère des Finances, le dossier Doliprane est néanmoins surveillé de près, bien que les détails de la séparation demeurent flous. Selon l'entourage de Roland Lescure, le ministre de l'Industrie, si un projet de vente implique un acheteur étranger, il sera soumis au contrôle des investissements étrangers en France. L'État accorde une priorité à garantir la continuité de l'approvisionnement en produits de santé pour les Français, ainsi qu'à préserver l'outil de production et les emplois sur le territoire, en collaboration avec les acteurs industriels.
Le message a été transmis à Frédéric Oudéa, l'ancien directeur de Société Générale qui a été nommé président du conseil d'administration de Sanofi en mai.
Sanofi est une entreprise pharmaceutique.
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