Les actionnaires approuvent la scission du groupe Vivendi: un tournant pour son avenir et son développement international

Les actionnaires du groupe Vivendi ont officiellement approuvé la scission de l'entreprise lors d'une importante assemblée générale le 9 décembre. Cette décision vise à valoriser davantage les actifs en les cotant séparément en Bourse, et à faciliter la croissance de l'entreprise à l'échelle internationale.

Lundi dernier, Yannick Bolloré a ouvert la réunion générale du groupe aux Folies Bergère avec une ambiance festive. Le tribunal de commerce de Paris a rejeté la demande du fonds Ciam d'annuler l'AG. Les deux fondatrices de la société de gestion ont été condamnées à une amende de 100 000 euros, ce qui a été une petite victoire pour le président du conseil de surveillance de Vivendi. Malgré cela, la réunion avec les actionnaires était cruciale pour l'avenir du groupe. Yannick Bolloré devait présenter son projet de scission, qui a été approuvé à l'unanimité par les actionnaires après avoir été examiné par l'autorité des marchés financiers français.

Stratégie de défense contre les offres publiques d'achat

Déjà validé par le conseil d'administration, ce plan consiste à réorganiser la structure des actions de Vivendi au sein de quatre entités cotées à partir du 16 décembre. Canal+ sera introduit en Bourse à Londres grâce à un processus de transfert partiel d'actifs. Chaque actionnaire de Vivendi recevra une action de Canal+ lors de son introduction au London Stock Exchange. Havas, quant à elle, sera cotée à la bourse d'Amsterdam. Les actions de cette agence de communication seront distribuées à tous les actionnaires actuels de Vivendi selon un processus similaire. De plus, Havas sera protégée par une stichting, une fondation de droit néerlandais qui empêchera toute tentative d'OPA hostile. Enfin, Louis Hachette Group et le portefeuille d'investissement de Vivendi, comprenant ses participations chez Universal Music Group, Mediaset et Telecom Italia, resteront cotés à Paris.

Pourquoi l'empire se divise-t-il ? Yannick Bolloré justifie cela en expliquant que malgré de bons résultats, l'action de Vivendi ne se porte pas bien. La réorganisation des actions vise à corriger la sous-évaluation du titre en Bourse en tant que conglomérat. En novembre, la valorisation de Vivendi était d'environ 9 milliards d'euros, ce qui ne reflète pas ses performances financières. Selon Vivendi, la valeur totale des actifs devrait atteindre près de 17 milliards d'euros. Cette sous-évaluation entrave le développement des activités du groupe, selon son président.

La décision de scission des entreprises du groupe Bolloré a été critiquée par des actionnaires minoritaires qui pensent que cette opération vise simplement à renforcer le contrôle de la holding Bolloré SE sur ses différentes entités. Après la scission, Bolloré SE détiendra un peu plus de 30 % des actions de Canal+, Havas et Hachette. En France, la famille Bolloré n'aurait pas pu dépasser ce seuil sans devoir lancer une offre publique d'achat. De plus, les cotations à l'étranger de nombreuses activités suscitent des interrogations. Le PDG de Vivendi justifie le choix d'Amsterdam pour Havas en invoquant des craintes d'OPA hostile de la part de certains clients et talents de l'entreprise.

Cependant, la décision de Canal+ de quitter Londres suscite le plus de doutes, car la direction de la chaîne payante vient d'annoncer qu'elle se retirera bientôt de la TNT. Le dynamique patron de Canal+, Maxime Saada, connu pour son franc-parler, menaçait depuis un certain temps de renoncer à sa licence afin de ne plus contribuer au financement du cinéma français. En réalité, le modèle économique de la chaîne est en train de changer. En passant d'un modèle de chaîne payante linéaire à une plateforme de streaming regroupant les contenus de grands partenaires comme Apple ou Disney, Canal+ ne remplit plus les critères pour bénéficier du régime fiscal réservé aux chaînes de la TNT, avec une TVA réduite à 10 %. C'est du moins ce que pense le ministère des Finances. Impliqué depuis plusieurs années dans un conflit avec la filiale de Vivendi, le fisc menace désormais de sanctionner l'entreprise d'une amende pouvant atteindre 650 millions d'euros. C'est un très mauvais signe, surtout à l'approche de l'entrée en Bourse à Londres. Avec une TVA à 20 %, le modèle économique de Canal+ est sérieusement compromis.

Ouverture vers l'international

En s'introduisant en bourse à Londres, la chaîne cherche à accéder à un marché moins liquide mais aussi moins réglementé. Selon Vivendi, cette démarche vise principalement à élargir la base d'investisseurs de Canal+ afin de se développer à l'échelle internationale. Cependant, la loi de 1986 sur la liberté de communication limite à 20 % la participation des actionnaires non européens dans une entreprise éditant une publication en français. Certains observateurs soulignent que Canal+ a bénéficié d'un environnement protégé par les autorités publiques. Ils critiquent ainsi le paradoxe de Vincent Bolloré qui prône le patriotisme sur CNews tout en transférant son groupe à Londres.

En réalité, l'avenir de la chaîne cryptée est maintenant axé sur le marché international. Le choix du Royaume-Uni permet d'accélérer l'introduction en bourse à Londres et à Johannesburg, en Afrique du Sud, où Vivendi est en train d'acquérir le groupe MultiChoice, augmentant ainsi son nombre d'abonnés de 25 à 42 millions. Le retour de Canal+ en Bourse facilitera de nouvelles acquisitions en utilisant des échanges d'actions. La croissance est devenue cruciale pour la chaîne cryptée et sa plateforme MyCanal qui doit rivaliser avec les géants américains du streaming. La taille est un élément clé dans ce domaine. En France, le groupe se sent de plus en plus restreint et les tensions augmentent avec les acteurs de l'industrie et les autorités.

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