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Les algues sont considérées comme une nouvelle source précieuse de richesse, similaire à l'or vert. Cela a été souligné par Dominique Leglu dans son article publié le 19 octobre 2023 à 12h00.
OPINION – Et si les algues, souvent détestées car elles nous rappellent les marées d'ulves qui finissent par se décomposer sur les plages de l'Atlantique, redevenaient populaires auprès de tout le monde ? Il semble que le moment soit venu de parier sur cette nouvelle ressource verte, qui a de nombreuses utilisations, allant de l'alimentation à l'emballage, de l'agriculture aux produits pharmaceutiques.
Comment changer le nom des algues afin de redorer leur image
Il y a actuellement une petite vague d'intérêt en faveur des algues, qui pourrait se transformer en un véritable raz-de-marée. Stefan Kraan, un scientifique néerlandais devenu entrepreneur, suggère de les appeler "fleurs de la mer" afin de changer leur mauvaise réputation. Il est temps de miser sur cette nouvelle ressource verte, qui a de multiples applications, de l'alimentation à l'emballage, en passant par l'agriculture et les produits pharmaceutiques.
Comme une cinquantaine d'intervenants du monde entier, y compris la directrice de la politique maritime et de l'économie bleue de la Commission européenne, Kraan a assisté au "1er sommet européen de sensibilisation aux algues", qui s'est déroulé pendant trois jours au début d'octobre à la Maison de l'Océan à Paris. On n'oblige personne à retenir l'expression gaélique savoureuse de "blahin na mara vanina", qui fait référence aux fleurs dans l'océan… L'enjeu actuel est de faire sortir cette mariculture de son invisibilité, du moins en France, qui ne représente que 0,1% de la production mondiale. Il est important de noter que la plateforme européenne EU4Algae compte déjà plus de 840 acteurs dans ce secteur, qu'ils soient situés dans l'UE ou en dehors.
Le sujet des algues est d'une grande importance d'un point de vue scientifique. Si les forêts sous-marines venaient à disparaître, cela aurait des conséquences catastrophiques sur le climat. En effet, certaines espèces d'algues peuvent absorber le CO2 jusqu'à cinq fois plus rapidement que les plantes terrestres. Les scientifiques français sont particulièrement en pointe dans ce domaine et Philippe Potin, un biologiste marin de renom et responsable scientifique de la première coalition mondiale sur les algues, la "Safe seaweed coalition" basée à la station biologique de Roscoff (CNRS, Sorbonne Université), n'hésite pas à rappeler au grand public l'importance écologique cruciale de ces plantes. Il affirme que les grandes algues brunes sont des éléments clés des écosystèmes marins, formant de véritables oasis sous-marines.
Découvrez également Zalg, une initiative pour rendre la consommation d'algues plus accessible à tous.
Il est encourageant de constater qu'autour de Roscoff, un nouvel écosystème de start-up est en train d'émerger grâce à l'incubateur Emergys Bretagne. Certaines de ces start-up, comme Maari, fondée par Emeline Creis et Bertrand Jacquemin, se concentrent sur l'utilisation des algues. En tant que chercheurs à l'origine, ces deux entrepreneurs ont réalisé que le développement dans des domaines tels que les cosmétiques et l'agroalimentaire ne peut pas simplement se baser sur la collecte de ressources naturelles. Leur objectif est donc de sélectionner les meilleures variétés d'algues et de garantir la durabilité de cette ressource qu'ils fourniront aux fermes aquacoles. Il reste encore beaucoup à apprendre sur la culture des algues des côtes françaises.
Comment transformer une crise en opportunité?
Le problème est que ces crises nous rappellent inévitablement les marées d'algues vertes qui pourrissent dans les baies ou sur les plages de l'Atlantique. Les gaz malodorants repoussent les baigneurs et font craindre l'empoisonnement des promeneurs. Comment peut-on transformer une crise en opportunité? En Asie, notamment en Chine, où il y a des millions de kilomètres carrés de fermes marines, on récupère désormais les algues qui seraient autrement dégradées. L'objectif est de les recycler pour extraire les éléments chimiques réutilisables qu'elles captent, en particulier les phosphates.
Lors de la réunion en octobre, Vincent Doumeizel, qui dirige le département agro-alimentaire à la Fondation Lloyd's Register et est l'auteur du livre intitulé "La révolution des algues", a souligné un fait intéressant : chaque année dans l'Union européenne, 5 millions de tonnes d'azote sont déversées et perdues dans les océans. Cela entraîne l'eutrophisation des écosystèmes. Il est donc primordial de réduire cette forme de pollution. En attendant d'atteindre cet objectif, il serait judicieux de mettre en place un système de récolte efficace pour éviter que ces déchets ne se dégradent, d'autant plus que cela pourrait être rentable.
Est-ce que les fleurs de mer pourraient enfin séduire les Français dans leurs assiettes? Les amateurs de cuisine japonaise en ont déjà fait l'expérience avec des algues comme le wakamé, le kombu ou le nori. Il reste maintenant à les adapter à la cuisine française. Certains chefs, comme Julie Desnoulez, qui a publié un livre l'année dernière avec 60 recettes gourmandes et des idées pour faire le plein d'énergie, se lancent dans cette nouvelle cuisine. On approuve lorsqu'elle répète, comme aux enfants, qu'il faut goûter avant de dire "je n'aime pas". Elle assure, mais cela reste à vérifier, que pour la cuisine de tous les jours, c'est plus simple que les carottes râpées… Ce qu'il faut retenir, dans la quête d'une alimentation de qualité, c'est que ces plantes sont riches en protéines. Le haricot de mer, qui est plein de magnésium et d'oméga 3, n'est-il pas surnommé l'algue du sportif? Après avoir testé le nori du restaurant-take away Combo, dont le jeune fondateur Armand Lasseur veut rendre les algues "sexy", on y a trouvé un goût qui donne envie d'y revenir.
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