Difficultés Société Cadre de vie
En Guyane, il y a une centrale électrique qui est considérée comme "verte" mais qui est également très contestée. Il semble impossible de trouver un accord entre la population locale et les énergies renouvelables.
En dehors de Paris, les territoires d'outre-mer seront les premiers à passer à une électricité 100% renouvelable, sans nucléaire. EDF promet que cela sera le cas dès 2028 en Guyane. Cependant, comme en France métropolitaine, cette transition rencontre des problèmes d'acceptabilité et pose des défis pour la biodiversité. C'est notamment le cas dans l'Ouest, où la future centrale solaire-hydrogène Ceog est au cœur de toutes les tensions.
On peut de nouveau entendre le bruit des machines utilisées pour le défrichage dans l'ouest de la forêt guyanaise. Près de la ville de Saint-Laurent-du-Maroni, les travaux du projet Ceog ont repris le 16 août 2023, après la saison des pluies. Les arbres coupés sont enlevés du site et les ouvriers sont accompagnés par des gendarmes. Environ 80 personnes sont chargées de surveiller en permanence le site, à l'abri des regards. Toute visite, même celle des journalistes, est interdite, ce qui démontre les tensions qui entourent le chantier.
La construction de la future centrale hybride solaire-hydrogène Ceog, près du village amérindien de Pospérité en Guyane, est terminée. Un membre des forces de l'ordre accompagne le déplacement d'un tronc d'arbre récemment coupé, le 17 octobre 2023.
Depuis un certain temps, le village amérindien Prospérité, situé à moins de deux kilomètres, s'oppose à un projet qui se déroule dans la parcelle de Ceog. Les habitants les plus jeunes du village sont particulièrement en désaccord avec ce projet. Cette parcelle se trouve entre le village et la crique, qui est une source importante de poissons pour les habitants. Après des affrontements violents lors de l'abattage des premiers arbres à l'automne 2022, une certaine tranquillité s'est installée. Les incidents impliquant les opposants sont devenus moins fréquents et sont systématiquement réprimés avec des gaz lacrymogènes. Les habitants du village mentionnent également l'utilisation de grenades de désencerclement ou de lanceurs de balles de défense. En dehors des militants engagés, personne ne souhaite s'approcher du site car il est considéré comme "trop dangereux".
Le 17 octobre 2023, les habitants amérindiens du village Prospérité en Guyane ont récupéré des grenades lacrymogènes.
Article:
Meridiam's controversial project in Guyana to deforest for green electricity production.
My version:
Article:
Meridiam's disputed initiative in Guyana to clear forests in order to generate renewable electricity.
La centrale électrique de l'Ouest Guyane (CEOG), dont Meridiam détient une participation de 60%, est un projet très apprécié depuis sa création en 2017. Il promet de fournir de l'électricité renouvelable, jour et nuit, grâce à l'énergie solaire et à l'hydrogène pour le stockage (10 MW de puissance pendant la journée, 3 MW pendant la nuit). Cela pourrait alimenter environ 10 000 foyers, soit environ 50 000 personnes. Cependant, la région a un besoin urgent d'énergie, en particulier d'énergie verte, pour remplacer les centrales encore alimentées au fioul. La population de Saint-Laurent-du-Maroni, la deuxième plus grande ville de Guyane, est en pleine expansion et avec elle, la demande d'électricité, ce qui entraîne fréquemment des pannes : il y a eu 146 coupures de courant de plus de 15 minutes en 2022, sans compter les pannes totales. La dernière a duré une demi-journée en août. Le projet de la CEOG coche donc toutes les cases et les autorités locales de l'ouest attendent avec impatience sa réalisation. Même Roland Sjabere, le chef du village de Prospérité, reconnaît son importance. Cependant, sa localisation pose problème. Peut-on réaliser un projet bénéfique pour le climat au détriment de la biodiversité et contre l'avis des Amérindiens ?
Le village amérindien de Prospérité affiche son opposition au projet Ceog à son entrée le 17 octobre 2023.
Malgré un accord de principe initialement conclu en juillet 2021, Roland Sjabere a finalement changé d'avis. Il avait signé une "lettre d'engagement" qui approuvait le principe selon lequel la centrale devrait verser 50 000 euros par an au village pour une période de 25 ans, avec un premier versement de 150 000 euros en octobre 2021. Cependant, le yopoto a finalement renoncé à cet accord et à l'argent qui en découlait.
Il déclare aujourd'hui avoir été très fatigué et épuisé par les incessantes sollicitations de Ceog, même à l'hôpital à Paris où il s'occupait de sa fille malade. Il affirme également avoir pris conscience après coup des "infractions au code de l'environnement", impliquant l'Association nationale pour la biodiversité (ANB) et le groupement national de surveillance des arbres (GNSA). Depuis lors, la bataille s'est poursuivie devant les tribunaux, avec des recours administratifs (tous rejetés) et des plaintes pénales pour atteintes à l'environnement, "trouble manifeste de voisinage", ainsi que contre le préfet Antoine Poussier et le directeur général des territoires et de la mer Ivan Martin. Ces représentants de l'État ont accordé les autorisations à Ceog et sont accusés par les opposants de violer le code de l'environnement. De leur côté, les plaintes se multiplient également pour les dégradations sur le chantier, les menaces et les intrusions sur un site privé.
