Difficultés Société Bien-être
Problème des zones sans médecins : comment la Roumanie forme les futurs médecins français
Par Alice Mérieux le 21 octobre 2023 à 11h00 Temps de lecture : 7 minutes Abonnés
L'université de Cluj en Roumanie suscite l'intérêt de 200 étudiants chaque année grâce à ses programmes en français, une alternative pour ceux qui sont découragés par les quotas stricts en France. Cette filière vise à convaincre les étudiants et contribue à la lutte contre la pénurie de professionnels de santé en France.
Le 25 septembre, à Cluj, a eu lieu un séminaire de prérentrée. Les 350 nouveaux étudiants inscrits, ainsi que leurs parents, ont été accueillis dans l'amphithéâtre par des représentants de l'université et de l'ambassade de France.
À Cluj, on se sent comme à Besançon. C'est ce que dit Théo, en faisant référence à l'architecture similaire et au même type de météo dans les deux villes. De plus, il y a aussi beaucoup de Français à Cluj, ajouterait-il. En effet, chaque année, Cluj-Napoca, la deuxième plus grande ville de Roumanie, accueille 350 nouveaux étudiants francophones à l'UMF (Université de Médecine et Pharmacie), dont les deux tiers sont français. La faculté de médecine est la plus populaire, avec 200 places disponibles. Deux autres universités en Roumanie proposent également des programmes francophones: Timisoara (20 places) et Iasi (150 places). Cependant, Cluj est considérée comme la meilleure université du pays selon les classements internationaux.
Comme les années précédentes, les nouveaux étudiants ont été accueillis le 25 septembre pour une semaine de pré-rentrée. Pendant huit jours, l'université et l'association des étudiants francophones organisent des visites de la ville, une familiarisation avec les bâtiments universitaires, des rencontres avec les professeurs pour discuter de la méthode d'apprentissage, ainsi qu'avec le personnel consulaire pour répondre aux questions des parents et des étudiants concernant le logement, les formalités administratives et les cours de roumain.
Il est toujours préoccupant de constater que les effets secondaires du numerus clausus continuent de nuire à la profession médicale.
Pierre, qui vient d'arriver après avoir échoué en première année du parcours d'accès spécifique santé (Pass) à Lyon, témoigne en disant que l'ambiance ici est très rassurante, contrairement à celle en France.
A Cluj, on se croirait à Besançon, affirme Théo. La ville a la même architecture et la même météo. De plus, elle compte de nombreux Français, précise cet étudiant en médecine. En effet, chaque année, Cluj-Napoca, la deuxième ville de Roumanie, accueille 350 nouveaux élèves francophones à l'université de médecine et pharmacie (UMF). Les futurs médecins représentent le plus grand groupe, avec 200 places disponibles. Deux autres facultés du pays, Timisoara (20 places) et Iasi (150 places), proposent également des filières francophones. Cependant, Cluj est considérée comme la meilleure université du pays selon les classements internationaux.
Comme les années précédentes, les étudiants nouvellement inscrits ont été accueillis le 25 septembre pour une semaine de prérentrée. Pendant huit jours, l'université et l'association des étudiants francophones organisent des visites de la ville, une familiarisation avec les bâtiments universitaires, des réunions avec les enseignants pour discuter de la méthode d'apprentissage, ainsi que des rencontres avec le personnel consulaire pour répondre aux questions des parents et des étudiants concernant le logement, les formalités administratives et les cours de roumain.
Les conséquences indésirables du numerus clausus continuent de nuire à la profession médicale.
Pierre, qui vient d'arriver après avoir échoué en première année du parcours d'accès spécifique santé (Pass) à Lyon, témoigne de la différence de traitement ici par rapport à la France. Les anciens étudiants soulignent l'atmosphère conviviale qui règne dans les promotions. Contrairement à la compétition féroce en France, où le concours pousse les étudiants à se battre les uns contre les autres, ici il s'agit simplement d'un examen et personne ne prend la place de quelqu'un d'autre. En conséquence, nous partageons nos fiches et nous prenons même parfois le temps de nous amuser", raconte Anna, étudiante en deuxième année.
