Explosion du prix des mutuelles : la santé va coûter beaucoup plus cher en 2024

Difficultés Société Bien-être

Augmentation significative du coût des assurances santé : les frais médicaux seront beaucoup plus élevés en 2024. Par Isabelle de Foucaud, publié le 19 décembre 2023 à 09h38, mis à jour le 19 décembre 2023 à 10h30. Durée d'écoute : 6 minutes. Réservé aux abonnés.

Les prix des assurances santé vont connaître une hausse de 8,1 % en moyenne l'année prochaine. Cette augmentation des tarifs n'est pas du goût du ministre de la Santé, Aurélien Rousseau. Il encourage les citoyens français à comparer les offres et, si nécessaire, à changer de mutuelle santé.

Dans un établissement de santé, les tarifs des assurances santé vont connaître une forte hausse d'ici 2024.

Selon les estimations de la Mutualité française publiées ce mardi 19 décembre, le coût des soins de santé augmentera considérablement l'année prochaine. Les mutuelles augmenteront leurs tarifs de 8,1 % en moyenne en 2024, ce qui représente une hausse des cotisations bien plus élevée que celle appliquée en 2023 (+ 4,7 %). Plus précisément, les prix des contrats individuels augmenteront de 7,3 % pour l'année à venir, ceux des contrats collectifs obligatoires (par le biais de l'entreprise) de 9,9 % et ceux des contrats collectifs facultatifs de 7,7 %. Lors d'une conférence de presse, Eric Chenut, président de la Mutualité française, a justifié cette augmentation des tarifs en expliquant que les dépenses de santé ont connu une croissance extrêmement dynamique en 2023.

Est-ce vraiment nécessaire d'augmenter les frais de santé à la charge des Français dans le budget de la Sécurité sociale pour 2024 ?

Alors que les compagnies d'assurance santé avaient prévu une augmentation des remboursements de l'ordre de 3 à 4 %, ces derniers ont finalement augmenté de 6 %. Les dépenses de santé, qu'il s'agisse des soins de ville, des hôpitaux, des médicaments ou des dispositifs médicaux, ont considérablement augmenté, notamment au premier semestre de 2023. Eric Chenut rapporte : "Rien qu'au cours des quatre premiers mois de l'année, les dépenses ont augmenté de 7,5 %, ce qui nous inquiétait énormément." Il rappelle également que les compagnies d'assurance santé sont tenues d'être équilibrées et ne peuvent pas enregistrer de déficit. "Nous répercutons donc l'augmentation des dépenses de santé d'une année sur l'autre. Nous refusons catégoriquement que le coût de la santé soit supporté par les générations futures !"

En plus de la forte demande de soins, les mutuelles doivent maintenant prendre en charge des "dépenses nouvelles" qui finissent par se retrouver sur la facture des cotisations des Français. Parmi ces dépenses, il y a les frais dentaires. Depuis le 1er octobre, l'Assurance maladie ne rembourse plus que 60 % au lieu de 70 % de ces soins, ce qui oblige les complémentaires santé à couvrir les 40 % restants (au lieu de 30 %). Selon la Mutualité française, qui assure 35 millions de personnes, cela représente une facture estimée à 500 millions d'euros par an. Il en va de même pour la hausse de 1,50 euro de la consultation médicale (passée de 25 à 26,50 euros pour un médecin généraliste et de 30 à 31,50 euros pour un spécialiste) qui est remboursée à 70 % par la Sécurité sociale et à 30 % par les complémentaires santé.

La Mutualité française, qui comprend des mutuelles telles que Harmonie Mutuelle, Malakoff Humanis, MGEN, Aésio ou Apicil, est mécontente d'une autre surprise: le succès du 100 % santé ne faiblit pas. Cette réforme, approuvée fin 2018, a progressivement mis en place des paniers de soins sans frais pour le patient dans les domaines dentaire, auditif et optique. Sa mise en œuvre progressive s'est terminée en 2021. "Nous pensions que les dépenses liées au 100 % santé atteindraient leur plateau en 2022, mais en 2023, nous avons encore eu de nombreux patients qui ont utilisé le dispositif, notamment pour des soins dentaires prothétiques importants", a souligné Eric Chenut. "Nous n'avons pas encore totalement mesuré l'impact de cette réforme."

Concernant les mutuelles, elles estiment que cette augmentation des cotisations était inévitable. Elles soulignent également qu'elles ont seulement augmenté leurs tarifs au strict minimum ces dernières années. Cependant, le gouvernement, qui est engagé dans la lutte contre l'inflation, ne trouve pas cette justification acceptable.

Après avoir réuni les organismes de complémentaires santé la semaine dernière, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a estimé que les augmentations de tarifs annoncées par certains d'entre eux, pouvant aller jusqu'à 12 %, sont inacceptables. Dans une déclaration sévère publiée sur X (anciennement Twitter), il a affirmé qu'aucune explication convaincante ne lui a été donnée pour justifier ces hausses. Il a également encouragé les Français à faire jouer la concurrence en comparant les offres des mutuelles et à résilier leur contrat actuel pour changer de complémentaire santé si nécessaire. Le ministre a déclaré que les assurés ne seraient pas traités comme des variables d'ajustement.

Vo

Voici quelques informations suite à ma réunion ce matin avec les organismes complémentaires de sécurité sociale. Il est essentiel de demander plus de transparence concernant une partie des augmentations de tarifs qui restent inexplicables. pic.twitter.com/M5r3O5zYYt

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La controverse sur les frais de gestion refait surface

Une dispute qui rappelle le conflit provoqué par Emmanuel Macron en 2018, pendant la crise des gilets jaunes. Le thème ? Les frais de gestion des complémentaires santé qui, en augmentant excessivement, contribuent également à l'augmentation des cotisations des ménages. Afin d'éviter que le débat animé ne resurgisse, Eric Chenut prend les devants. Selon lui, cette année, les mutuelles ont redistribué 81 % de leurs cotisations en prestations de santé à leurs adhérents.

En ce qui concerne les 19 % restants, ces frais de gestion financent les services de proximité offerts par les mutuelles à leurs clients, que ce soit en agence ou par téléphone. Il s'agit d'emplois en France, ce qui représente un choix qui engendre des coûts. Eric Chenut mentionne les différentes utilisations de cette enveloppe par les mutuelles, telles que la prévention, l'action sociale, les services de téléconsultation et le fonctionnement du tiers-payant pour éviter aux patients d'avancer les frais de santé. Selon lui, les mutuelles ont fait des efforts pour réduire ces coûts de gestion, qui ont diminué d'environ 2 % entre 2019 et 2021. Cependant, cela n'est pas encore suffisant pour freiner l'augmentation de la facture des consommateurs.

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