Défis Société Grande distribution
Nouveau directeur du casino sous la direction de Kretinsky révèle sa stratégie pour redresser l'entreprise.
Après avoir été racheté par Daniel Kretinsky mercredi dernier, le groupe de distribution a mis fin à l'influence de Jean-Charles Naouri et s'apprête à se transformer. Cependant, la tâche de relancer l'entreprise s'annonce difficile, que ce soit en rénovant les magasins ou en mettant en place un plan de restructuration. Challenges a eu l'occasion de discuter de ce défi avec le nouveau directeur général Philippe Palazzi.
Les objectifs du nouveau directeur général du groupe Casino, Philippe Palazzi, se résument en trois parties : sauver l'entreprise, la redresser et la faire prospérer.
En se rendant au restaurant parisien, Philippe Palazzi affiche un regard déterminé et un léger accent chantant. Originaire d'Aix-en-Provence, il est le nouveau directeur général de Casino, en poste depuis le 27 mars suite à la prise de contrôle du groupe par un consortium dirigé par Daniel Kretinsky. Au cœur de l'agitation politico-financière entourant l'entreprise, Palazzi s'attelle à sa mission difficile : redynamiser la société stéphanoise après 125 ans d'existence, trente ans de direction par Jean-Charles Naouri et douze mois de lutte pour éviter la faillite. Son programme, en tant qu'ancien dirigeant de Metro et Lactalis, vise à sauver, redresser et faire croître le groupe Casino. Cependant, il sait que le chemin sera semé d'embûches.
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Tout d'abord, il y a une situation d'urgence sociale à considérer. Depuis que Philippe Palazzi a accepté le poste l'été dernier jusqu'à sa nomination ce printemps, l'entreprise a dû vendre ses supermarchés et hypermarchés en raison de pertes importantes. Ce qui reste sont les magasins Monoprix, Franprix, les supérettes de proximité (Vival, Spar, Petit Casino…) et le site de commerce en ligne Cdiscount.
Depuis le mercredi 27 mars, Philippe Palazzi a été nommé directeur général de Casino. La nouvelle a été annoncée par l'AFP et JOEL SAGET.
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Les syndicats sont impatients
Le siège de Saint-Etienne, qui compte 1 800 employés et huit entrepôts, devra être ajusté pour s'adapter à cette nouvelle organisation. L'intersyndicale du groupe Casino craint que 3 000 emplois soient en danger. Lorsque les licenciements ont commencé à se profiler à l'automne, Philippe Palazzi a hésité à rebrousser chemin. Surtout que la situation à Saint-Etienne, une ancienne ville minière déjà touchée par la désindustrialisation, sera étroitement surveillée par le gouvernement. Pour calmer le jeu, le futur dirigeant met en avant l'aspect humain. "Je suis l'un d'entre eux !" affirme celui qui a débuté sa carrière en tant que chef de rayon.
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Un nouveau dispositif juridique pour améliorer l'indemnisation des employés licenciés est prévu. Cependant, les syndicats sont impatients. "Nous ne serons informés de rien avant la mi-avril", déclare Jean Pastor, représentant de la CGT pour l'intersyndicale Casino. Avec le changement de direction, les mensonges ont simplement été remplacés par d'autres mensonges. L'avenir du dialogue social semble incertain.
Un manque d'engagement financier
Le redémarrage des activités commerciales est également en difficulté dans une entreprise qui se concentre désormais sur de petits magasins, principalement situés en ville. Philippe Palazzi affirme que le groupe a plus de potentiel en se basant sur la proximité. Les grands magasins comme les hypermarchés sont destinés à diminuer. Ce constat est similaire à celui de Jean-Charles Naouri depuis de nombreuses années.
Avec un taux de marge de 5 à 7 %, Monoprix et Franprix sont considérablement plus rentables que d'autres actifs français du groupe. Cependant, il est nécessaire de redynamiser ces deux enseignes. En cinq ans, la part de marché combinée de Monoprix et Franprix a diminué de 3,5 % à 2,4 %, selon Kantar. Selon Guy-Noël Chatelin, associé chez EY-Parthenon, Monoprix est perçu comme une enseigne trop chère, avec des prix supérieurs de 15 à 20 % à ceux de Leclerc.
