Défis Société Bien-être
"L'obésité est une condition médicale sérieuse et persistante qui nécessite une détection et un traitement généralisés."
Entretien – Spécialiste de la chirurgie de l'obésité à l'Hôpital privé Geoffroy Saint-Hilaire à Paris, faisant partie de l'Académie nationale de chirurgie et vice-président en charge de la prévention du groupe Pasteur Mutualité, le docteur Guillaume Pourcher vient de sortir son livre "L'obésité, maladie actuelle – Pas une erreur, ni une fatalité !" aux éditions XO.
Les raisons pour lesquelles l'obésité est considérée comme une maladie majeure de notre époque sont multiples. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), au moins 2,8 millions de personnes meurent chaque année en raison de leur surpoids ou de leur obésité. En 2022, on estimait à 2,5 milliards le nombre d'adultes en surpoids, parmi lesquels 890 millions étaient obèses. En seulement 40 ans, le nombre de cas d'obésité chez les enfants et les adolescents a été multiplié par 10. En 1990, seuls 2 % des jeunes âgés de 5 à 19 ans étaient obèses, soit 31 millions de personnes ; en 2022, ce chiffre est passé à 8 %, soit 160 millions. De plus, environ 37 millions d'enfants de moins de 5 ans sont en surpoids. En France, il est prévu que le taux d'obésité dépasse les 25 % d'ici 2030 et les 30 % d'ici 2050.
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L'obésité est une maladie grave et chronique qui peut avoir des conséquences graves sur la vie des personnes qui en souffrent. La "malbouffe" peut aggraver la maladie, mais elle n'en est pas la seule cause. Les causes de l'obésité sont diverses, notamment génétiques, hormonales, psychologiques et liées au mode de vie. Il est important de ne pas confondre la malbouffe avec les véritables causes de l'obésité.
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Les campagnes d'information publique et les outils comme le Nutri-Score peuvent être utiles, mais ils ne résolvent pas complètement le problème. En ciblant des facteurs tels que la sédentarité ou le manque d'activité physique, on ne s'attaque pas aux véritables causes de la maladie. Il est important de comprendre comment la maladie se transmet, notamment à travers des facteurs épigénétiques ou microbiotiques qui peuvent être transmis aux générations suivantes. Il est essentiel de dépister et de traiter la maladie, car la plupart des malades ne reçoivent pas de soins. Le dépistage est relativement simple, en calculant l'IMC d'une personne pour déterminer si elle est en surpoids, obèse ou nécessite une consultation spécialisée.
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Quel est l'impact financier de l'obésité ?
D'après une étude menée en 2022 par le cabinet Asterès, l'obésité et ses conséquences représentent un coût de 10,6 milliards d'euros. Ce montant inclut les dépenses liées aux hospitalisations pour traiter l'obésité (2 %) et en particulier la chirurgie de l'obésité, ainsi que les complications de cette maladie (98 %) telles que les maladies cardiovasculaires, métaboliques, respiratoires, et les cancers. Ces frais sont répartis entre l'Assurance Maladie (79 %), les organismes complémentaires (13 %) et les entreprises (9 %). Pour améliorer la détection et le traitement de cette maladie, il est envisageable d'explorer de nouvelles sources de financement, comme des taxes sur les édulcorants (connus pour leur caractère cancérigène), le sucre, le sel, les conservateurs ou certains acides gras saturés utilisés en excès par les industriels, et reconnus comme des facteurs aggravants.
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Plutôt que de se tourner vers les régimes miracles, est-ce que les nouveaux médicaments pourraient être la solution ?
Les régimes sont plus que simplement inefficaces, ils peuvent être nocifs en créant un stress sur le corps. Cela peut entraîner une prise de poids et un stockage de graisse, car le corps réagit en se mettant en mode de réserve. Selon moi et mon équipe, il est préférable de promouvoir une alimentation saine, équilibrée, variée, consommée à des heures régulières et en petite quantité. Il est également recommandé de privilégier des aliments non transformés et de qualité, tout en ne négligeant pas le plaisir de manger. Les nouveaux médicaments peuvent être bénéfiques, mais ils ne conviennent pas à tous les patients (par exemple, ils sont contre-indiqués pour les personnes de plus de 65 ans) et peuvent avoir des effets secondaires. Pour les cas d'obésité les plus graves, la chirurgie (comme l'anneau gastrique, la sleeve ou le bypass) est souvent la seule option efficace, réduisant la mortalité de 60 % sur 7 ans. Peu de médicaments peuvent se vanter de tels résultats. Malgré la crainte associée à la chirurgie, celle-ci est bien maîtrisée en France et est souvent pratiquée en ambulatoire dans mon service. Il est important de souligner que la prise en charge de l'obésité ne se résume pas à l'intervention chirurgicale, mais nécessite un suivi pluridisciplinaire (psychologique, nutritionnel, etc.) avant et après l'opération.
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