Suite à la décision de ne plus rembourser l'homéopathie, Boiron a choisi un nouveau directeur général. La société lyonnaise, majoritairement détenue par la famille Boiron, revoit son organisation pour la deuxième fois en six mois. Cette décision fait suite à la fragilisation du groupe due au déremboursement de l'homéopathie en France.
Boiron subit les conséquences du déremboursement de l'homéopathie en France, ce qui a un impact important sur l'entreprise. En tant que leader mondial dans ce domaine, le laboratoire basé à Messimy, près de Lyon, contrôlé à 79 % par la famille Boiron, traverse une période difficile et mise sur une nouvelle direction pour s'en sortir. Le conseil d'administration a choisi Pascal Houdayer, diplômé de l'Essec et ayant travaillé chez Orveon Global, Naos ou Henkel Beauty Care, comme nouveau directeur général à partir du 1er janvier 2025, selon l'annonce faite le jeudi 12 décembre.
Pour la deuxième fois en six mois, le groupe a changé de direction : le 3 juillet dernier, Thierry Boiron a pris la tête en remplacement de Valérie Lorentz-Poinsot, qui occupait ce poste depuis plus de cinq ans. Valérie Lorentz-Poinsot restera aux côtés de son successeur en tant que président du holding familial Boiron Développement et directeur général délégué du groupe pour superviser certaines missions particulières, selon un communiqué de Boiron.
Thierry Boiron se félicite de l'arrivée de Pascal [Houdayer] dans l'entreprise et de sa collaboration récente avec lui, soulignant sa connaissance approfondie et son respect pour la culture de l'entreprise. Boiron lui-même a proposé ce changement. Le nouveau dirigeant aura une tâche difficile, car il arrive dans un contexte tendu. Il y a trois semaines, le 21 novembre, Boiron a annoncé un plan de restructuration entraînant la suppression de 145 postes, dont 117 occupés et 28 vacants. En 2021, plus de 500 postes avaient déjà été supprimés par le laboratoire.
Boiron continue de rencontrer des difficultés malgré ses tentatives de diversification rapide, notamment dans les tests du Covid-19 et de la grippe. La fin du remboursement des médicaments homéopathiques par la Sécurité sociale a eu un impact important sur l'entreprise. En 2019, suite à une controverse sur l'efficacité de l'homéopathie lancée par des médecins, l'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn a décidé de mettre fin au remboursement de ces médicaments progressivement. Le taux de remboursement, autrefois de 65 %, a été réduit progressivement jusqu'à atteindre zéro le 1er janvier 2021.
Une mauvaise nouvelle pour l'entreprise basée à Lyon et fondée en 1932. Bien qu'elle soit présente dans 50 pays, elle réalise encore 45 % de son chiffre d'affaires (493,24 millions d'euros en 2023) sur le marché français. Grâce à ses médicaments vendus en tubes de granules sous leur nom latin (Arsenicum album, Apis Mellifica et autres Nux Vomica) et à ses produits spécialisés bien établis dans les armoires à pharmacie familiales, elle domine ses concurrents Lehning et Weleda.
Cependant, les ventes de l'entreprise ont considérablement chuté depuis que le gouvernement a pris cette décision. Boiron a déclaré que les volumes avaient diminué de trois fois en cinq ans, ce qui représente une perte de plus de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires. Cette baisse est due à l'effet du déremboursement qui a entraîné une diminution des prescriptions médicales, en particulier des préparations magistrales. En conséquence, pour s'adapter à ces changements importants et durables, l'entreprise a annoncé un plan de restructuration qui comprend la fermeture de quatre centres de distribution à Clermont-Ferrand, Dijon, Reims et Sophia-Antipolis (73 postes), la fermeture de services dans les établissements de Bordeaux, Marseille, Nancy, Nantes, Rennes, Toulouse et Tours (40 postes) et la suppression de 32 postes dans le secteur des visites médicales.
Le parcours difficile en bourse
La situation est difficile à accepter. Est-ce que les économies réalisées seront suffisantes pour redresser cette grande entreprise fragile, dont le chiffre d'affaires a baissé de près de 8 % en 2023 et le bénéfice net de 20 % (à 35 millions d'euros) ? Rien n'est certain. De plus, les perspectives ne semblaient pas favorables pour le groupe au premier semestre de 2024, avec une forte baisse du bénéfice net de 78,5 % à 3,33 millions d'euros, et une diminution du chiffre d'affaires de 4,8 % à 228,3 millions. Invest securities, cité par l'agence AOF, souligne avec prudence que "les économies réalisées grâce à cette réorganisation n'ont pas été détaillées". En bourse, l'action Boiron continuait de chuter en milieu de journée ce jeudi (-0,19 % à 26,35 euros), après une baisse de 35,35 % depuis le début de 2024.
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