Bluesky, le réseau social "résistant aux milliardaires", a gagné 11 millions de nouveaux abonnés en un mois, passant de 13 millions d'utilisateurs avant les élections américaines à 24 millions aujourd'hui. Cette plateforme, qui se veut une alternative à X (anciennement Twitter), attire de plus en plus de journalistes et de décideurs.
Le cap du million de followers a été franchi par Alexandria Ocasio-Cortez, également connue sous le surnom AOC, sur le réseau social Bluesky le lundi 2 décembre. C'est un grand succès pour la plus jeune femme à avoir siégé au Congrès et un moment important pour ce réseau social qui vise à concurrencer X (anciennement Twitter).
Dans l'univers des réseaux sociaux, la clé du succès réside dans la "masse critique". Sans un nombre suffisant d'abonnés, il est difficile de devenir une plateforme virtuelle prisée par des millions de personnes désireuses d'échanger. Pour les jeunes entreprises, c'est un défi : sans une masse critique, la croissance est compromise, et sans croissance, il est difficile d'atteindre ce seuil tant convoité. Cependant, depuis l'élection de Donald Trump le 5 novembre, Bluesky a réussi à briser ce cercle vicieux. L'arrivée massive des "X-Pats" (expatriés de X) a propulsé le nombre d'abonnés de Bluesky de 13 millions fin octobre à plus de 24 millions aujourd'hui. En novembre, la plateforme gagnait plus d'un million d'abonnés par jour.
Un espace d'accès à internet ouvert est devenu un lieu de prédilection pour de nombreux utilisateurs, notamment les journalistes. De plus en plus, ils abandonnent la plateforme rachetée par Elon Musk en 2022 pour se tourner vers Bluesky. Le quotidien britannique The Guardian, qui possède plus de 80 comptes sur X suivis par 27 millions d'internautes, a annoncé qu'il cesserait de publier du contenu sur X à partir de ses comptes officiels en raison du "contenu souvent dérangeant" qui circule sur le réseau.
Ces renoncements sont à la fois une décision basée sur des valeurs et un choix pratique. Basé sur des valeurs, car Elon Musk est maintenant étroitement lié à Trump et a abandonné toute idée de modération sur sa plateforme, permettant à des comptes nazis de se propager librement ; de manière pratique, Musk limite le partage de liens vers ces articles via X car il ne veut plus que X serve de plateforme pour ces articles. Il souhaite mettre en avant le contenu créé par des "reporters citoyens" – des influenceurs ou citoyens ordinaires qui ne sont pas des journalistes et dont les publications ne renvoient souvent pas à des sources médiatiques.
Bluesky se démarque en offrant un environnement accueillant pour les journalistes, les éditeurs et les créateurs. Contrairement à d'autres plateformes, Bluesky ne favorise pas la promotion des liens. Vous pouvez publier tous les liens que vous souhaitez sur Bluesky, qui se veut être une porte d'entrée vers un internet ouvert, selon Rose Wang, la directrice des opérations de la plateforme.
Faire face à une croissance rapide
Le réseau social Bluesky ne compte pas se financer grâce à la publicité. Il est gratuit pour les utilisateurs de base, mais l'entreprise envisage de proposer des abonnements payants pour générer des revenus. La PDG, Jay Graber, a récemment déclaré à Wired que cela pourrait inclure un niveau premium offrant la possibilité de télécharger des vidéos de meilleure qualité ou d'accéder à des fonctionnalités de personnalisation.
Attention à ceux qui cherchent à prendre le contrôle du réseau ! Sa structure ouverte permet aux utilisateurs de partir avec tous leurs abonnés, ce qui pourrait empêcher toute tentative d'acquisition. Jay Graber explique que la résistance aux milliardaires réside dans la conception du réseau, qui est entièrement open source.
Jusqu'où ira Bluesky dans sa croissance ? Peut-être jusqu'au sommet ? Avec Musk soutenant ouvertement Trump, il est possible que l'entreprise connaisse une croissance exponentielle. Cela signifie que les 20 employés à temps plein (au moment de l'élection présidentielle) vont devoir redoubler d'efforts pour gérer cette expansion rapide. Récemment, Bluesky a augmenté le nombre de modérateurs de contenu avec qui elle travaille, passant de 25 à 100 sous-traitants.
Avec Bluesky, retrouver le fonctionnement d'avant
Au départ un incubateur d'idées au sein de Twitter, Bluesky avait pour objectif de permettre l'interopérabilité entre différentes plateformes, offrant ainsi aux utilisateurs la possibilité de publier leurs messages où ils le souhaitent, dans un environnement de réseaux ouverts. Ce projet a rencontré un succès impressionnant, marquant ainsi le début d'une nouvelle ère où le paysage des réseaux sociaux n'est plus dominé par des géants comme Facebook ou Twitter, mais est désormais partagé entre de nombreux acteurs. Parmi eux, Threads, le réseau de Meta, a également bénéficié de la désaffection de X en attirant 35 millions de nouveaux utilisateurs en novembre.
C'est la fin de l'idée fausse que les réseaux sociaux pourraient servir de laboratoires démocratiques, favorisant un débat d'idées et de faits constructif. Sous la pression de Trump et des républicains, les plateformes ont progressivement abandonné toute tentative sérieuse de modération, en évitant les contenus politiques (comme Meta) ou en laissant se propager les mensonges et les attaques personnelles. Selon la journaliste d'investigation Julia Angwin du New York Times, la montée en puissance des républicains lors des dernières élections a marqué un tournant sur les médias sociaux, avec l'aide d'Elon Musk, propriétaire de X, encourageant la diffusion incontrôlée de propagande. Cela a conduit à une vague de mensonges et de distorsions inondant nos fils d'actualité, résultant en un électorat mal informé sans précédent.
Bluesky, bien qu'encore petit, essaie de retrouver la simplicité du passé. Il cherche à promouvoir des faits et des idées qui méritent d'être discutés et partagés.
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