Les petits lanceurs spatiaux français défient les défis de l’entreprise aéronautique

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Latitude, HyprSpace, Sirius et MaiaSpace sont quatre entreprises françaises spécialisées dans le développement de petits lanceurs spatiaux. Ces sociétés sont souvent comparées aux célèbres mousquetaires français en raison de leur expertise et de leur contribution à l'industrie spatiale.

En visite en Guyane, Emmanuel Macron va présenter des contrats de lancement accordés par le CNES à quatre jeunes entreprises françaises du secteur spatial : Latitude, HyprSpace, Sirius et MaiaSpace. Ce soutien financier, qui s'inspire du modèle de la Nasa, est une première en France.

MaiaSpace fait partie des jeunes entreprises choisies par le CNES pour recevoir des contrats de lancement d'une valeur de 400 millions d'euros. Les autres start-up sélectionnées sont Latitude, Sirius et HyprSpace.

Un nouveau tournant se dessine. Jusqu'à présent, l'État français était connu pour être un grand pourvoyeur de subventions aux start-up du secteur spatial, avec des dizaines de millions d'euros alloués au développement de petits lanceurs nationaux dans le cadre du plan France 2030. Désormais, une nouvelle approche du soutien public au New Space français se profile : l'État devient un client qui achète des services de lancement, plutôt que de financer la recherche et le développement. Lors de sa visite en Guyane les 25 et 26 mars, Emmanuel Macron va annoncer que le CNES, l'agence spatiale française, a choisi quatre start-up spécialisées dans les micro et mini-lanceurs spatiaux pour des contrats de lancement prévus entre 2025 et 2028.

Quatre entreprises, Latitude, HyprSpace, Sirius et MaiaSpace, se verront attribuer des contrats pour un montant total estimé à 400 millions d’euros, provenant du plan France 2030. Selon l'Elysée lors d'une réunion le 24 mars, ces vols sont les premiers achetés. Les charges utiles à mettre en orbite ne sont pas encore déterminées, mais elles devraient avoir une valeur modeste en raison du risque élevé d'échec lors des premiers tirs. Il s'agit de vols de test, donc les satellites les plus importants ne seront probablement pas utilisés. Latitude précise que le lancement acheté par l'Etat sera son deuxième vol, le premier étant destiné à des tests.

Depuis 15 ans, la Nasa a adopté une nouvelle stratégie consistant à organiser des concours de lancements plutôt que de subventionner la recherche et le développement. Cette approche a été récemment suivie par la France, qui a décidé d'acheter des lancements au lieu de financer le développement de nouvelles fusées. Cette décision offre une visibilité aux entreprises du secteur spatial et rassure les investisseurs privés quant au soutien public. Le PDG de Latitude, Stanislas Maximin, se félicite de cette évolution qui permet à l'Etat de soutenir l'industrie spatiale de manière plus efficace.

Sauf pour le développement de la fusée SLS pour les missions lunaires du programme Artemis, la Nasa a lancé de nombreux appels d'offres aux entreprises privées depuis les années 2000. Le premier contrat, appelé COTS (Commercial Orbital Transportation Services), a été initié en 2006. Il consistait à acheter des lancements de cargaisons vers la Station spatiale internationale à des entreprises privées. Cette compétition a permis à SpaceX, en partenariat avec Orbital Sciences, de développer le lanceur Falcon 9 et la capsule Dragon.

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Depuis lors, la norme est de passer par des appels d'offres : concurrence pour le transport des astronautes américains vers l'ISS (gagné par SpaceX et Boeing) ; appel d'offres pour le module d'atterrissage des missions Artemis (remporté par le Starship de SpaceX, avec Blue Moon de Blue Origin sélectionné comme deuxième option par la NASA) ; concurrence pour les futures stations spatiales commerciales (gagnée par Nanoracks, Blue Origin et Northrop Grumman).

Lors du dernier sommet de l'Agence spatiale européenne (ESA) à Séville en novembre 2023, il a été décidé d'organiser des compétitions entre acteurs privés. Une compétition pour la fourniture de capsules de fret destinées à ravitailler l'ISS est prévue pour 2025, avec pour objectif les premiers lancements en 2028. De plus, l'ESA lancera l'année prochaine le "European Launcher Challenge", une compétition entre petits lanceurs européens. Les gagnants pourront remporter des contrats allant jusqu'à 150 millions d'euros. Paris a pris de l'avance en répondant à cet appel d'offres européen.

En avance sur un futur appel d'offres européen, la France lance sa propre compétition nationale, investissant des ressources importantes (environ 100 millions d'euros par gagnant) pour préparer ses acteurs locaux. Cette décision est assumée par le gouvernement français, qui cherche à anticiper la compétition à l'échelle européenne. D'autres pays européens, comme l'Allemagne avec son agence spatiale DLR, ont déjà pris des initiatives similaires en organisant des compétitions internes.

L'accélération de la France dans ce domaine s'inscrit dans la continuité du discours très agressif tenu par Emmanuel Macron en décembre dernier lors d'une étape importante du plan France 2030 à Toulouse. Le président a souligné l'importance de l'unité européenne pour garantir la souveraineté du continent, malgré certains partenaires historiques devenus des concurrents. En réponse, la France a décidé d'accélérer ses efforts pour renforcer son engagement européen.

"Nous renforcerons notre position en regroupant les forces autour de nous"

Malgré sa désapprobation des tendances nationalistes, Emmanuel Macron a clairement transmis son message aux partenaires européens. Il a déclaré : "Je vous assure d'une chose : nous allons nous battre, nous serons les meilleurs, et nous renforcerons notre position en regroupant les forces autour de nous, que ce soit dans le domaine des lanceurs ou des constellations de satellites." Le choix des quatre jeunes entreprises françaises est le premier signe de cette offensive majeure.

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