Les émetteurs de titres restaurants : un système de racket institutionnalisé selon Xavier Denamur

Obstacles Société

Selon Xavier Denamur, les entreprises qui émettent des titres restaurants sont nuisibles pour l'économie. C'est ce qu'il déclare lors d'une interview avec Jean-François Arnaud. Cette déclaration a été faite le 4 octobre 2023 à 07h00. Il faut environ 3 minutes pour lire cet article.

Entretien – Xavier Denamur, comme 25% des restaurateurs français, a décidé en 2019 de ne plus accepter les paiements par titres restaurants dans ses établissements. Selon lui, les sociétés émettrices prélèvent des commissions injustifiées et n'offrent aucun avantage significatif aux salariés. Il préconise donc que les employeurs arrêtent de distribuer des titres restaurants et qu'ils versent plutôt une prime repas, soumise aux charges sociales et aux impôts.

Xavier Denamur dénonce les titres restaurants comme étant un système de racket institutionnalisé.

Xavier Denamur, qui possède et gère quatre restaurants à Paris (Les Philosophes, La Chaise au Plafond, le Fer à Cheval, La Belle Hortense), a décidé de faire grève illimitée des titres restaurants il y a plus de quatre ans. Il proteste contre les commissions imposées par les sociétés émettrices telles qu'Edenred et Sodexo et demande à ces entreprises de lui rembourser les sommes qu'elles ont injustement perçues pendant des années, avant que l'Autorité de la Concurrence ne les condamne et leur inflige une amende historique de 415 millions d'euros pour entente illégale.

Êtes-vous content de l'annonce de la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, concernant le remplacement des titres restaurants par des versions dématérialisées? De plus, êtes-vous impatient de connaître les résultats de la prochaine enquête menée par l'Autorité de la Concurrence sur ce sujet?

Je tiens à exprimer ma gratitude envers la ministre pour sa prise de conscience du problème des frais prélevés par les émetteurs de titres restaurant, mais il est regrettable qu'elle ne se soit pas intéressée à ce problème plus tôt. Depuis plus de quatre ans, je rejette ce modèle qui a un coût exorbitant pour les finances publiques et qui représente une véritable extorsion pour les restaurateurs français. Il est important de rappeler les faits : en 2019, l'Autorité de la concurrence a condamné Edenred France, Up, Natixis Intertitres, Sodexo Pass France et la Centrale de Règlement des Titres (CRT) à une amende de 415 millions d'euros pour entente illégale.

Suite à cette condamnation, les propriétaires de restaurants ont le droit de demander une compensation financière aux émetteurs de titres pour les dommages subis. En ce qui me concerne, j'ai calculé que l'on me doit 50 000 euros. Cependant, nous devons encore attendre une décision de la Cour d'appel concernant le jugement de l'Autorité de la concurrence. Les grandes entreprises savent parfaitement que le temps est en leur faveur, car de nombreux restaurants qui ont été lésés ont fermé pendant et après la pandémie de Covid-19 et ne réclameront jamais leur compensation financière.

Le gouvernement refuse de mettre fin au système des titres restaurants car il considère que les Français y sont fortement attachés.

Les Français apprécient l'idée d'une prime de repas, mais il est important de ne pas les prendre pour des personnes naïves. Ils ne sont pas spécialement intéressés par l'utilisation de fausse monnaie. Si on leur offrait une prime de repas, qui serait soumise à des cotisations sociales, cela leur permettrait de contribuer à leur protection sociale, familiale, vieillesse et accidents du travail, ce qui les satisferait davantage. De plus, il est injuste que les tickets restaurants ne soient pas soumis à l'impôt sur le revenu, car cela ne bénéficie pas aux personnes à faibles revenus qui ne paient pas d'impôts, alors que cela représente une autre niche fiscale accordée d'emblée à ceux qui gagnent davantage.

Ce qui vous dérange, c'est que le fonctionnement du système des tickets restaurants repose principalement sur les frais prélevés aux restaurateurs ?

Le problème est très sérieux. La stratégie fiscale et sociale mise en place par Jacques Borel dans les années 60 a été corrompue et soutient artificiellement, avec l'argent public, des groupes financiers qui réalisent des bénéfices distribués à leurs actionnaires. Il est impératif de mettre fin à ce processus anti-libéral. Cela relève du parasitisme économique. En permettant l'utilisation de ces tickets restaurants dans les supermarchés, on en a complètement vidé le sens initial. Ce ne sont plus des bons permettant de payer les repas pendant les heures de travail. C'est un modèle économique qui encourage une forme de racket institutionnalisé, ces entreprises "profitent du système", c'est une intermédiation inutile et même très préjudiciable pour les restaurants.

Les entreprises Edenred et Sodexo sont mentionnées dans le texte.

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