La Belgique, l'Espagne, la Hongrie…
"Nous sommes arrivés un peu effrayés, c'est vrai", raconte Christine, la mère de Marguerite qui vient d'obtenir son diplôme du bac. "Mais nous repartons très rassurés." "Et la ville est charmante, avec ses rues réservées aux piétons, ses terrasses, ses cafés…", se réjouit Henri, le père de Paul qui a échoué sa première année de médecine à Brest et a changé de voie pendant deux ans avant que sa vocation ne le rattrape.
Depuis l'ouverture de la filière francophone en 2007, de plus en plus d'étudiants choisissent cette option. La rentrée de 2023 a établi un nouveau record, avec 200 places disponibles en médecine, contre 180 l'année précédente. On se demande pourquoi tant de jeunes décident de s'expatrier si loin de leur pays d'origine. En fait, la plupart d'entre eux sont des étudiants qui ont échoué au concours français de médecine, anciennement appelé Paces et maintenant connu sous le nom de Pass, qui ne permet qu'à un petit nombre de candidats de poursuivre leurs études au-delà de la première année.
Selon Emmanuel Touzé, doyen de la faculté de Caen et président de l'Observatoire national de la démographie des professions de santé, le numerus clausus est contourné et remplacé par le numerus apertus. Heureusement, cette mesure permet d'éviter une situation de pénurie encore plus critique. Selon les "Tribunes de santé 2023" publiées par l'Observatoire, la diminution du nombre de médecins a été compensée par l'arrivée de professionnels formés à l'étranger. Ces derniers représentent 10% du total des praticiens, dont 40% sont français.
Aussi, il est intéressant de se demander dans quelles régions les médecins généralistes sont absents.
Pendant longtemps, de nombreux diplômés ont choisi de suivre la voie belge. Ce pays francophone, proche et abordable attirait jusqu'à 3 000 étudiants en médecine chaque année. Cependant, le quota de Français admis dans les universités belges a considérablement diminué ces dernières années, passant de 30% à 15%. D'autres options à l'étranger existent, comme l'Allemagne, mais elles ne proposent pas de cours en français et sont souvent beaucoup plus coûteuses. En Espagne, en Hongrie ou en Pologne, les frais de scolarité approchent les tarifs anglo-saxons et peuvent atteindre 20 000 euros par an.
Avec une moyenne de 7,9 étudiants par professeur, Cluj est devenu une option de secours de plus en plus populaire grâce à sa sélection basée sur les résultats académiques, la motivation et les expériences des candidats. Le professeur Sorin Man, responsable des admissions, reconnaît que l'université est de plus en plus sélective, acceptant maintenant seulement un candidat sur cinq, contre un sur deux il y a dix ans. Cela a entraîné une augmentation du nombre de candidats qui sont prêts à payer "seulement" 8 000 euros par an. Le consul honoraire de France à Cluj, Pascal Fesneau, explique que c'est une situation gagnant-gagnant pour l'université également.
Sorin Man explique que cette année, nous avons gagné 14 millions d'euros, ce qui représente la moitié de nos revenus. Grâce à cet argent frais, l'UMF a pu embaucher de nouveaux professeurs et investir dans du matériel. Cependant, la qualité des études est une préoccupation majeure pour les nouveaux arrivants. Petru Mircea, l'un des fondateurs de la formation et ancien doyen de l'université, admet que nous ne sommes pas au niveau des facultés françaises, c'est un fait indéniable. Cependant, nous avons réalisé de réels progrès et les perspectives sont encourageantes.
Afin de faire face à la pénurie de médecins, il est nécessaire d'envisager une ouverture plus large du numerus clausus.
