Défis Société Bien-être
Un nouveau modèle d'Ehpad suscite l'intérêt des parlementaires avec une solution pour un vieillissement en bonne santé sans aucun financement public.
La proposition de loi visant à améliorer la qualité de vie des personnes âgées, qui sera votée ce mercredi 27 mars après un long processus parlementaire, ne mentionne pas clairement comment le financement du secteur en difficulté sera assuré. En parallèle, certains élus se penchent sur une solution innovante pour sauver les Ehpad sans augmenter les dépenses publiques.
Le projet de Florian Roger a suscité l'attention d'environ dix députés, y compris Olivier Faure (PS), Jérôme Guedj (PS), Annie Vidal (Renaissance) et Michèle Peyron (Renaissance).
Est-ce que l'Ehpad est en crise ? Certains le pensent : Orpea, qui a récemment annoncé changer de nom, n'a pas encore réussi à se remettre après avoir été accusé de maltraitance par les Fossoyeurs, – l'enquête de Victor Castanet révélant les abus envers ses résidents et plus récemment, le groupe d'Ehpad privé Médicharme a été placé en liquidation judiciaire. Le secteur traverse une période difficile. Le taux d'occupation des chambres est au plus bas (88 % en 2023), ce qui pourrait indiquer une crise de confiance à long terme.
Alors que le Parlement s'apprête à voter une loi sur le bien vieillir qui ne rassure pas tout le monde, peut-on encore croire en l'avenir des Ehpad malgré les critiques ? C'est ce que soutient Florian Roger, directeur de deux établissements pour personnes âgées en Île-de-France.
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Après avoir suivi une formation en génie, il a élaboré son propre plan de redressement et a transformé sa maison de retraite Mélod'hier, située en Seine-et-Marne (77), en un établissement modèle pour expérimenter un mode de fonctionnement innovant. Ce processus en deux étapes, qualifié de "cercle vertueux", pourrait aider les Ehpad à améliorer leur situation financière sans avoir un impact négatif sur les finances publiques. Cela intervient alors que le déficit de la Sécurité sociale a récemment dépassé de plus de deux milliards d'euros les prévisions gouvernementales. Il est donc difficile de concrétiser le concept de "l'Ehpad de demain" qui fait tant rêver.
Praticiens de la réflexologie, masseurs, sophrologues… la médecine intégrative au centre du projet
Une solution sans coût pour les finances publiques ? Vraiment ? Comment Florian Roger compte-t-il s'y prendre ? Tout d'abord, en plaçant un médecin devant chaque établissement. Selon un rapport de la Cour des comptes, un tiers des maisons de retraite n'ont pas de médecin coordinateur. Et même lorsque c'est le cas, une présence accrue de celui-ci est nécessaire, explique Florian Roger.
Le montant initial de l'investissement est de 100 000 euros, qui peuvent être pris en charge par le dispositif d'expérimentation de la Sécurité sociale. Il inclut également la promotion d'une approche de médecine intégrative, également appelée "douce", avec des praticiens en réflexologie, des masseurs ou des sophrologues. En combinant ces deux éléments, il serait possible de réduire le nombre d'hospitalisations, car beaucoup d'entre elles sont également liées à des interactions médicamenteuses, selon l'entrepreneur.
Les résultats de l'étude menée il y a seulement trois ans sont très positifs. Selon Florian Roger, sur les 87 résidents étudiés, ils ont passé 600 jours de moins aux urgences ou à l'hôpital, ce qui a permis d'économiser près de 900 000 euros pour l'Assurance Maladie. Cela a également entraîné une baisse de 40% des transports sanitaires, ce qui a permis d'économiser environ 40 000 euros, et une diminution de 25% de la consommation de médicaments, évitant ainsi à la CPAM des coûts supplémentaires de 33 000 euros.
Après un an, les autorités publiques interviennent pour transformer les économies allouées à la CPAM en financement pour les maisons de retraite. Ce retour sur investissement permettra d'assurer la présence d'un médecin et de thérapeutes bien-être du lundi au samedi, avec 100 000 euros réinjectés dans chaque établissement.
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En outre, 350 000 euros seront utilisés pour augmenter le nombre de personnel soignant afin d'avoir un(e) aide-soignant(e) pour six résidents, comme c'est le cas dans l'Ehpad La Mélod'hier. De plus, une somme équivalente sera allouée à une augmentation de 350 euros brut par mois pour les soignants. Enfin, la Sécurité sociale récupérera son prêt initial de 100 000 euros.
Grâce à une rémunération plus attrayante, Florian n'a eu aucun mal à trouver des professionnels de santé pour son centre, malgré le manque de praticiens dans la région. Il a même été surpris par la qualité des candidatures qu'il a reçues et a pu les garder pour l'ouverture de son centre de santé en avril. La solution 3 en 1 vise à résoudre le problème des zones sans professionnels de santé en créant des "maisons de santé" associées à l'Ehpad mais ouvertes au public, afin de désengorger les services d'urgences. Selon la Cour des comptes, la croissance de l'activité des services d'urgences est en grande partie due à l'augmentation des passages non suivis d'hospitalisation (+5 % par an en 2014 et 2015, +2,5 % en 2016). En évitant ces passages, il serait possible d'économiser environ "2 millions d'euros" pour la CPAM, selon l'entrepreneur.
Florian Roger a suscité l'intérêt de plusieurs députés, notamment Olivier Faure, Jérôme Guedj, Annie Vidal et Michèle Peyron, pour son projet. La présidente de la Commission des Affaires sociales, Fadila Khattabi, a prévu une visite de la Mélod'hier en juin prochain à la demande de Michèle Peyron.
L'étude, qui sera menée dans 6 autres établissements pour personnes âgées cette année, est vue comme une opportunité importante. En effet, la transformation des économies de la CPAM en ressources exclusivement dédiées à l'Ehpad nécessitera une démonstration solide de son efficacité. C'est ce qu'analyse Jean-Christophe Briant, spécialiste consultant dans le domaine du vieillissement.
Cependant, de nos jours, les maisons de retraite font face à un défi sociologique. Une grande partie des résidents actuels ne sera pas représentée dans la population future. Environ 75 % des résidents sont des femmes, qui ont souvent perdu leur autonomie après la perte de leur mari, même si elles auraient pu rester à domicile en étant autonomes sur le plan cognitif. Dans le futur, il se peut que nous ne soyons plus disposés à cohabiter avec des personnes souffrant de troubles cognitifs, même si elles ont besoin de soins médicalisés renforcés. La génération du baby-boom va changer notre perception de l'autonomie, affirme Jean-Christophe Briant. Il semble inévitable que la transition vers une approche "hors les murs", adoptée par des grands groupes comme Korian ou Arpavie, se fasse.
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