Canal+ a adopté une stratégie agressive depuis un certain temps, en se retrouvant souvent en conflit avec ses partenaires et les autorités. Cependant, la filiale de Vivendi montre maintenant ses faiblesses, juste avant son introduction en bourse à Londres.
Direction Londres ! Dans le cadre du plan de séparation de Vivendi qui a été approuvé lors de l'assemblée générale de ce lundi, Canal+ fera son entrée en Bourse outre-Manche le 16 décembre prochain. C'est le début d'une nouvelle ère pour la chaîne cryptée. Cependant, juste avant son introduction en Bourse, la direction de Canal+ a surpris en annonçant le retrait de ses quatre chaînes payantes de la TNT. Dans un communiqué concis, elle explique que cette décision découle du retrait de C8 par l'Arcom et des contraintes fiscales et réglementaires croissantes. Ce retrait sera effectif en juin prochain.
Le bras de fer prolongé avec le monde du football français
L'annonce de cette décision, bien qu'urgente, n'est pas surprenante. Cela fait près de dix ans que le PDG, Maxime Saada, met en place une stratégie. Depuis sa nomination en 2015, il a mené à bien la restructuration de Canal+ voulue par Vincent Bolloré. Sous sa direction, la chaîne cryptée, fortement déficitaire, est devenue une plateforme de streaming rentable, regroupant les services de grands acteurs tels qu'Apple ou Disney. Il a également réorganisé l'offre de programmes, en particulier dans le domaine du sport, en imposant sa volonté. Après un long bras de fer avec les instances du football français, il a mis fin à la relation de longue date entre la Ligue 1 et Canal+, qui se concentre désormais sur le rugby et la Formule 1.
Cependant, est-ce que la machine Canal est en train de rencontrer des difficultés ? En annonçant la suppression de 250 postes après son retrait de la TNT, la direction de Canal+ montre des signes d'instabilité qui vont au-delà du refus de l'Arcom de renouveler la fréquence de C8. La chaîne gratuite sur la TNT avait été avertie à plusieurs reprises par l'autorité de régulation pour les dérapages observés à l'antenne, principalement ceux de son présentateur phare, Cyril Hanouna.
Communication au marché
Selon un membre du syndicat du groupe, les véritables motifs ne sont pas ceux avancés : "Les présentations financières pour promouvoir l'introduction en bourse n'ont pas suscité l'enthousiasme des investisseurs, il était nécessaire d'envoyer un message aux marchés". Le modèle économique est désormais remis en question. Les coûts de production, principalement liés aux programmes, s'élèvent à environ 2 milliards d'euros, dont la moitié pour les sports et l'autre moitié pour le cinéma et les séries. "Les dépenses dépassent les recettes", confie un cadre de l'entreprise.
Le plan d'économie est devenu essentiel pour Maxime Saada, qui est également en train de perdre sa bataille fiscale avec l'administration depuis plus de trois ans. En devenant agrégateur de contenu, Canal+ n'est plus éligible au régime fiscal avantageux des chaînes de la TNT, avec une TVA réduite à 10 %. Le gouvernement pourrait donc réclamer 650 millions d'euros au groupe. Cela pourrait avoir de graves conséquences sur le modèle économique de Canal+ avec une TVA à 20 %, juste avant son entrée en Bourse à Londres.
Le groupe est en conflit latent avec l'industrie du cinéma, menaçant de lui faire subir le même sort que le football et de se retirer complètement. Il évoque la possibilité de revoir son investissement de 200 millions d'euros dans le cinéma français, ce qui est perçu comme une forme de chantage par l'Autorité de la concurrence. De plus, Disney a décidé de rompre son partenariat avec le groupe à partir du 1er janvier, ce qui fragilise le modèle d'agrégateur de plateformes mis en place par le groupe. L'entrée en Bourse de Londres sera un moment crucial pour Canal+ et son management.
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