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"L'avenir est sombre" : l'avertissement du directeur de l'industrie spatiale en France.
Lors d'une conférence sur l'avenir de l'exploration spatiale, Philippe Baptiste, qui est à la tête du Cnes, a exprimé une grande inquiétude concernant le retard de l'industrie spatiale française et européenne par rapport à SpaceX et aux autres acteurs mondiaux. Il a souligné l'urgence d'agir rapidement pour éviter d'être distancés.
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Lors du séminaire Perspectives spatiales organisé par Euroconsult et le Gifas, Philippe Baptiste, le président du Cnes, a exprimé une inquiétude concernant l'industrie spatiale européenne, en particulier française. Il a souligné la nécessité d'accélérer les processus, de réduire les coûts et d'innover pour éviter des conséquences graves pour le secteur spatial.
Aussi intéressant est de constater que la conquête de l'espace est désormais dirigée par des entrepreneurs.
Après avoir assisté au salon Satellite de Washington, Philippe Baptiste a réalisé l'ampleur de la domination du New Space américain. SpaceX prévoit de réaliser 144 lancements en 2024, tandis qu'Ariane 6 n'en prévoit que deux dans le meilleur des cas. Malgré un carnet de commandes solide de 30 lancements, le lanceur européen devra faire face à la concurrence de la fusée géante de SpaceX, Starship, qui est devenue incontournable selon le PDG d'Arianespace, Stéphane Israël.
Airbus et Thales rencontrent des difficultés dans le secteur des satellites en raison de l'impact de SpaceX sur le marché des opérateurs satellites. SpaceX a lancé 6 011 satellites de sa constellation Starlink, ce qui a surpris les opérateurs satellites traditionnels tels qu'Intelsat, Eutelsat et SES. En attendant de trouver une solution, ces opérateurs ont suspendu la plupart de leurs projets d'acquisition de satellites, ce qui a entraîné une crise pour les fabricants européens du secteur tels qu'Airbus Space Systems, basé à Toulouse, et Thales Alenia Space (TAS), présent à Cannes et à Toulouse.
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Les conséquences commencent à se faire ressentir : TAS va supprimer 1 300 emplois, dont 1 000 en France, qui seront transférés vers d'autres activités de Thales. De son côté, Airbus Space Systems, également en difficulté, a changé de directeur le 1er mars, avec Jean-Marc Nasr laissant sa place à Alain Fauré. Hervé Derrey, PDG de Thales Alenia Space, a souligné lors du séminaire Perspectives spatiales que la situation économique du secteur est critique, avec des menaces sur l'emploi. La France est confrontée à un risque de déclassement en raison de la concurrence étrangère féroce.
Selon Philippe Baptiste, la filière européenne ne réagit pas assez rapidement face au problème de coût élevé de l'Ariane 6. Il estime que l'industrie européenne doit se secouer et sortir de sa zone de confort. Il a visité l'usine d'Intuitive Machines à Houston, une start-up américaine qui a réussi le premier atterrissage lunaire avec un module développé par une société privée. Baptiste se demande pourquoi l'Europe ne peut pas faire la même chose en développant des sondes en quelques années pour un coût total de 120 millions de dollars.
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Selon Philippe Baptiste, le Vieux continent ne fait pas suffisamment d'efforts pour rester compétitif. Il estime que les coûts sur Ariane 6 sont trop élevés et que la deuxième tranche de lanceurs n'a pas pu être acquise en raison de difficultés à réduire les coûts chez les sous-traitants européens. Selon lui, il manque ainsi 40 millions d'euros de réductions de coûts.
Le problème d'Ariane 6 est attribué en partie à l'entreprise allemande MT Aerospace, une filiale d'OHB. Le PDG de Safran, Olivier Andriès, a également exprimé des critiques en décembre dernier. Il a souligné que le développement d'Ariane 6 a été lancé en 2014 dans un mode de fonctionnement hybride, avec une implication importante des industriels mais un maintien du principe du retour géographique par les Etats membres de l'ESA. Cela signifie qu'un Etat reçoit une part de charge industrielle proportionnelle à son investissement. Cependant, les sous-traitants imposés par leurs pays à ArianeGroup ne font aucun effort de compétitivité, se retranchant derrière le retour géographique pour justifier leur manque d'efforts.
Lorsqu'on lui demandait quels étaient les mauvais élèves de l'industrie spatiale, le directeur de Safran mentionnait des entreprises telles que MT Aerospace (OHB), Beyond Gravity en Suisse (anciennement RUAG) et GKN Aerospace Sweden en Suède. Il les surnommait les "Magnificent Seven" (les Sept mercenaires) car ils demandaient des hausses de prix exagérées de 50 à 60 % en 2022, prétendument pour compenser l'inflation, ce qui était considéré comme absurde. Safran a demandé à l'ESA de réduire les coûts, mais certains pays, comme l'Allemagne, étaient réticents. L'Europe est divise face à la concurrence agressive de SpaceX, ce qui rend la situation difficile pour l'industrie spatiale européenne.
Organisme spatial européen Société Arianespace Centre national d'études spatiales
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