Difficultés Société Industrie aéronautique
Contrefaçon de pièces d'avions : le scandale qui ébranle l'industrie aéronautique internationale. Par Vincent Lamigeon, publié le 22 septembre 2023 à 17h27. Durée de lecture : 4 minutes. Réservé aux abonnés.
Une entreprise britannique, AOG Technics, est accusée d'avoir modifié les certificats de pièces de moteurs CFM56, le moteur fabriqué par Safran et GE qui est installé sur les avions 737 et A320. Jusqu'à présent, environ une centaine de moteurs ont été découverts, mais l'impact sur la flotte mondiale pourrait être beaucoup plus important.
Le moteur CFM56, fabriqué par CFM (une entreprise conjointe entre Safran et GE), aurait été affecté par la falsification de documents de certification de pièces par la société britannique AOG Technics. Le moteur CFM56 est connu pour être le moteur le plus vendu de tous les temps.
L'industrie aéronautique mondiale est confrontée à une possible crise alors que des centaines de moteurs d'A320 et de 737 pourraient devoir être retirés et inspectés à la recherche de pièces non conformes. Cette situation découle de l'affaire récente impliquant la société britannique AOG Technics. Depuis le début du mois de septembre, cette entreprise est soupçonnée d'avoir falsifié les documents de certification des pièces du moteur CFM56, fabriqué par CFM, une coentreprise entre Safran et GE, et utilisé sur les avions Boeing 737 et certains Airbus A320. En d'autres termes, AOG Technics aurait altéré les documents de traçabilité des pièces avant de les revendre à différents ateliers de maintenance. Les certificats de ces pièces semblent avoir été falsifiés pour qu'ils ressemblent à ceux de CFM.
On se demande combien de moteurs et donc combien d'avions contiennent ces pièces frauduleuses. Le PDG de Safran, Olivier Andriès, a déclaré lors de sa rencontre avec l'Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace (AJPAE) le 22 septembre que jusqu'à présent, environ 96 moteurs ont été identifiés comme contenant des pièces d'AOG Technics. United Airlines, Southwest et d'autres compagnies sont concernées.
Est-ce que des centaines de moteurs d'avions A320 et 737 vont devoir être retirés et inspectés afin de rechercher des pièces non conformes ? C'est une menace qui pèse sur l'industrie aéronautique mondiale, trois semaines après le début de l'affaire AOG Technics. Cette entreprise britannique est suspectée, depuis le début du mois de septembre, d'avoir falsifié les certificats de pièces de moteurs CFM56, le moteur de CFM qui équipe les avions 737 de Boeing et une partie des A320 d'Airbus. En d'autres termes, elle aurait altéré les documents qui garantissent la traçabilité des pièces avant de les vendre à divers ateliers de maintenance. Les certificats de ces pièces semblent avoir été falsifiés pour qu'ils ressemblent à ceux de CFM.
Beaune, une ville française, souhaite mettre en place un prix minimum pour les billets d'avion en Europe dans le secteur du transport.
On se demande combien de moteurs, et donc d'avions, contiennent ces pièces frauduleuses. Selon Olivier Andriès, le directeur de Safran, jusqu'à présent, 96 moteurs ont été identifiés comme contenant des pièces d'AOG Technics. Il a fait cette déclaration lors d'une réunion avec l'Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace (AJPAE) le 22 septembre. United Airlines, Southwest et Virgin Australia ont déjà trouvé des pièces d'AOG dans certains avions de leur flotte. Cependant, Olivier Andriès a admis qu'il n'avait aucune idée du nombre final de moteurs concernés. Il a souligné que le marché des pièces détachées est ouvert et qu'avant cette affaire, ils ne connaissaient pas AOG Technics.
