Quand les généraux deviennent PDG : les nouveaux défis des anciens de la Défense dans le monde de l’entreprise

Difficultés Société Protection

Anciens membres de la DGSE, de la DRM et des forces spéciales décident de devenir PDG

Par Vincent Lamigeon le 04.09.2024 à 06h30, mis à jour le 04.09.2024 à 11h05 Ecouter 6 min. Abonnés

Grégoire de Saint-Quentin dirige maintenant GEOS, Didier Castres est le PDG de DCI, et Ronan Haicault de la Regontais est le directeur des opérations d’Amarante. Autrefois limités à des rôles de conseiller pour les PDG ou directeurs de la sécurité, les anciens généraux occupent désormais des postes opérationnels de haut niveau. Cela s'explique par leur expertise et leur expérience dans le domaine.

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Au lieu de continuer sa carrière militaire et gravir les échelons dans les services de renseignement, le général de brigade Ronan Haicault de la Regontais a décidé de changer de voie. À l'âge de 53 ans, il a quitté l'armée pour devenir directeur général adjoint chargé des opérations chez Amarante International, une société de sécurité française dirigée par Alexandre Hollander, un ancien de la DGSE, spécialisée dans ce domaine.

Ronan Haicault de la Regontais a été formé à Saint-Cyr et a suivi une formation à l'ESSEC et à l'Ecole de Guerre. Il a principalement travaillé au sein du 2e Régiment de hussards en Alsace, où il a été envoyé en mission au Sahel et en Afghanistan. Par la suite, il est devenu responsable des finances au sein de l'armée de Terre, puis a rejoint la DRM où il était en charge des ressources humaines, des finances et des achats d'équipement.

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En arrivant chez Amarante, il rejoint l'une des entreprises les plus actives dans le domaine de la sécurité, qui s'occupe notamment de la protection des institutions internationales (Union européenne, ONU…) et des entreprises privées dans des zones à risque telles que l'Afghanistan ou le Moyen-Orient. Alexandre Hollander se réjouit de l'arrivée de Ronan Haicault de la Regontais, qui a dirigé un régiment, a étudié à l'ESSEC et a acquis de l'expérience dans les finances et les ressources humaines. Il apporte un renfort précieux à l'entreprise, étant déjà familiarisé avec l'aspect économique du travail.

Un ancien membre des forces spéciales rejoint une entreprise concurrente

Ce n'est pas seulement un diplômé de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr qui prend la direction d'un groupe de sécurité privée. Le 1er septembre, le général d'armée (cinq étoiles) Grégoire de Saint-Quentin a également été nommé à la tête de GEOS, une filiale du groupe ADIT. C'est une belle prise pour l'entreprise : Grégoire de Saint-Quentin, ancien chef du 1er régiment de parachutistes d'infanterie de marine (1er RPIMa) de 2004 à 2006, a dirigé l'opération Serval au Mali avant de devenir le chef du Commandement des opérations spéciales (COS) en 2013, puis le responsable des opérations de l'armée française (sous-chef des opérations, dans le langage militaire) en 2016. En 2020, à son départ de l'armée, il a rejoint la start-up Preligens, spécialisée dans l'intelligence artificielle militaire, en tant que vice-président chargé des projets avancés, qui vient d'être acquise par le géant Safran.

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Certains anciens officiers ont réussi à s'intégrer parfaitement dans le secteur civil : le général Didier Castres, qui a dirigé GEOS, a été nommé en mars dernier à la tête de DCI, une entreprise de formation militaire. De même, le général Olivier Bonnet de Paillerets, qui était auparavant directeur adjoint de la DGSE et commandant de la cyberdéfense (ComCyber), a été nommé vice-président d'Orange Cyberdefense en octobre 2023.

Désormais, des anciens hauts gradés militaires, appelés généraux de deuxième section (2S), se lancent dans de nouvelles carrières dans le secteur privé en occupant des postes opérationnels, voire même des postes de PDG. Auparavant, ils étaient principalement limités à des rôles de conseillers en défense pour les PDG du CAC 40 ou en tant que directeurs de sécurité pour de grandes entreprises.

Effectivement, ces postes sont très recherchés : Corentin Lancrenon, le directeur des opérations de la DGSE, commencera à travailler pour la Société Générale le 1er octobre en tant que directeur de la sécurité. Son prédécesseur Pierre Liot de Nortbécourt a rejoint Danone au même poste en septembre 2022. Éric Vidaud, l'ancien chef du COS et de la DRM, a été recruté par Carrefour l'année dernière. Cependant, certains individus ont réussi à atteindre des postes de direction au sein de grands groupes. Par exemple, le général Didier Castres, à la tête de DCI, gère un groupe avec un chiffre d'affaires de 230 millions d'euros et 900 employés. De son côté, Olivier Bonnet de Paillerets travaille chez Orange Cyberdefense, un leader européen avec un chiffre d'affaires d'un milliard d'euros et plus de 3 000 employés.

La renommée et le savoir-faire

Qu'est-ce qui attire tant dans les généraux et les chefs militaires ? Selon Stéphane Volant, ancien président du Club des directeurs de sécurité des entreprises (CDSE), en juillet 2023, la première raison est le prestige. Avoir un général dans son équipe de direction est considéré comme élégant. De plus, l'expertise des militaires en matière de sécurité est très précieuse, surtout pour les entreprises classées comme des opérateurs d'importance vitale (OIV). Le savoir-faire en matière militaire et en commandement est également un avantage, notamment pour la direction de groupes de sécurité comme GEOS et Amarante, ou de groupes de formation militaire comme DCI.

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Une nouvelle tendance émergente est la création de jeunes entreprises par les généraux après leur départ de l'armée. Un exemple est celui du général Michel Friedling, ancien commandant de l'espace, qui a lancé Look Up Space en juillet 2022, une start-up spécialisée dans la surveillance spatiale. Cette entreprise a réussi à lever 14 millions d'euros à la mi-2023.

Forces armées de la France Sécurité informatique Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE)

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