Difficultés Société
L'intelligence artificielle de Microsoft est plus performante que jamais et la société met en place des stratégies ambitieuses pour rester en tête de la course.
Grâce à la direction de Satya Nadella, la grande entreprise informatique a investi de manière précoce dans l'intelligence artificielle et la société prometteuse OpenAI. Depuis son siège social à Redmond, Microsoft se prépare pour un avenir prometteur, tout en restant dominant sur le marché.
Des grues et des échafaudages sont encore visibles, mais le nouveau campus de Microsoft à Redmond, dans l'État de Washington, est maintenant opérationnel. Les quatre bâtiments historiques, y compris ceux abritant les bureaux de Bill Gates et Steve Ballmer, ont été démolis. Le fameux Building 3, qui abritait les ressources humaines et où de nombreux employés de Microsoft ont passé leur entretien d'embauche, a également disparu. À leur place, se trouvent désormais 17 bâtiments en bois et en verre qui mettent l'accent sur le design, le bien-être des employés et les énergies renouvelables.
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Dans cet endroit, les déplacements se font à pied, la circulation automobile est gérée sur quatre niveaux souterrains, comprenant le plus grand parking souterrain au monde. Les livraisons se font à travers un réseau de tunnels reliant les bâtiments entre eux. Dès l'année prochaine, un train reliera le quartier général à l'aéroport de Seattle en moins de 30 minutes.
En mars 2024, le campus de Microsoft à Redmond a été entièrement reconstruit pour ressembler à une petite ville du futur. Même les anciens bureaux de Bill Gates et Steve Ballmer ont été démolis. Crédit: Gilles Fontaine
Il y a de nombreuses occasions où Microsoft aurait pu échouer
La petite ville du futur ne représente qu'une petite partie du vaste campus de Microsoft, qui s'étend sur 740 000 mètres carrés et abrite plus de 50 000 employés répartis dans 125 bâtiments. Cela témoigne des grandes ambitions de l'entreprise et de son PDG, Satya Nadella, qui célèbre ses dix ans à la tête de Microsoft.
C'est en 2017 que ce nouveau projet de campus a été initié, dans le but de marquer un nouveau départ par rapport aux actions des dirigeants précédents et de préparer le groupe à affronter de nouveaux concurrents. Selon Steve Bathiche, responsable de la recherche appliquée chez Windows, le paysage concurrentiel a considérablement évolué au cours des dernières décennies. Il y a trente ans, le principal rival était AOL.
De nombreux concurrents de Microsoft ont disparu au fil du temps. En effet, l'entreprise a été perturbée par l'émergence du Web au siècle dernier, affaiblie par les poursuites judiciaires de ses rivaux et dépassée par l'essor des smartphones. Malgré ces défis, Microsoft a réussi à survivre et est désormais un acteur majeur dans le domaine des services de cloud, détenant 24 % du marché mondial. Sa valorisation en Bourse dépasse même celle de son rival de longue date, Apple, et est estimée à plus de 3 000 milliards de dollars.
L'avancée de la technologie de l'intelligence artificielle est entravée par le défi du temps. Microsoft se positionne en leader sur le marché en pleine croissance de l'IA. Satya Nadella et son équipe ont pris une bonne décision en s'associant tôt à OpenAI et son outil Chat-GPT, en investissant 13 milliards de dollars pour aider la société à acquérir les ressources nécessaires pour former son modèle.
Cependant, pour maintenir sa domination, Microsoft doit mettre en place des stratégies importantes. Sur le papier, sa position semble difficile à rattraper. Dans son service cloud Azure, l'entreprise propose environ 1 600 modèles d'intelligence artificielle, y compris Llama, celui de Meta, et celui de Mistral AI, une start-up française en pleine croissance. Selon John Montgomery, vice-président responsable de la plateforme d'IA sur Azure, la concurrence est faible, notamment en ce qui concerne la qualité des modèles proposés. Bien que le dernier modèle de Google soit bon, les autres présentent encore des problèmes de qualité. En termes de fonctionnalités, peu de concurrents peuvent rivaliser avec Microsoft.
