Défis dans le monde des affaires
Les banques de détail françaises sont désespérées face à la hausse des taux de la Banque Centrale Européenne (BCE). Cela a été écrit par Esther Attias le 10 novembre 2023 à 15h07. La durée de lecture de cet article est de 4 minutes. Ce contenu est réservé aux abonnés.
En raison des règles imposées par les autorités sur les livrets d'épargne et les prêts à taux fixe, les principales institutions bancaires de détail ont du mal à gérer les conséquences de la politique de hausse de taux de la BCE.
Le siège de la Société générale se trouve notamment à La Défense.
Les banques de détail françaises subissent les conséquences désastreuses de la politique de hausse des taux d'intérêt menée par la Banque centrale européenne (BCE). À la Société générale, le résultat net part du groupe pour la banque de détail a chuté de plus de la moitié (-56%) au cours des neuf premiers mois de l'année par rapport à 2022. Chez BNP Paribas, la baisse est encore plus importante, atteignant -12,6% (998 millions d'euros). Cette situation est aggravée par l'arrêt des prêts immobiliers, l'explosion des coûts de financement et l'obligation de rémunérer davantage les livrets A.
Est-ce que les géants de la finance ont appris de la crise de 2008 ?
La banque de détail du Crédit agricole a connu une période difficile au premier semestre 2023, avec une baisse de 13,7% par rapport à 2022, atteignant un résultat net part du groupe de 409 millions. Les résultats sont encore plus mauvais pour BPCE et La Banque postale. Chez BPCE, le résultat avant impôt des deux réseaux a chuté de 22% au premier semestre, à 2,05 milliards. Quant à La Banque postale, les mauvais chiffres de la banque de détail auraient même été utilisés pour justifier le départ de son président Philippe Heim cet été. En résumé, un an après son début, les résultats ressemblent plus à un échec retentissant qu'à une victoire éclatante.
Une situation paradoxale se présente avec l'épargne réglementée en France. Le mécanisme à l'origine de ce paradoxe est maintenant bien compris. Tout d'abord, il y a l'exception française avec le livret A et d'autres formes d'épargne réglementée qui n'existent nulle part ailleurs. Les banques françaises, principalement BPCE et La Banque postale, ont beaucoup d'épargne réglementée dans leur bilan, comme le livret A et le plan épargne logement, dont les taux sont déterminés par l'État et qui augmentent actuellement. Cela signifie que les banques doivent offrir des taux d'intérêt plus élevés à leurs clients tout en empruntant à des taux plus élevés auprès de la BCE.
On constate également une augmentation significative du nombre de banquiers millionnaires en France.
En Europe, différentes banques accordent des prêts à taux variable dans des pays tels que l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la Hongrie ou encore la Tchéquie. Elles ont également la possibilité d'augmenter les taux des anciens prêts. D'un autre côté, les banques françaises et allemandes privilégient les prêts à taux fixes, notamment dans le domaine de l'immobilier et du crédit à la consommation. Cependant, avec la hausse des taux, l'argent devient plus rare et plus cher, même pour les banques. Malgré cela, les banques n'arrivent pas encore à répercuter pleinement ces frais supplémentaires sur les nouveaux prêts.
Un avantage accordé aux banques par le gouvernement
Quelle était la cause de cette difficulté? Cela s'expliquait par le décalage entre la mise à jour du taux d'intérêt maximal (généralement tous les trimestres) et l'augmentation quasi mensuelle des taux fixés par la Banque centrale européenne. Cela a conduit BNP, Société générale, Crédit mutuel et Crédit agricole à imposer des restrictions strictes sur les prêts pendant toute la période d'ajustement, car ils finissaient par coûter plus cher qu'ils ne rapportaient réellement. De plus, des erreurs de gestion ont été commises : en croyant à une baisse des taux, la Société générale et BNP n'ont pas anticipé la hausse constante des taux, ce qui a eu un impact sur leurs résultats financiers.
Pas de souci, cependant. Afin d'aider les banques, le gouvernement leur a accordé une faveur. Il a décidé de mettre à jour plus fréquemment le taux d'usure, passant ainsi d'une mise à jour trimestrielle à une mise à jour mensuelle. Cette politique devrait finalement commencer à donner des résultats positifs.
Les institutions financières mentionnées dans le texte sont Crédit Agricole, Société Générale, BPCE et la Banque Centrale Européenne.
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