Est-ce que les Français pourront voyager en train pendant les vacances de Noël ? À la fin de novembre, tous les syndicats de la SNCF avaient appelé à une grève reconductible à partir du mercredi 11 décembre à 19 heures. Cependant, la direction de la SNCF a depuis conclu plusieurs accords et a fait des concessions. Cela a contribué à apaiser la tension, bien que des mouvements sporadiques restent possibles.
Sauf imprévu, les trains devraient circuler normalement pendant la période de Noël. En novembre, les principaux syndicats de la SNCF avaient appelé à une grève reconductible à partir du mercredi 11 décembre. Cependant, l'Unsa et la CFDT ont annulé leur appel après avoir trouvé un accord avec la direction. Seules la CGT-Cheminots et SUD-rail maintiennent leur préavis de grève. Ainsi, le groupe ferroviaire prévoit un trafic "normal" pour le jeudi 12 décembre sur les lignes TGV et Ouigo, avec quelques perturbations légères sur les lignes régionales, où 8 trains sur 10 devraient être en circulation en moyenne. Au niveau local, la SNCF annonce des perturbations sur certaines lignes.
Éviter de revivre les perturbations de 2019
Pour rassurer les usagers et réjouir Jean-Pierre Farandou, le PDG a multiplié ses interventions médiatiques ces derniers jours afin d'éviter de revivre les perturbations de 2019. À cette époque, la mobilisation des cheminots contre la réforme des retraites avait fortement perturbé les fêtes de fin d’année. Le ministre démissionnaire des Transports, François Durovray, s'est félicité d'avoir mené de nombreuses rencontres avec les syndicats des transports pour dialoguer, apaiser les tensions et trouver des solutions.
L'importance de l'écoute et de la communication a été démontrée : après une réunion avec les syndicats, je félicite l'UNSA et la CFDT pour leur décision de annuler la grève SNCF prévue pour le 11 décembre. Leur responsabilité est louable et va dans le sens de…
Le fait d'écouter et de dialoguer est bénéfique : suite à une réunion récente que j'ai eue avec les syndicats, je salue la décision de l'UNSA et de la CFDT de retirer leur appel à la grève SNCF du 11 décembre. Cela montre leur sens des responsabilités et va dans le bon sens.
Afin de apaiser les protestations des employés des chemins de fer et leurs demandes variées, la direction de la SNCF, en collaboration avec le gouvernement – pour éviter un autre conflit avec Matignon – a dû une fois de plus faire des concessions.
Trois sujets importants étaient en discussion depuis l'automne. D'une part, il était question d'instaurer un moratoire sur la suppression de Fret SNCF, une entreprise qui emploie 4 500 personnes et dont le transfert vers deux nouvelles sociétés, Hexafret et Technis, était prévu pour le 1er janvier. La disparition de Fret SNCF et son remplacement par ces deux nouvelles sociétés, qui se concentreraient sur une partie de l'activité tandis que le reste serait confié à des concurrents, étaient les solutions envisagées par l'Etat et la direction du groupe pour éviter de devoir rembourser 5,3 milliards d'euros d'aides d'Etat illégales. La Commission européenne reprochait en effet à la SNCF d'avoir versé ces aides à sa filiale. Un tel remboursement aurait conduit à la faillite de l'entreprise.
Le groupe de syndicats voulait arrêter le processus de transformation de SNCF Voyageurs en filiale, qui a été déclenché par la mise en concurrence des lignes régionales (TER, Intercités, Transiliens). En plus de cela, il y a des demandes habituelles d'augmentation de salaire dans le cadre des négociations annuelles obligatoires, dans un contexte économique moins inflationniste.
Pour apaiser les cheminots du fret, la direction a promis de protéger tous leurs droits pendant 3 ans. Cela leur laisse le temps de négocier de nouvelles conditions de travail dans les nouvelles sociétés. Les cheminots responsables des TER, qui vont également être transférés vers les filiales à partir du 15 décembre en raison de l'ouverture à la concurrence par les régions, ont également obtenu un accord pour garantir leurs droits. Leur organisation du travail restera la même pendant 24 mois, au lieu des 15 mois prévus par la loi d'orientation des mobilités de 2019. Cela vise à rassurer ceux qui craignent une fragmentation de la SNCF Voyageurs.
Pendant ces deux années, les syndicats auront l'opportunité de discuter de nouveaux accords concernant les droits des cheminots lors de transferts, tels que le régime de retraite, le logement SNCF et la rémunération, en dehors du "sac à dos social".
Comment apaiser les travailleurs du chemin de fer ? Le secrétaire général de la CFDT-Cheminots, Thomas Cavel, a déclaré qu'il est préférable de suspendre les actions maintenant, étant donné qu'il n'y a pas de gouvernement en mesure de répondre aux revendications. Il souhaite observer comment les engagements pris seront concrètement mis en œuvre, et envisage de reprendre le conflit au printemps si ces promesses ne sont pas tenues.
D'après la CGT, les propositions de la direction sont jugées insuffisantes et il est regretté de ne pas avoir maintenu une forte pression sur le gouvernement. En début novembre, le secrétaire fédéral de SUD-Rail, Fabien Villedieu, a déclaré sur Franceinfo qu'il y avait moins de 1 % de chances que les cheminots fassent grève à Noël. Il a averti que si la grève était suivie le 11 décembre, la situation serait réglée en quatre jours et la victoire serait remportée. En revanche, s'il n'y a pas de grève ce jour-là, le retour au travail pourrait se faire en trois jours selon le syndicaliste.
Les salaires augmentent de 2,2%
La question des salaires était encore à régler. La SNCF a proposé une augmentation moyenne de 2,2% pour l'année 2025, moins généreuse que les années précédentes. Jean-Pierre Farandou a justifié cette décision en expliquant que l'inflation avait considérablement baissé, ce qui rendait nécessaire cet ajustement. Le DRH du groupe, Philippe Bru, a souligné que c'était la quatrième année consécutive où le pouvoir d'achat des cheminots s'améliorait, avec une augmentation des rémunérations de 17% entre 2022 et 2024 alors que l'inflation était de 13%.
Grâce à cette mesure, le salaire minimum restera supérieur au SMIC de 10%, ce qui équivaut à 1 580 euros nets en janvier, insiste également la direction qui pourrait ainsi éviter la pression des fêtes de fin d'année. Il s'agissait de la dernière fois que les discussions salariales avaient lieu avant Noël, le ministre des Transports ayant demandé qu'elles aient désormais lieu en début d'année.
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