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Cela fait maintenant un an que Microsoft a commencé à introduire progressivement l'intelligence artificielle dans ses produits. Divya Kumar, directrice marketing du chatbot Copilot, lancé en septembre dernier, se réjouit du rythme rapide de ces lancements. Depuis mars 2023, avec l'intégration de l'IA dans le moteur de recherche Bing, le groupe a introduit une quinzaine de nouvelles fonctionnalités. La dernière en date est l'ajout d'une touche Copilot sur les claviers des ordinateurs Microsoft.
Les puces Cobalt 100 et Maia sont des outils de chatbot qui offrent une variété de services aux entreprises. Ils peuvent automatiquement générer des fichiers Excel ou des présentations PowerPoint, résumer les réunions en visioconférence Teams, aider les directeurs financiers à finaliser les comptes plus rapidement et à repérer les erreurs, ainsi que soutenir les experts en cybersécurité dans la lutte contre les attaques. Ces services sont utilisés par environ 53 000 clients, dont la moitié des entreprises figurant dans le Fortune 500.
Pour améliorer leurs services basés sur l'intelligence artificielle, Microsoft recherche des ingénieurs talentueux et une grande capacité de calcul. Cependant, la majorité de cette capacité est fournie par des processeurs graphiques, principalement produits par Nvidia. Pour rester compétitifs, les acteurs majeurs de l'intelligence artificielle, tels que Microsoft, envisagent de créer leurs propres puces afin d'optimiser leurs coûts et d'améliorer leurs offres. Ils cherchent à éviter d'être surpassés par Google, qui pourrait bénéficier de modèles entraînés avec davantage de données et de puissance de calcul.
"Il était prévisible et attendu, mais nous avons maintenant un nouvel acteur important dans l'industrie en constante expansion des semi-conducteurs : Microsoft", déclare avec enthousiasme Glenn O'Donnell, vice-président de Forrester Research. Le géant de Redmond a pris des mesures significatives. En octobre dernier, il a ouvert un nouveau bâtiment sur son campus où sont fabriqués et testés les serveurs équipés de ses nouvelles puces d'intelligence artificielle, les Cobalt 100 et Maia.
Un édifice caché
Annoncés en novembre dernier, ces précieux éléments sont créés par les équipes de Microsoft et fabriqués par des entreprises telles que TSMC à Taïwan, Samsung en Corée du Sud ou Intel aux États-Unis. Wes McCullough, vice-président de Microsoft, explique que la société travaille sur des puces depuis longtemps, notamment pour la console de jeux Xbox. McCullough, qui a passé toute sa carrière chez Intel avant de rejoindre Microsoft en 2020, est chargé de piloter le développement de l'entreprise sur le marché des semi-conducteurs.
À quelques centaines de mètres de là, les résidents du bâtiment 87 sont déjà de fervents utilisateurs de ces puces. Inauguré il y a environ dix ans, le centre de développement avancé intègre de plus en plus l'intelligence artificielle dans la conception des produits de la marque. Que ce soit pour la manette de jeu Xbox ou l'ordinateur Surface, tout est testé ici. "Autrefois, ce bâtiment servait de lieu de stockage pour les archives d'une compagnie d'assurance", explique Andrew Hill, vice-président en charge de Surface. "Il n'y a pas de fenêtres, et c'est une bonne chose."
Peu de personnes sont autorisées à visiter cet endroit, et celles qui y entrent ne peuvent pas voir certains espaces cachés derrière de grands rideaux noirs. Ici, les équipes de concepteurs et d'ingénieurs testent et analysent des objets pour améliorer leur interaction avec les humains, en les manipulant, les pliant et les mesurant. Carlos Carrasco, le responsable produit, explique que le positionnement du casque de réalité virtuelle sur la tête, le son des touches sur un clavier, le bruit d'un ordinateur qui se ferme, ou encore la réduction des bruits de fond par le microphone d'un smartphone ou d'un ordinateur sont tous passés au crible par l'intelligence artificielle.
