Pourquoi l’Australie devrait acheter 12 sous-marins nucléaires français selon le think tank ASPI : une remise en question du programme Aukus

Sel article du think tank australien ASPI recommande à l'Australie d'acheter douze sous-marins nucléaires français de classe Suffren au lieu de poursuivre ses commandes de sous-marins américains Virginia et de développer des engins en collaboration avec les Britanniques. Le think tank australien ASPI est très influent et ses recommandations pourraient changer la politique de défense de Canberra.

Une importante révélation a été faite par le think tank australien ASPI (Australian Strategic Policy Institute), une organisation de renom dans le domaine du débat stratégique en Australie. Dans un article publié le 5 décembre sur leur site The Strategist, Peter Briggs, un ancien sous-marinier et ex-directeur du Submarine Institute of Australia, critique fortement le programme de sous-marins Aukus. Ce programme implique l'achat de sous-marins nucléaires américains d'occasion de type Virginia, ainsi que le développement d'un nouveau sous-marin à propulsion nucléaire en collaboration avec le Royaume-Uni.

Le contre-amiral propose que l'Australie envisage d'acheter au moins 12 sous-marins français de classe Suffren, ce qui pourrait provoquer des réactions à Washington et à Londres. Ces sous-marins sont la nouvelle génération de sous-marins nucléaires d'attaque de la Marine nationale, deux ont déjà été livrés (le Suffren et le Duguay-Trouin) et le troisième, le Tourville, est actuellement en phase de tests à Toulon.

Deux points faibles importants du projet Aukus

Il est important de noter que cette suggestion ne reflète que l'opinion de son auteur et pourrait représenter un changement radical de position si elle était adoptée par le gouvernement australien. En septembre 2021, ce dernier avait annulé un important contrat de 12 sous-marins conventionnels de classe Attack attribué à Naval Group. Ces sous-marins étaient des dérivés à propulsion conventionnelle (diesel-électrique) des SNA de classe Suffren.

Selon Peter Briggs, il y a deux principales faiblesses concernant le programme Aukus. La première concerne la possibilité de moins en moins probable que les États-Unis respectent leur engagement de fournir trois sous-marins nucléaires d'attaque de classe Virginia à l'Australie. En effet, la production de ces sous-marins chez les deux constructeurs américains est ralentie en raison de retards dans la chaîne d'approvisionnement. Cela augmente le risque que, malgré les efforts déployés, la Marine américaine ne soit pas en mesure de réserver des sous-marins Virginia pour les vendre à l'Australie.

Une entreprise critiquée pour ses performances insatisfaisantes

Selon Peter Briggs, une autre faiblesse majeure est l'incertitude concernant la future génération de sous-marins nucléaires australiens, qui devraient être construits en se basant sur un design britannique. L'ancien officier remet en question les capacités du Royaume-Uni à respecter ses engagements et critique sévèrement l'entreprise BAE Systems, responsable de la construction des sous-marins britanniques, qu'il qualifie d'"sous-performante". Il souligne le manque de clarté sur le calendrier du processus de conception britannique et l'absence d'une équipe de conception conjointe. Sans informations sur la réalisation des étapes ou des objectifs fixés, il est probable que le programme SSN-AUKUS, tout comme le programme Astute, sera retardé et que le premier sous-marin de série présentera de nombreux problèmes.

Visiblement inspiré, l'ancien marin soutient que les décisions de conception concernant le prochain sous-marin ne sont pas appropriées. Selon lui, les sous-marins SSN-AUKUS, pesant plus de 10 000 tonnes (contre 5 300 pour les Suffren), seront trop volumineux pour répondre aux besoins de l'Australie. Il estime que leur taille accrue augmentera leur visibilité, leur coût et le nombre de membres d'équipage nécessaires.

Selon Peter Briggs, il est urgent pour Canberra de passer au plan B en optant pour l'achat du Suffren, qui est considéré comme le meilleur candidat. Avec une capacité de 5 300 tonnes, une autonomie de 70 jours et équipé de 24 torpilles ou missiles, quatre tubes lance-torpilles et un équipage de 60 personnes, le Suffren serait plus économique à construire, posséder et équiper que les navires Aukus. Sa conception est polyvalente, axée sur la lutte anti-sous-marine mais capable d'attaquer les navires de surface avec des torpilles à double usage et des missiles anti-navires. De plus, il a la capacité de transporter des missiles de croisière, des mines et des forces spéciales.

Selon l'ancien sous-marinier, il est urgent d'agir. Il estime que le gouvernement australien élu l'année prochaine devrait prendre une décision en 2026 concernant l'adoption du design français pour que les livraisons puissent commencer dès 2038. Il propose de s'appuyer sur l'expérience acquise avec la classe Attack, en intégrant notamment un système de combat américain et en respectant les normes australiennes.

Cependant, Peter Briggs admet que prendre une telle décision serait difficile et complexe, nécessitant un accord industriel à trouver avec la France. Cependant, selon lui, ce ne serait pas aussi difficile et complexe que de poursuivre un programme Aukus qui n'a plus de chance d'être réalisé dans les délais impartis. Cela risque de causer des problèmes à Canberra.

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