Préoccupations concernant la sécurité
Le chef coutumier exprime particulièrement sa déception de ne pas avoir été consulté sur le terrain et d'avoir été simplement informé. Les responsables de Ceog affirment pourtant avoir modifié le projet selon ses demandes, en y incluant des zones de passage préservant l'accès des Amérindiens à leur forêt de l'autre côté. Ceog insiste également sur la petite taille du terrain alloué au projet, représentant moins de 2 % des terres de Prospérité, ainsi que sur les nombreuses mesures de protection de la biodiversité mises en place.
Cependant, il existe des préoccupations concernant cette première centrale hybride solaire-hydrogène à grande échelle. Malgré l'évaluation environnementale effectuée par Biotope (le même bureau d'études que pour l'A69) et les mesures de sécurité garantissant la protection du site classé Seveso 1 (comparable à une station-service). Roland Sjabere s'interroge : "Qui peut me garantir que les eaux ne seront pas polluées, que la centrale ne risque pas d'exploser, que les enfants pourront toujours se baigner en toute sécurité de l'autre côté ?" De son côté, Henry Hausermann, PDG de la Ceog et toujours "prêt à discuter", tente de rassurer en expliquant que la centrale ne perturbera pas la tranquillité du village malgré la réaction émotionnelle suscitée par l'occupation du terrain.
Est-ce que Ceog et A69 sont dans le même bateau ?
Il est rare de voir des machines qui défrichent, des opposants qui s'y opposent physiquement, des gendarmes qui ripostent, et une bataille judiciaire en parallèle dans les outre-mer, mais cela est bien connu dans l'Hexagone. Par exemple, dans les Alpes-de-Haute-Provence, la centrale solaire de Boralex nécessite de défricher dans la montagne de Lure, et en Occitanie, il y a la construction de l'autoroute A69. Ce projet choque même en Guyane. Roland Sjabere, qui se trouve à plus de 7 000 km de Castres, est surpris de voir que cette situation puisse se produire "même là-bas en France". Il ne comprend pas non plus pourquoi Emmanuel Macron ou l'un de ses ministres n'a pas fait le déplacement au sommet de l'Amazonie au Brésil début août.
Après une réunion supplémentaire sur le sujet de la #CEOG, le chef Roland Sjabere avait un délai de 24 heures pour donner sa réponse. Aujourd'hui, le village Prospérité a répondu "oui"… à l'annulation du projet.
En France métropolitaine et en Guyane, aurait-il été possible d'éviter les retards et les conflits en impliquant davantage les parties prenantes et en co-construisant les projets ? Selon Henry Hausermann, qui vit en Guyane depuis 15 ans et est devenu directeur de Ceog il y a deux ans pour une meilleure intégration du projet dans le territoire, il est facile de dire a posteriori que les choses auraient pu être mieux faites. Il affirme cependant qu'aucun autre site n'aurait été possible et qu'il fallait rester dans un rayon de 10 km autour du transformateur pour des raisons techniques, même si la CRE avait spécifié 20 km dans son cahier des charges. Roland Sjabere, qui a proposé plusieurs alternatives, affirme que le projet devrait être déplacé, peu importe le coût supplémentaire, mais Henry Hausermann rétorque que ces propositions ont été sérieusement étudiées et qu'elles n'étaient finalement pas réalisables, que ce soit pour des raisons techniques ou pour préserver la forêt primaire.
Le chef du village Roland Sjabere a présenté le 17 octobre 2023 une carte montrant les terres du village amérindien Prospérité en Guyane, ainsi que sa zone de droit d'usage collectif et le terrain de la Ceog.
Débat stérile
Le chef Sjabere prévoit maintenant de rassembler sa communauté d'ici la fin novembre afin de décider de la marche à suivre : essayer de trouver une solution pour sortir de la crise, ou retourner affronter les machines et les grenades lacrymogènes. Le chef reconnaît que ce combat n'est pas légal, mais pour certains, cela semble être la seule solution alors que la situation se complique depuis 18 mois. Tout le monde souhaite "discuter pour avancer", mais le dialogue peine à se faire entendre. Alors que Roland Sjabere parle d'arbres sacrés, de forêt nourricière et de transmission, Ceog et les services de l'État répondent avec des procédures administratives, des mégawatts et des mesures de compensation.
Selon Ivan Martin des services de l'Etat, la forêt occupe 97% du territoire de la Guyane et le développement de la région ne peut donc pas se faire sans prendre en compte cet aspect. Cependant, il y a d'autres projets qui ne suscitent pas autant d'opposition. Le chef Sjabere reconnaît le travail de Voltalia, une entreprise du secteur de l'énergie qui est présente depuis longtemps dans la région. Même si elle admet implicitement qu'elle n'aurait pas tenté de s'installer sur des terres amérindiennes. Malgré cela, le groupe prévoit de construire une centrale photovoltaïque en face du village, de l'autre côté de la route, en dehors de la zone de vie. Le Yopoto applaudit cette décision en déclarant : "Et cette fois, je suis au courant de tout".
Guyane: Richesse naturelle et diversité écologique
La Guyane, située en Amérique du Sud, est réputée pour sa biodiversité exceptionnelle. En effet, cette région abrite une multitude d'espèces animales et végétales uniques au monde. Des forêts tropicales denses aux
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