Les classements internationaux indiquent que bien que l'UMF ne soit pas aussi performante que certaines universités françaises, elle se distingue par un taux d'encadrement élevé: avec seulement 7,9 étudiants par professeur, elle est bien mieux placée que la moyenne nationale qui est environ deux fois plus élevée. Théo, qui s'est inscrit à Marseille, explique que les cours magistraux sont donnés dans trois amphithéâtres différents en raison du grand nombre d'étudiants. Par conséquent, les deux tiers des étudiants optent pour des cours en ligne. Le député des Hauts-de-Seine, Philippe Juvin, anesthésiste hospitalier, exprime son mécontentement à l'égard du numerus clausus en déclarant: "J'ai eu des internes de Cluj, et ils sont très compétents!" Et Théo ajoute: "En général, nous n'avons aucun problème pour trouver des stages en France."
La bataille des étudiants de Cluj est de retour au pays. En septembre dernier, un article de Ouest-France avait fait sensation parmi les étudiants, avec pour titre: "C'est incroyable! Une stagiaire en médecine, étudiante en Roumanie, a été privée de stage en France." Une situation compliquée au niveau du calendrier menaçait cette jeune femme de ne pas pouvoir passer les épreuves classantes. Heureusement, cette affaire a finalement été résolue. Cependant, de nombreux obstacles se dressent sur notre chemin, déplore Théo. Certains étudiants renoncent même à rentrer en France et préfèrent s'installer temporairement en Allemagne ou en Suisse pendant leur stage, car les conditions de travail des internes y sont bien meilleures, raconte Claire, étudiante en cinquième année.
A-t-on l'éventualité d'une pénurie de médecins à Paris ?
Le représentant de l'ambassade de France, qui était présent lors de la rentrée, a souhaité rassurer les étudiants en déclarant: "Nous nous assurons de la reconnaissance du diplôme en France." Cependant, il s'agit d'un lobbying à peine dissimulé. En effet, bien que le droit européen soit applicable en Roumanie et que les diplômes roumains bénéficient de toutes les équivalences nécessaires pour un retour facile, il y a parfois quelques problèmes. C'est pourquoi l'association des étudiants a dû attaquer la France devant le Conseil d'État afin d'obtenir l'accès à la plateforme de préparation aux examens internes. "C'est une raison supplémentaire de préférer Cluj, la seule université européenne à avoir obtenu ce droit", se vante Sorin Man.
La ville d'Orléans a trouvé une solution à Zagreb. Outre les étudiants, d'autres personnes souffrent également du numerus clausus. Dans les régions où il y a une pénurie de médecins, les élus rivalisent d'ingéniosité pour remédier à cette situation. C'est le cas du maire LR d'Orléans, Serge Grouard, qui a fait parler de lui en 2022 en signant un partenariat avec la faculté de médecine de Zagreb. Moyennant des frais d'inscription de 12 000 euros, les étudiants français sélectionnés suivront la moitié de leurs cours à Orléans et l'autre moitié à Zagreb. Une bourse allant jusqu'à 75% est accordée à ceux qui s'engagent à exercer leur profession pendant au moins cinq ans dans la capitale du Loiret après l'obtention de leur diplôme. Cette affaire a suscité des réactions de la part des inspecteurs de l'enseignement supérieur et des doyens des universités de médecine. Cependant, en 2022, 15 étudiants ont commencé leur cursus croato-orléanais, puis 20 de plus en 2023. "Orléans n'avait ni formation ni CHU", explique Florent Montillot, adjoint à la santé. "Nous nous battons depuis des années contre cette injustice, car la région compte moins de médecins généralistes que partout ailleurs et la population vieillit de plus en plus." Finalement, la polémique s'est transformée en un succès politique, puisque la ville d'Orléans a obtenu l'ouverture d'une filière de médecine et la transformation de l'hôpital régional en CHU, dont la convention a été signée le 12 octobre.
Alice Mérieux (correspondante à Cluj)
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