Ion-X, le moteur ionique français qui va révolutionner l’industrie des satellites

Ion-X, une jeune entreprise française pleine d'ambition, cherche à apporter une révolution dans le domaine des moteurs de satellites. Créée à partir du CNRS, cette start-up travaille sur un moteur ionique destiné aux petits satellites et s'apprête à annoncer une levée de fonds de 13 millions d'euros le 10 décembre. Après avoir prévu une démonstration en orbite pour janvier, l'entreprise prévoit d'ouvrir une nouvelle usine au sud de Paris, où elle envisage d'assembler 200 moteurs par an.

Parmi les entreprises françaises spécialisées dans la fabrication de moteurs pour petits satellites, on connaissait déjà ThrustMe, une entreprise issue de l'École Polytechnique, et Exotrail qui a levé 54 millions d'euros en 2023. Désormais, une troisième entreprise ambitieuse entre en jeu : Ion-X. Cette start-up, créée en 2021, annonce une levée de fonds de 13 millions d'euros le 10 décembre, provenant de ses investisseurs historiques (les fonds Expansion et Technofounders), ainsi que du Fonds du conseil européen de l'innovation (EIC Fund) et du fonds Ile-de-France Réindustrialisation de la région.

Issue du CNRS, Ion-X exploite une technologie de propulsion ionique développée par l'un de ses fondateurs, Jacques Gierak, chercheur au Centre de nanosciences et nanotechnologies du CNRS. Le concept repose sur l'utilisation d'un carburant liquide ionique (sels fondus). Contrairement à de nombreux concurrents, ce carburant est inerte et non toxique, ce qui simplifie sa fabrication et son transport, selon Thomas Hiriart, directeur général d'Ion-X. De plus, il est fabriqué en France, plus précisément dans la vallée du Rhône, contrairement au xénon qui est produit en Ukraine.

Pendant cinq ans, le moteur ionique Ion-X utilise seulement 200 ml de carburant. Ce moteur est considéré comme le plus efficace pour les satellites pesant entre 10 et 150 kg, un marché actuellement dominé par Enpulsion en Autriche et ThrustMe en France. Thomas Hiriart souligne que pour quelques centaines d'euros, il est possible de réaliser une mission de cinq ans avec seulement 200 ml de carburant. De plus, ce moteur n'a pas besoin de temps de chauffe, contrairement à certains concurrents qui peuvent prendre plusieurs heures pour démarrer.

Un avantage important est l'utilisation de liquides ioniques pour propulser un satellite en orbite sans chauffer le moteur, le rendant ainsi difficile à détecter. Cette technologie attire de plus en plus l'intérêt des prospects militaires. En France, le ministère des Armées a lancé plusieurs projets de petits satellites pour la surveillance et les opérations en orbite basse. La DGA et le Commandement de l'espace ont récemment annoncé le développement du satellite de surveillance Lisa1 et d'un satellite capable d'interagir avec des satellites espions étrangers en orbite, nommé Splinter.

Une nouvelle usine va être construite entre Paris et Palaiseau pour Ion-X, une entreprise spécialisée dans les propulseurs spatiaux. Le premier test en vol du moteur de Ion-X est prévu pour début 2025, sur un satellite appartenant à la société danoise Space Inventor. Ce test aura lieu dans le cadre d'une mission de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) lancée par SpaceX à l'aide d'une fusée Falcon 9. Ion-X a pour objectif de commencer la production en série de son propulseur, avec une usine financée en partie par le plan France 2030. La start-up prévoit de produire 10 moteurs par mois (soit 120 par an) à partir de 2026, puis 200 par an en 2028.

D'après les prévisions du cabinet Novaspace, le marché des satellites est en plein essor avec la projection de 3 700 lancements par an entre 2024 et 2033, ce qui équivaut à environ 10 satellites (7 tonnes) mis en orbite chaque jour. Il est important de noter que de nombreux satellites seront conçus et fabriqués en interne par des entreprises telles que SpaceX avec sa constellation Starlink, Amazon avec Kuiper, ainsi que les constellations chinoises GuoWang et G60.

Cependant, il y a encore beaucoup d'opportunités sur le marché pour soutenir plusieurs entreprises, avec des clients importants comme Planet ou Spire, ainsi que de nombreux projets de petites constellations et de fabricants de satellites de petite taille (Hemeria, U-Space, Blue Canyon, Magellan, York Space). Ion-X pourrait également être considéré pour fournir des moteurs pour la prochaine génération de satellites de la constellation OneWeb, désormais sous la propriété de l'opérateur Eutelsat.

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