Arkema : Comment l’entreprise relève les défis pour une chimie plus durable dans nos produits du quotidien

Défis dans le monde des affaires

La stratégie d'Arkema vise à introduire une chimie plus respectueuse de l'environnement dans les produits que nous utilisons au quotidien. Cette démarche est expliquée par Isabelle de Foucaud dans un article publié le 7 novembre 2023 à 7h30. La lecture de cet article prend environ 5 minutes. Cet article est réservé aux abonnés.

En procédant à des ventes et des acquisitions, la société qui était autrefois une filiale de Total s'éloigne de l'industrie chimique traditionnelle, qui est polluante, pour se positionner en tant que leader dans les matériaux de pointe, qui sont moins soumis aux cycles économiques et plus rentables.

Le site de Serquigny en Normandie appartient au groupe chimique Arkema.

Thierry Le Hénaff, avec un sourire satisfait, présente le bilan de son dernier plan stratégique et ses objectifs pour 2028 lors d'une journée d'investisseurs le 27 septembre. Le PDG d'Arkema se félicite d'avoir atteint l'endroit où il voulait être avec leur gamme de solutions. Après plus de dix ans de réorganisation de leur portefeuille de matériaux, le fleuron français de l'industrie chimique est bien positionné pour bénéficier de l'essor du développement durable dans la plupart des secteurs économiques, tels que les batteries, les biocarburants, l'électronique, le style de vie et l'habitat.

En matière de chimie, Arkema souhaite désormais profiter des avantages de sa transition vers une approche plus écologique.

Après avoir été scindé de Total et entré en Bourse en 2006, le groupe s'est diversifié de manière significative. Il a vendu des activités de commodités telles que les produits à base de vinyle (PVC) et a acquis de nouveaux matériaux plus rentables et plus en phase avec les préoccupations de ses clients. En conséquence, il s'est éloigné de plus en plus de la chimie traditionnelle. Thierry Le Hénaff résume cette évolution en indiquant que le groupe a construit son positionnement progressivement, en concentrant ses ressources sur une dizaine de technologies clés à fort potentiel de croissance, comme un puzzle. Cette approche vise à réduire sa dépendance aux fluctuations de la conjoncture mondiale. Cependant, en raison de la baisse de la demande, le bénéfice net du groupe a chuté de 61 % au premier semestre de l'année 2023.

Depuis sa création, Arkema a réussi à doubler son chiffre d'affaires. Le rachat de Bostik, le troisième plus grand fabricant mondial d'adhésifs, pour 1,7 milliard d'euros en 2015 a été un tournant décisif pour l'entreprise. Depuis lors, le groupe a réalisé de belles acquisitions, notamment Ashland en 2022 et Piam en Corée du Sud, le leader mondial des films polyamides utilisés dans les téléphones mobiles et les voitures électriques, l'été dernier. Selon une analyse d'AlphaValue, la forme finale d'Arkema ressemble de plus en plus à la perfection, grâce à un travail acharné similaire à celui des sculpteurs Michel-Ange ou Rodin. Autrefois considérée comme le vilain petit canard en raison de sa forte exposition aux marchés cycliques, l'entreprise est maintenant beaucoup plus résistante.

Depuis sa fondation, Arkema a augmenté son chiffre d'affaires (11,5 milliards d'euros en 2022) et sa marge d'Ebitda est passée de 7,3 à 18,3 %. Les matériaux spécialisés représenteront 100 % du chiffre d'affaires en 2024, contre 91 % l'année dernière. Le PDG du groupe indique que la finalisation du désengagement de ses activités restantes dans la chimie intermédiaire, les gaz fluorés et les acryliques en Chine, est encore en cours. Arkema a investi 650 millions d'euros par an dans ses installations industrielles et prévoit de réinvestir 3,8 milliards d'euros d'ici 2028 pour accélérer aux États-Unis et en Asie. Selon Jörg Ohleyer, associé chez Kea & Partners, "pour Arkema, tout comme pour son concurrent belge Solvay et l'industrie chimique européenne, l'enjeu est de retrouver une maîtrise et une souveraineté dans les matériaux de demain, tout en faisant des choix économiquement viables".

Certains produits utilisés dans les robots ménagers et les baskets sont fabriqués à partir de rilsan, un polyamide 100% biosourcé dérivé de la plante de ricin. L'histoire de ce produit remonte aux années 1930. Deux chercheurs de la société Organico, basée à Nanterre, ont eu l'idée de transformer l'acide undécylénique, un dérivé organique de l'huile de ricin, en une molécule amino-acide. Cette molécule peut ensuite polymériser pour créer un nouveau polyamide qui possède des qualités différentes de celles des concurrents américains et allemands.

Les premières fibres de polyamide 11 ont été créées pendant la Seconde Guerre mondiale et, une fois que le processus de production a été développé, une usine a été établie à Serquigny en Normandie. Le polyamide 11 est appelé Rilsan, en référence à la rivière Risle qui longe l'usine et qui a commencé sa production en 1949. Dans un premier temps, il a été utilisé principalement dans l'industrie textile, mais au fil du temps, il a été développé pour des applications "plastiques". Aujourd'hui, il est utilisé dans la fabrication de câbles électriques, de robots ménagers, de brosses à mascara et de conduites d'eau.

L'année dernière, nous avons enregistré 244 brevets, dont 92 % sont liés à des matériaux durables. Ces matériaux sont plus légers, ce qui réduit la pollution et la consommation lors de leur transport, et ils sont également 100 % recyclables, ce qui permet de les réutiliser. Frédéric Cavicchi, médiateur scientifique d'Arkema, se réjouit de cette avancée en parcourant les présentoirs des innovations exposées lors de la journée des investisseurs. Un exemple concret est l'élastomère Pebax, qui a été adopté par de grandes marques du sport, telles que Decathlon, qui l'utilise dans ses baskets de course Kiprun KD900X. Anthony Dulieu, directeur de la marque, explique que ce matériau répondait à leur besoin d'allier légèreté et dynamisme, tout en garantissant une durée de vie suffisante. Des tests en laboratoire ont confirmé une durabilité de plus de 1 000 kilomètres.

Arkema, qui cherche à rendre son portefeuille plus écologique, fait face à des controverses concernant les "polluants éternels" présents dans l'eau du Rhône. Malgré ses efforts pour atteindre un chiffre d'affaires d'environ 12 milliards d'euros d'ici 2028, le groupe est confronté à une nouvelle plainte déposée en mai dernier par des associations et des maires. Cette plainte accuse le groupe de causer des dommages à la santé et à l'environnement sur son site de Pierre-Bénite, près de Lyon.

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