Difficultés Société Secteur de la consommation de masse
L'année 2023 a été très difficile pour l'industrie du prêt-à-porter en France. Selon Laure Croiset, cette période a été marquée par de nombreux problèmes. Le texte a été publié le 27 décembre 2023 à 09h00 et mis à jour le 26 décembre 2023 à 10h45. Sa durée de lecture est de 9 minutes. Il est réservé aux abonnés.
Les marques Naf Naf, Kookaï, et Don't Call Me Jennyfer rencontrent des difficultés en 2023, suite à la chute de Camaïeu en 2022. Cette année est donc très difficile pour les enseignes de mode de milieu de gamme en France.
Des passants se trouvent devant l'entrée d'un magasin de vêtements Kookai le 24 février 2014 dans la ville française du nord, Lille. La photo a été prise par Philippe HUGUEN / AFP.
C'est une véritable catastrophe. Au cours de l'année 2023, plus de dix marques telles que Naf Naf, Kookaï, Don't Call Me Jennyfer et Sergent Major ont été placées en redressement judiciaire, tandis que d'autres ont été liquidées. Yann Rivoallan, président de la Fédération Française du Prêt-à-porter féminin, s'inquiète du fait qu'après la disparition de Camaïeu, plus de 10 000 emplois ont été perdus dans le secteur de la mode en France. De son côté, l'IFM – Institut Français de la Mode constate en novembre une baisse de 4,9 % du chiffre d'affaires des entreprises de l'habillement et du textile par rapport à novembre 2019.
En général, au cours des onze premiers mois de l'année 2023, il n'y a eu qu'une augmentation de 0,3% en termes de valeur par rapport à la même période de l'année précédente. Cela signifie qu'en tenant compte de l'inflation, il y a eu une diminution des quantités.
Variation en pourcentage de la consommation d'habillement et de textile de novembre 2023 par rapport à novembre 2022. Source: IFM Panel (Panel des distributeurs de l'Institut Français de la Mode).
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À l'encontre de San Marina et Camaïeu, il existe quatre exemples inspirants dans l'industrie de la mode en France.
Les marques de milieu de gamme sont les plus touchées, car elles sont prises entre les marques de luxe abordables comme Sézane ou Ba & sh, qui ont une portée internationale et les acteurs chinois de la mode ultra-rapide comme Shein et Temu, qui continuent de prendre des parts de marché. Yann Rivoallan analyse qu'il y a un véritable clivage entre les personnes qui ont encore besoin de surconsommer et celles qui revendiquent une conscience écologique.
Aucun repreneur n'a proposé une offre de reprise "globale" pour la chaîne de magasins française Burton of London lors du dossier de redressement judiciaire. Le groupe a été acquis pour un euro symbolique à la fin de 2020 par l'entrepreneur Thierry Le Guénic, qui possède également Habitat, dont la liquidation pourrait être annoncée à la fin de décembre. En octobre, Burton of London a été placé en procédure de sauvegarde. La société compte 52 magasins et emploie 198 personnes. Son chiffre d'affaires pour 2023 est estimé à 34,3 millions d'euros, contre 50,1 millions en 2021. La direction travaille actuellement sur un "plan alternatif de continuation".
En septembre, Orcanta a été mis en liquidation. L'enseigne de lingerie, créée en 1996 au sein du groupe PPR et appartenant depuis à la société anonyme Rouafi, a été placée en redressement judiciaire le 28 juin par le tribunal de commerce de Paris. Maintenant, les quinze boutiques Orcanta, qui employaient soixante personnes, ainsi que le site de commerce en ligne, sont fermés.
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Un projet de reprise pour Kaporal
Au milieu du mois de juillet, le tribunal de commerce de Marseille a approuvé le projet de reprise de la marque de vêtements Kaporal par trois de ses cadres. Cette offre, qui a été choisie comme étant la meilleure, permettra la reprise de 78 des 85 magasins et le maintien de 395 employés permanents sur 434. Fondée en 2004 par une famille de Marseille spécialisée dans les jeans, l'entreprise avait demandé en mars à être placée en redressement judiciaire en raison de difficultés économiques insurmontables, qui l'empêchaient d'assumer seule le paiement de ses dettes. En 2022, son chiffre d'affaires s'élevait à 99 millions d'euros.
La marque de prêt-à-porter Kookaï, créée en France en 1983, a été partiellement rachetée par la société française d'habillement Antonelle-Un jour ailleurs. Cette acquisition a eu lieu en février après que Kookaï a été placée en redressement judiciaire. Le tribunal de commerce de Paris a décidé de céder la marque à Antonelle-Un jour ailleurs, qui a été choisi parmi six autres candidats, dont le groupe Beaumanoir. Grâce à cette acquisition, Antonelle-Un jour ailleurs reprendra 16 magasins, 17 corners et sauvegardera 70 emplois. Kookaï emploie actuellement 220 salariés, dont 180 en contrat à durée indéterminée, en France. La marque détient également une centaine de magasins dans le pays. En 2022, Kookaï a réalisé un chiffre d'affaires de 45 millions d'euros, enregistrant une augmentation de 18% par rapport à 2021, mais une baisse de 25% par rapport à 2019.