Face à la justice
Le groupe est encore loin d'avoir exploré tout le potentiel de cette technologie révolutionnaire. Il continue à innover avec OpenAI en lançant Sora le 15 février, un modèle qui peut créer des vidéos très réalistes à partir de textes. Bien que la promesse soit audacieuse, l'accès à l'interface est limité à quelques experts sélectionnés. Contrairement à ChatGPT, le grand public ne pourra pas utiliser gratuitement ce modèle, les risques étant trop importants.
Le 6 mars dernier, Shane Jones, un expert en intelligence artificielle travaillant pour Microsoft, a alerté sur les dangers de Copilot Designer. Dans une lettre adressée à la Federal Trade Commission, il a expliqué que cet outil de génération d'images de Microsoft peut être utilisé pour créer des contenus violents ou sexuels. Il a également souligné que Copilot Designer peut générer des contenus préjudiciables liés à d'autres domaines tels que les préjugés politiques, la consommation d'alcool et de drogues chez les mineurs, l'abus des marques et des droits d'auteur des entreprises, les théories du complot et la religion.
Également à prendre en compte, les grandes entreprises de la technologie se réunissent pour soutenir l'Ukraine face à la guerre.
En plus des risques de partialité, il y a des inquiétudes concernant la protection des droits de propriété intellectuelle. Le New York Times poursuit Microsoft et OpenAI, les accusant d'avoir utilisé ses articles sans autorisation pour améliorer leurs modèles. En 2019, Microsoft a nommé Natasha Crampton, juriste, responsable de l'intelligence artificielle responsable.
Elle pense qu'il est important de tester ces systèmes pour en comprendre le fonctionnement. Selon elle, la meilleure méthode d'apprentissage est de pratiquer. A ce stade de l'avancement technologique, il est crucial d'agir avec prudence, mais les gouvernements doivent également prendre des mesures. Cependant, leurs réponses ne vont pas toujours dans le sens de Microsoft. Les régulateurs à Washington et à Bruxelles surveillent de près la montée en puissance du géant de Redmond. Dans cette course effrénée, il serait imprudent de se précipiter.
Un élément supplémentaire essentiel dans les jeux vidéo
Avec des éléments de surprise, de suspense et de rebondissements multiples, l'achat par Microsoft du géant du gaming Activision Blizzard ressemble à un scénario digne d'un jeu vidéo. Le montant de l'acquisition s'élève à 69 milliards de dollars pour obtenir le contrôle de titres tels que Call of Duty, World of Warcraft et Candy Crush. Ce chiffre constitue un record dans l'industrie du jeu vidéo, tout comme la longueur du processus d'acquisition : après avoir été bloqué par l'autorité de la concurrence britannique, l'accord initialement lancé en janvier 2022 a finalement été conclu en octobre de la même année.
Frank Shaw, responsable de la communication chez Microsoft, exprime sa surprise quant à la collaboration avec Nintendo et Sony pour proposer des jeux. Il n'est donc pas surprenant que ce rachat suscite des inquiétudes chez les régulateurs. Après plus de 22 ans depuis le lancement de sa première console Xbox, Microsoft se positionne désormais comme un acteur majeur dans le domaine du gaming.
Le groupe montre un intérêt pour le modèle économique de l'industrie du jeu vidéo qui repose principalement sur les abonnements. De plus, cette activité s'aligne parfaitement avec ses autres secteurs d'activité. Le jeu vidéo nécessite beaucoup de puissance de calcul, ce qui en fait une charge de travail intense idéale pour son cloud Azure. Les données des utilisateurs seront utilisées pour améliorer ses modèles d'IA. En outre, ses prochains jeux devraient être développés en partie avec ces algorithmes, comme Sora, le modèle vidéo d'OpenAI.
La société Microsoft travaille sur le développement de la technologie de l'intelligence artificielle.
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