Difficultés Société Déplacements
Domaine de l'écologie : comment le train se présente comme un concurrent direct de l'avion
Par Pauline Damour le 12 novembre 2023 à 10h00 Temps de lecture de 5 minutes Abonnés
La lutte entre le transport ferroviaire et le transport aérien est intense, en prenant en compte des facteurs tels que l'empreinte carbone, le coût, la durée du trajet et le confort. Cependant, il est parfois difficile de faire des comparaisons directes entre ces arguments.
La SNCF met en avant l'empreinte carbone du TGV, qui est de seulement 4 grammes par kilomètre, soit 65 fois moins que celle d'un vol court-courrier, afin d'attirer plus de clients vers le train.
Qui n'a pas entendu ce message lorsqu'on descend du TGV, "Privilégiez le train! Cela contribue à la protection de l'environnement"? C'est l'objectif principal de la SNCF qui souhaite doubler le nombre de passagers ferroviaires en dix ans. L'entreprise mise sur la sensibilité écologique des Français. Peu importe si l'année dernière, elle a été critiquée pour "publicité mensongère" en affirmant que voyager en TGV émettait "80 fois moins de dioxyde de carbone qu'un voyage en avion". La Fédération nationale de l'aviation était furieuse et a porté l'affaire devant le jury de déontologie publicitaire, soulignant qu'il s'agissait seulement d'une moyenne pour tous les trajets longue distance en France. Ce différentiel peut varier, selon les voyages.
La compagnie a corrigé ses messages pour montrer qu'elle est fair-play. Valérie Darmaillacq, directrice de la transition durable de la compagnie, rappelle que le train reste bien moins polluant que l'avion. Elle cite les chiffres de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie pour comparer les différents modes de déplacement: le train émet 11 grammes de CO2 par kilomètre parcouru par voyageur, la voiture thermique en émet 146 grammes et l'avion en émet 260 grammes.
Est-ce que les jeunes sont encore intéressés par la prise de l'avion et le travail dans l'industrie aéronautique malgré le "flight shaming" ?
Selon elle, le TGV émet seulement 4 grammes de carbone par kilomètre, ce qui est 65 fois moins que pour un vol court-courrier. Cependant, il est important de noter que ces chiffres ne prennent pas en compte l'impact carbone lié à la construction et à l'entretien des infrastructures, qui est plus important pour le train que pour l'avion.
Toutefois, est-ce que cela constitue une raison suffisante pour favoriser le transport ferroviaire? Arnaud Aymé, consultant chez Sia Partners, reconnaît que l'opposition entre ces deux modes de transport n'est pas toujours satisfaisante. Par exemple, sur des trajets de plus de quatre heures avec des correspondances, voire des changements de gare, comme à Paris, les déplacements en avion peuvent être plus efficaces.
Les employés d'une petite entreprise située à Nantes ont eux-mêmes constaté qu'ils hésitaient à prendre l'avion pour se rendre à un séminaire d'entreprise dans les Alpes. L'un d'eux exprime son désarroi face à l'itinéraire proposé par l'application SNCF Connect : départ à 4h53 du matin en TGV, changement à Lyon-Part-Dieu pour prendre un premier TER jusqu'à Chambéry-Challes-les-Eaux, puis un second jusqu'à Notre-Dame de Briançon, et enfin une voiture pendant trente minutes. Bien que cela permette de réduire l'empreinte carbone à 13,87 kg de CO2 par voyageur, cela implique huit heures de déplacement! En conséquence, ils ont fini par prendre l'avion.
Est-ce qu'il est nécessaire de ressentir de la honte en voyageant en avion?
La préférence accordée à la grande vitesse sur les routes radiales au départ de Paris et la diminution de l'offre ferroviaire sur les axes transversaux ont favorisé l'avion sur le marché régional. Les compagnies aériennes à bas coûts comme Ryanair et easyJet ont saisi cette opportunité, ce qui a entraîné une augmentation des liaisons aériennes entre les provinces. Selon les données de l'Union des aéroports français (UAF), ces liaisons représentaient 39,1% du trafic domestique en 2019, contre 29% en 2010. En 2023, la compagnie espagnole Volotea revendique désormais la première place en termes de nombre de lignes ouvertes sur le marché intérieur français.
Il est important de souligner que la SNCF a du mal à rivaliser avec la concurrence, notamment avec des prix tels que 14,99 euros pour un aller simple La Rochelle-Marseille le 11 novembre sur Ryanair, ou 29 euros pour un Bordeaux-Lille le 13 novembre sur Volotea. Arnaud Aymé rappelle que sur les longues distances, le rail est désavantagé par les coûts élevés des péages sur le réseau français, qui représentent jusqu'à 40% du prix du billet. De plus, il n'est pas toujours facile ni rentable de remplir un TGV de 1000 places quotidiennement sur de longues distances, alors qu'une compagnie low cost proposant des vols avec moins de 200 sièges offre des vols deux à trois fois par semaine. Le consultant note que l'aviation a un avantage lorsqu'il y a moins d'intensité de trafic.
Selon Greenpeace, les voyages en train au départ de la France sont en moyenne 2,6 fois plus chers que les voyages en avion. L'ONG affirme que des mesures doivent être prises pour rendre les transports ferroviaires plus abordables, comme l'introduction de tarifs réduits et de trains de nuit. Elle propose la création d'un "ticket climat national" similaire au "pass allemand" qui coûte 49 euros et permet un accès illimité aux bus, métros et trains locaux. Emmanuel Macron s'est engagé à mettre en place une initiative similaire en France, mais les discussions en cours avec les régions ne concernent pas les trains à grande vitesse.
Également, découvrez dans quelle mesure les Français sont prêts à s'engager pour l'environnement en ce qui concerne les avions, Internet et les voitures électriques.
L'interdiction des vols de moins de 2h30 n'a eu qu'un faible impact. D'autres mesures plus strictes sont nécessaires. Selon la loi Climat et Résilience, les vols intérieurs devraient être interdits s'il existe une alternative de voyage de moins de 2h30. Cependant, cette mesure n'a eu qu'un impact minime jusqu'à présent, avec seulement trois lignes supprimées : Orly-Nantes, Orly-Bordeaux et Orly-Lyon, ce qui représente environ 5 000 trajets sur les 200 000 vols intérieurs annuels. Selon Thomas Juin, président de l'UAF, le report vers le train a eu lieu là où cela était pertinent, comme sur les axes entre Paris et Strasbourg ou Paris et Bruxelles, où le TGV a remplacé l'avion.
C'est en partie pour cette raison qu'Air France a annoncé qu'elle prévoit de ramener son activité principale à son hub de correspondances à Roissy-CDG d'ici 2026. Elle mettra également fin à son service de "navette" entre Orly et les villes de province. Même si le groupe aérien transfère les liaisons vers Marseille, Nice et Toulouse à sa filiale low cost Transavia, celles-ci auront moins de fréquences. Est-ce la première victoire du rail ?
Compagnies aériennes: Air France
Compagnie de chemins de fer: SNCF
Accepter et avancer
Choix de votre centre préféré pour les alertes d'informations.
Vos choix ont été enregistrés avec succès.
Si vous voulez changer vos intérêts, il vous suffit de cliquer sur le lien Notifications qui se trouve en bas de toutes les pages du site.
Qu'est-ce qui vous intéresse et pour lequel vous vous êtes inscrit à recevoir l'actualité en temps réel?
Je préfère ne recevoir que les alertes d'actualités dans les domaines suivants :