La recherche des pièces frauduleuses s'annonce difficile car il y a eu 34 000 moteurs CFM56 vendus dans le monde, ce qui en fait le réacteur le plus vendu de tous les temps. Les avocats de Safran, GE et CFM ont mentionné lors d'une audience devant un tribunal britannique le 20 septembre qu'il y avait "plusieurs milliers de pièces" concernées. Parmi ces pièces, il y a des vannes de compresseur haute pression et des pales de turbines. On ne sait pas encore si ces pièces sont défectueuses, contrefaites ou si le problème concerne leurs certificats falsifiés.
Il y a tout de même quelques bonnes nouvelles à tirer de cette affaire confuse. Tout d'abord, le tribunal de Londres a ordonné à AOG de divulguer toutes ses transactions liées aux moteurs CFM56 dans les 14 jours, ce qui devrait faciliter les recherches. De plus, les faux certificats ne semblent pas concerner des pièces essentielles pour la sécurité des vols (connues sous le nom de "pièces à durée de vie limitée" dans le domaine de l'aéronautique), comme l'a souligné Olivier Andriès. "À ma connaissance, il n'y a pas encore d'identification de l'ensemble des pièces à durée de vie limitée, qui sont les plus critiques", a déclaré le PDG de Safran le 22 septembre.
Il est intéressant de se pencher sur les raisons de l'augmentation des incivilités à bord des avions.
Ce n'est pas la première fois que des pièces suspectées d'être non approuvées sont découvertes avec des certificats falsifiés. D'autres sociétés, telles que Sofly Aviation Services ou Secure Air Parts aux États-Unis, ont déjà été accusées par les régulateurs de l'aviation (FAA, EASA) ces dernières années. Cependant, l'affaire AOG Technics est remarquable en raison de son ampleur et du fait qu'elle concerne le CFM 56, qui est un bestseller. Cela met en évidence une zone grise préoccupante dans un secteur de l'aviation pourtant soumis à un contrôle strict. Le président de Safran souligne : "Il est surprenant qu'une entreprise qui semble être une coquille vide ait pu délivrer des certificats d'authenticité falsifiés".
Un homme vénézuélien est à la tête de l'entreprise AOG Technics, mais peu d'informations sont disponibles à son sujet. Le site internet de l'entreprise est inaccessible depuis que l'affaire a été médiatisée. Selon les documents d'enregistrement de la société, elle a été créée en février 2015 et son fondateur et patron est Jose Zamora Yrala, âgé de 35 ans et de nationalité vénézuélienne. Il possède plus de 75% des parts de l'entreprise.
En plus d'avoir fabriqué de faux documents de certification, l'entreprise britannique semble également avoir modifié les profils LinkedIn de certains de ses cadres. Selon l'agence Bloomberg, le 8 septembre, le cas de Ray Kwong a été mis en avant, présenté comme le directeur commercial d'AOG Technics. Cependant, les groupes japonais All Nippon Airways et Nissan n'ont trouvé aucune trace de cette personne, selon l'agence.
Il y a des doutes similaires concernant un certain individu nommé Johnny Rico, qui est présenté comme le directeur des ventes d'AOG et prétendument ancien employé de Ryanair. Bloomberg a découvert sa photo sur le site internet… d'un cabinet dentaire. La photo de profil d'un troisième "cadre" d'AOG, Michael Smith, a été trouvée par Bloomberg sur le site d'un médecin spécialisé dans les troubles de la démence. En 2020, lors d'une rare déclaration publique, l'entreprise affirmait être fière de sa réputation d'offrir un excellent service et une réponse rapide 24 heures sur 24. Trois ans plus tard, cette affirmation fait sourire ironiquement les clients d'AOG.
Entreprises Safran Airbus Boeing
Accepter et avancer
Sélectionnez les sujets qui vous intéressent pour recevoir vos alertes d'informations.
Vos choix ont été correctement sauvegardés.
Si vous voulez changer vos intérêts, vous avez la possibilité de cliquer sur le lien Notifications situé en bas de chaque page du site à tout moment.
Quels sujets vous intéressent pour recevoir des mises à jour en temps réel, puisque vous vous êtes inscrit?
J'aimerais ne recevoir que les alertes d'informations parmi les sujets suivants :