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Un plan de redressement pour Don’t Call Me Jennyfer
Suite à une hausse soudaine des coûts et à une inflation rapide, Don’t Call Me Jennyfer, une enseigne de prêt-à-porter féminin employant plus de 1 000 personnes, a été placée en redressement judiciaire en juin. En mi-octobre, la direction de l'entreprise a annoncé son intention de présenter un plan de redressement, qui sera dévoilé aux représentants du personnel d'ici la fin de l'année, puis présenté au tribunal par la suite. Selon un porte-parole, ce plan vise à préserver le plus grand nombre d'emplois et de magasins possible, ainsi qu'à élargir la clientèle cible. Fondée en 1984, Don’t Call Me Jennyfer compte 17 millions de visiteurs par an sur sa plateforme en ligne et dispose de 220 magasins en France. La marque a été rachetée en 2018 par un groupe d'investisseurs dirigé par Sébastien Bismuth, également président de Celio France. Celui-ci a également dépensé 1,8 million d'euros pour tenter de relancer la marque Camaïeu.
Le 15 décembre 2016, les gens vont faire du shopping dans un magasin de vêtements Jennyfer à Abidjan. Le premier magasin Jennyfer en Côte d'Ivoire a ouvert à Abidjan le 15 décembre 2016. En poursuivant "sa stratégie d'expansion internationale", le groupe fait partie de plusieurs grandes marques françaises attirées par le dynamisme du marché ivoirien. (Photo par Sia KAMBOU / AFP) Crédit: AFP / SIA KAMBOU
Il existe également une nouvelle opportunité pour augmenter ses revenus : devenir actionnaire de l'entreprise pour laquelle on travaille.
Naf Naf a décidé de fermer 17 de ses magasins. La marque de vêtements pour femmes de milieu de gamme a été placée en redressement judiciaire en septembre. En octobre, elle a présenté un nouveau plan social qui met en péril 87 emplois dans les boutiques et plus de 30 au siège. À cela s'ajoute la fermeture de la boutique de Nice prévue pour fin janvier 2024 et celle de Boulogne prévue pour fin mars 2024. Fondée en 1973 par les frères Patrick et Gérard Pariente, Naf Naf est désormais détenue par le groupe SY International, franco-turc. Elle employait 660 personnes en France et possédait 135 magasins. Malgré un chiffre d'affaires de 141 millions en 2022, l'enseigne est fortement endettée, notamment en raison de loyers impayés depuis 2020.
Le 25 janvier 2017, un homme passe devant l'entrée d'un magasin de vêtements Naf Naf à Dunkerque, dans le nord de la France, un jour après l'annonce du groupe de mode français Vivarte (La Halle, André, Caroll, San Marina, Naf Naf…) de la cessation de la marque André et Naf Naf et de la suppression de plus de 700 emplois. (Photo de PHILIPPE HUGUEN / AFP) Crédit: AFP / PHILIPPE HUGUEN
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Minelli, une enseigne spécialisée dans la vente de chaussures, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Marseille en septembre. Cette mesure vise à préparer la cession de l'entreprise à un nouvel actionnaire afin d'assurer une continuité d'activité optimale. Stéphane Collaert, en collaboration avec Laurent Portella, avait déjà racheté la marque de chaussures marseillaise San Marina, qui avait été liquidée en février, entraînant la perte de 650 emplois dans 160 boutiques. Minelli, de son côté, compte 500 employés et possède 120 boutiques et corners en France. Cependant, tout n'est pas perdu, car deux repreneurs sont intéressés par l'entreprise. Le tribunal de commerce de Marseille rendra son verdict le 8 janvier prochain.
Pimkie, une enseigne de mode féminine, prévoit de fermer 50 de ses magasins d'ici 2024. En février, l'entreprise a été rachetée par le consortium Pimkinvest, après avoir appartenu à la famille Mulliez. En mars, Pimkie a annoncé son intention de fermer 64 boutiques et de supprimer progressivement 257 postes d'ici 2027. Afin de remédier à sa situation difficile, l'entreprise prévoit de mettre en place un nouveau plan de sauvegarde de l'emploi au début de l'année 2024. Selon les informations de L'Informé, l'enseigne envisage la fermeture de cinquante magasins en 2024.
Cette photo prise le 8 janvier 2018 montre l'enseigne de la société de prêt-à-porter "Pimkie" sur le bâtiment de l'entreprise à Villeneuve d'Ascq, dans le nord de la France. La direction de la chaîne de prêt-à-porter féminin Pimkie (groupe Mulliez) a présenté aux représentants élus du personnel un projet de suppression de 208 emplois, via un plan de départ collectif, selon des sources syndicales. Ce projet, présenté lors d'une réunion du Comité Central d'Entreprise au siège de Pimkie à Villeneuve d'Ascq (Nord), est la première application d'un dispositif créé par les "Ordonnances Macron" réformant le Code du Travail, publiées en septembre 2017. Crédit photo: AFP / DENIS CHARLET
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Les marques de vêtements pour enfants telles que DPAM et Sergent Major sont également touchées par des difficultés financières. En juin, Du Pareil Au Même a été placé sous la protection du tribunal pour tenter de redresser sa situation, suivi en décembre par l'enseigne Sergent Major. Ces deux marques font partie du groupe Générale pour l'Enfant (GPE). Par ailleurs, la marque Bonton, qui était en difficulté depuis octobre, a été reprise par la famille Zannier, ancienne propriétaire du groupe Kidiliz. Bonton compte actuellement 7 boutiques, emploie 86 personnes et réalise un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros.
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Malgré les résultats indéniables de cette année, les acteurs de l'industrie de la mode refusent de se laisser abattre. Yann Rivoallan exprime sa confiance en affirmant que l'Europe est le continent le plus prometteur dans le domaine de la mode, avec des marques telles que Kiabi, Zara, Chanel et Hermès. Il souligne cependant la nécessité d'être attentif et de s'adapter aux mutations de ce monde, marqué par la digitalisation et l'intelligence artificielle. Alors, est-ce que 2024 sera l'année du renouveau pour la mode en France ?
Entreprise Vivarte
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