Les trois défis de Cécile Guillou et des Zouari pour pérenniser la cash machine Picard

Pour assurer la pérennité de Picard sous la direction de Moez-Alexandre Zouari, plusieurs défis doivent être relevés. Il s'agit notamment de réduire le taux d'endettement, de poursuivre le développement à l'étranger et de rajeunir la clientèle de l'entreprise.

Le leader du secteur des surgelés, Picard, maintient sa croissance régulière. Au cours de son dernier exercice, clôturé en mars 2024, son chiffre d'affaires a augmenté, atteignant 1,8 milliard d'euros (+5 %). Malgré l'augmentation des prix de l'énergie l'année dernière, qui a ajouté 22 millions d'euros à ses coûts, son excédent brut d'exploitation avant loyer (Ebitda) reste solide, à 286 millions d'euros (-3 %). Avec une marge de 15,9 %, Picard surpasse largement les distributeurs alimentaires traditionnels tels que Carrefour, qui sont trois fois moins performants. Selon l'analyste de Standard & Poor's Global Rating, la barre des 300 millions d'euros d'Ebitda pourrait être franchie lors du prochain exercice, avec la fin de l'augmentation des prix de l'énergie.

Une autre information positive est que depuis le mois de mars, il y a de plus en plus de clients qui viennent. La présidente de l'enseigne, Cécile Guillou, explique que ces six derniers mois ont été marqués par la fin de l'inflation, ce qui a permis une augmentation du nombre de clients et des ventes, de 1 à 5 %. Selon la présidente, l'enseigne est en bonne santé et bien gérée.

Moez-Alexandre Zouari, entrepreneur, devrait bientôt acquérir la totalité de l'entreprise spécialisée dans les surgelés en début 2025, passant ainsi de 49% à 100% de possession, grâce à son entreprise IGZ soutenue par le fonds ICG, pour un montant d'environ 948 millions d'euros. Avec également 200 magasins Franprix et Monoprix à son actif, il contrôlera une entreprise lucrative grâce à ses marques propres rentables et à la faible quantité de produits gaspillés grâce à la congélation.

En vue d'une réduction de la dette

Moez-Alexandre Zouari et Cécile Guillou sont confrontés à trois défis majeurs. Le premier concerne la dette, qui demeure élevée, s'élevant à 1,7 milliard d'euros. C'est un point faible pour cette entreprise qui a souvent changé de propriétaires. En conséquence, S&P Global Ratings a récemment abaissé ses perspectives sur l'entreprise de "stables" à "négatives" en raison de l'augmentation de l'endettement suite à son rachat. Selon les estimations de l'analyste, la dette devrait atteindre 8,4 fois l'excédent brut d'exploitation, contre 7,5 fois cette année.

S&P Global Ratings indique cependant que la fin de la pression pour distribuer des dividendes, imposée par l'ancien actionnaire majoritaire, le fonds Lion Capital, devrait conduire à une réduction de la dette à moyen terme. L'approche financière future d'IGZ pour désendetter Picard est en ligne avec la stratégie de gestion d'actifs d'ICG et correspond à l'objectif déclaré de la famille de diminuer la dette brute. Selon l'analyste, Cécile Guillou, la dette actuelle de l'entreprise est gérable par rapport à son Ebitda et à sa capacité à générer des liquidités. La présidente ne cherche pas à effacer la dette immédiatement, mais plutôt à la réduire progressivement.

Encore des opportunités en France

Le deuxième défi pour Picard, une marque française avec 50 ans d'histoire, est de s'étendre à l'international. Malgré plusieurs tentatives infructueuses, l'entreprise se focalise principalement sur la France, la Belgique francophone et le Luxembourg. Quelques magasins sont également présents au Japon, gérés par le groupe Aeon, et un partenariat avec Ocado permet à Picard d'être présente dans les supermarchés britanniques.

Actuellement, l'entreprise ne prévoit pas de relancer son expansion – Cécile Guillou se concentre plutôt sur l'amélioration de son service à la clientèle international actuel. De plus, la PDG croit en la croissance de son enseigne en France. Elle ne compte que 1 200 magasins en France – juste un peu plus que Franprix, qui est principalement concentré à Paris, alors que Picard est présent dans tout le pays. Le spécialiste des surgelés a particulièrement à cœur de se développer dans la grande ceinture parisienne.

Le végétarisme est une tendance populaire qui se développe de plus en plus. Un point important à souligner est le rajeunissement des clients de Picard. En moyenne, les clients de Picard ont 52 ans, ce qui est plus âgé que dans d'autres magasins. Cependant, Cécile Guillou a des stratégies pour attirer les jeunes urbains. Tout d'abord, Picard est reconnu pour son offre végétarienne, qui est très appréciée par les jeunes (41 % des végétariens français ont moins de 35 ans, selon l'Ifop). Picard propose un total de 185 références végétariennes en rayon. Pour Noël, l'enseigne proposera à nouveau son "délice végétal" – un faux foie gras végétarien très apprécié. Cécile Guillou souligne que le végétarisme est une tendance de fond et que Picard travaille constamment sur ses recettes pour offrir des plats savoureux et variés, même pour les végétariens.

Une autre stratégie pour attirer les jeunes est la pause déjeuner. Proposée à partir de 5 euros, elle cible particulièrement les étudiants en leur offrant des repas chauds, contrairement à de nombreuses boulangeries qui ne proposent qu'une formule sandwich à 8 euros. De plus, Picard propose la livraison à domicile via Uber Eats et installe des distributeurs automatiques de ses plats dans les campus de certaines grandes écoles. Les résultats sont visibles : 28% des nouveaux employés de l'entreprise ont moins de 30 ans, un taux deux fois plus élevé que la moyenne actuelle. Picard travaille en douceur pour améliorer ses points faibles et reste déterminé à rester une entreprise très rentable.

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