La lutte anti-drone française s’intensifie : Drone XTR, Cerbair et Thales défient DJI

Enjeux Société Protection

Les entreprises françaises Drone XTR, Cerbair et Thales sont engagées dans une bataille pour éliminer la présence du fabricant chinois DJI dans le marché de la lutte anti-drone. Cette lutte vise à promouvoir les solutions françaises et à réduire la dépendance aux produits étrangers.

La start-up Drone XTR est susceptible de remporter un contrat limité pour la surveillance du ciel français, ce qui contrarie la filière car elle utilise la technologie AeroScope de DJI.

Le dispositif "Parade" développé par Thales a été testé lors de la compétition de rugby de renommée mondiale, qui s'est tenue à Paris en octobre 2023.

Les spécialistes de la lutte anti-drone sont confrontés à des difficultés. En préparation des Jeux Olympiques 2024, les acteurs français de ce domaine se battent ardemment pour assurer la sécurité des aéroports en juillet prochain. La Direction des services de la navigation aérienne (DSNA) recherche un prestataire capable de repérer les drones volant à basse altitude près de huit aéroports (Nice, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Bâle, Nantes et Beauvais). La principale menace provient des survols illégaux, également appelés "pop-up", qui pourraient perturber les opérations de l'aviation civile et des secours pendant l'événement.

Selon nos sources, la start-up Drone XTR a de bonnes chances de remporter un contrat de sept millions d'euros sur cinq ans. Intelligence Online a également rapporté cette information. Basée au Havre, cette petite entreprise sécurise déjà plusieurs sites classés Seveso, tels que la raffinerie de TotalEnergies à Gonfreville-l'Orcher et la centrale nucléaire de Paluel exploitée par EDF en Seine-Maritime. Les concurrents de la start-up critiquent l'utilisation d'une technologie chinoise, DJI AeroScope, pour cette mission très sensible.

Est-il nécessaire d'avoir une technologie chinoise ?

Le système Aeroscope, commercialisé par DJI, se compose d'un boîtier compact équipé d'un logiciel et d'une antenne haute fréquence. Ce système analyse le signal électronique émis par les drones en vol. Selon DJI, l'appareil peut récupérer des données GPS jusqu'à une dizaine de kilomètres de distance. Il peut également fournir des informations telles que l'historique des vols, le point de décollage et la position du pilote. Il semble que l'armée russe ait utilisé ce boîtier de manière efficace pour lutter contre les drones dans le ciel ukrainien l'année dernière, selon le magazine américain The Verge.

En réponse à l'interrogation, Drone XTR admet utiliser les drones fabriqués par la société DJI. Jean-François Adam, le fondateur et PDG de Drone XTR, se défend en expliquant qu'ils n'ont pas d'autre choix que de faire fabriquer les composants électroniques en Chine. Cependant, la société basée au Havre affirme avoir développé sa propre plateforme logicielle à partir de ces équipements et possède également un nouvel outil interne appelé InfoDrone pour mener leurs analyses. Le fondateur précise que les brevets qu'ils ont développés sont classés secrets par la Direction générale de l'Armement (DGA).

Quatre autres candidats, dont Cerbair, Thales, Defense Conseil International (DCI) et AirSpace Drone (ASD), ont répondu à un appel d'offres émis par la DSNA pour ce marché public. Cependant, seuls les candidats sélectionnés par l'acheteur avaient le droit de répondre à cet appel d'offres restreint. Selon l'un des concurrents, la solution proposée par Cerbair a obtenu la meilleure note sur le plan technique, mais aucun test sur pièce n'a été effectué car Drone XTR a proposé des prix très bas. Par ailleurs, les deux sociétés sont actuellement en litige, Drone XTR ayant intenté une action en contrefaçon de brevets contre Cerbair. Une partie des demandes de Drone XTR a été rejetée et le verdict final sera rendu en 2025.

Les autorités n'ont pas non plus ignoré l'utilisation de la technologie chinoise. Selon nos sources, le secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN), qui est rattaché au bureau de la Première ministre Élisabeth Borne, s'est intéressé à ce sujet. Un haut gradé de l'État confirme que les gendarmes et les policiers ont acheté la technologie Aeroscope à l'époque, car il n'y avait pas d'autres solutions disponibles. Cependant, il est important de ne pas devenir dépendant de cette technologie, car cela présente un risque dont nous sommes parfaitement conscients.

Plusieurs ministères sont impliqués dans la lutte contre les drones, y compris le ministère de la Défense, qui a reçu une enveloppe de 350 millions d'euros sur dix ans pour se protéger contre les drones transformés en armes. Thales et CS Group ont remporté un contrat dans ce domaine l'année dernière. Cependant, selon le sénateur Eric Perrin, auteur d'un rapport en avril dernier, il semble que la solution actuelle ne soit pas du tout opérationnelle.

Les prisons sont également confrontées à ce problème, et le ministère de la Justice a mis en place différents systèmes anti-drone fournis par Cerbair et Keas. Cependant, tous les systèmes n'ont pas encore été installés, en particulier à la prison de la Santé à Paris, où il est difficile de mettre en place un brouilleur. Le ministère de l'Intérieur a également exprimé ses besoins en matière de détection pour les Jeux Olympiques de 2024. Un premier dispositif a été livré par Thales et testé lors de la Coupe du Monde de rugby en octobre dernier. À ce jour, il y a environ 2,5 millions de drones civils enregistrés en France, dont 40 000 pèsent plus de 800 grammes et sont donc soumis à une surveillance accrue.

Partie 1: La Chine

Partie 2: Thales

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