Yves Marin, partenaire chez Bartle, explique que ces dernières années, les rénovations de magasins ont été freinées en raison d'un manque d'investissement. Philippe Palazzi préfère mettre l'accent sur l'attrait de ses magasins plutôt que de baisser les prix. Il souligne l'importance du commerce de proximité dans les zones rurales, en soulignant la nécessité de certains services publics tels que les bureaux de poste ou les boulangeries dans ses futurs magasins.
Améliorer le réseau de franchises
Cependant, les coûts liés aux rénovations des magasins, aux indemnités du plan social, aux baisses de prix et à la relance de la publicité et du marketing vont être élevés. Le consortium dirigé par Daniel Kretinsky prévoit d'investir 1,6 milliard d'euros d'ici à 2028. Selon un expert de l'enseigne, il faudrait entre 1 et 1,5 milliard d'euros rien que pour rénover Monoprix.
Afin de réduire les dépenses, Philippe Palazzi souhaite améliorer la collaboration entre les différentes marques du groupe, en maintenant les dirigeants actuels. Karine Sanouillet, spécialiste du secteur, explique que chaque branche était gérée de manière indépendante, sans regroupement des fonctions.
Le groupe Casino a également choisi de se tourner vers la franchise pour réaliser des économies, à l'image de Carrefour. Lors d'une présentation cet été, il a été expliqué que 500 à 600 magasins de proximité seraient basculés sous ce modèle. Philippe Palazzi a déclaré : "Nous allons également démarcher les franchisés de la concurrence et les convaincre." Cependant, pour être un franchiseur attrayant et réussir dans la guerre des mètres carrés, cela ne sera pas facile. Un ancien conseiller franchise du groupe souligne que, en raison des prix de gros pratiqués par Casino, un franchisé Franprix peut parfois trouver avantage à acheter ses produits dans un hypermarché Leclerc.
Daniel Kretinsky, un investisseur, est impliqué dans le secteur financier. La collaboration dans les achats entre Casino, Intermarché et Auchan renforcera l'attrait pour les entrepreneurs de se joindre au groupe de Saint-Étienne. Kretinsky n'écarte pas la possibilité de travailler avec le grossiste Metro, dont il détient la majorité des actions.
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Au milieu de ces projets en cours, il sera nécessaire de redynamiser Cdiscount. Selon le consultant Gilles Goldenberg, le départ d'Emmanuel Grenier, PDG historique, pour Carrefour est préoccupant. Philippe Palazzi, quant à lui, est confiant dans la transformation du site en une plateforme de vente en ligne, qui est en cours. Cependant, il faudra également obtenir le soutien des actionnaires pour y parvenir.
Philippe Palazzi assure que Daniel Kretinsky est un investisseur qui pense sur le long terme. Cependant, Jean Pastor de la CGT n'est pas convaincu et affirme que Kretinsky est un financier et non un commerçant. Il cite l'exemple de Naouri qui a eu des conséquences néfastes sur ses magasins. Philippe Palazzi admet que Casino n'a pas encore été sauvé.
Philippe Palazzi se retrouve sous les projecteurs.
Il est souvent dit que le secteur de la grande distribution est l'un des rares endroits où la mobilité sociale est encore possible. L'histoire de Philippe Palazzi, qui a été nommé directeur général de Casino, en est un exemple frappant. Originaire d'Aix et d'origine corse, il a commencé sa carrière en tant que chef de rayon chez le grossiste allemand Metro juste après son BTS en action commerciale. Il souligne que ce sont des métiers où l'on peut rapidement prendre des responsabilités et gérer des budgets, ce qui est rare. En parallèle, il a poursuivi sa formation avec des études à HEC et à la London School of Economics, tout en occupant des postes internationaux à Budapest et Milan. Il a gravi les échelons jusqu'à devenir président de Metro France et faire partie du comité exécutif du groupe dirigé par Daniel Kretinsky.
En 2020, il a pris un grand risque en rejoignant la direction générale de Lactalis, une entreprise agroalimentaire très connue. Il est rare pour les dirigeants de la grande distribution d'avoir une telle expérience, ce qui montre son expertise. Cependant, des désaccords stratégiques avec le président Emmanuel Besnier l'ont poussé à quitter l'entreprise. Après avoir occupé des postes importants mais discrets, Philippe Palazzi devrait maintenant être sous les projecteurs en menant sa mission chez Casino.
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