L’interdiction des médicaments anti-rhume en vente libre fait grincer des dents dans l’industrie pharmaceutique

Les fabricants de médicaments sans ordonnance expriment leur mécontentement face à l'interdiction de la vente libre de certains traitements contre le rhume. Le groupe NèreS fait pression sur les autorités sanitaires pour reconsidérer cette décision, alors que huit médicaments seront soumis à prescription à partir de demain, le 11 décembre.

La décision a été prise. Alors que l'hiver s'installe en France, l'agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé aujourd'hui que la vente libre de huit médicaments contre le rhume très populaires en pharmacie sera désormais interdite à partir de demain, mercredi 11 décembre. Les patients devront avoir une ordonnance du médecin pour les obtenir. Actifed, Dolirhume, Humex, Nurofen Rhume, Rhinadvil… Ces traitements contre le rhume contenant de la pseudoéphédrine sont jugés dangereux depuis plusieurs années.

L'année dernière, l'ANSM avait déjà conseillé de ne pas utiliser les vasoconstricteurs en comprimés pour décongestionner le nez et soulager les symptômes du rhume. En interdisant leur vente sans ordonnance, l'agence renforce sa position. Elle a constaté une augmentation des ventes des laboratoires depuis septembre 2024. Malgré les critiques et les controverses, la consommation de ces produits a diminué de quatre fois en 13 ans : les pharmacies ont vendu moins de 4 millions de boîtes l'année dernière, contre 16 millions en 2010.

Selon les laboratoires, les mesures prises pour réduire les risques liés aux vasoconstricteurs oraux, telles que l'interdiction de la publicité grand public et la sensibilisation aux dangers, n'ont pas suffi à protéger la population des effets indésirables graves. L'ANSM souligne les risques neurologiques, les AVC et les infarctus du myocarde associés à la consommation de ces médicaments.

Il y a encore des abus de ces médicaments qui sont accessibles sans ordonnance, car la durée de traitement recommandée et les contre-indications ne sont pas toujours suivies. Elle souligne également l'importance pour les médecins de bien évaluer les bénéfices et les risques pour chaque patient avant de prescrire un de ces médicaments.

L'annonce de l'interdiction des anti-rhumes a été une surprise pour les laboratoires qui les vendent, tels que Urgo, Opella (une filiale de Sanofi en cours de cession), Kenvue et Haleon. L'association NèreS, qui regroupe les experts en médicaments sans ordonnance, critique cette décision jugée excessive et non justifiée scientifiquement.

D'après le groupe de pression, qui a réagi dans un communiqué, les médicaments vasoconstricteurs à base de pseudoéphédrine ont été utilisés en toute sécurité pendant de nombreuses années. Ils demandent donc à l'ANSM de revoir sa décision. Bien qu'elle ne puisse pas déposer de recours collectif contre cette interdiction, l'association NèreS n'écarte pas la possibilité que les laboratoires le fassent individuellement.

Une mesure qui inquiète pour l'accès aux soins

Selon ses arguments, cette décision aura un impact inquiétant sur l'accès aux soins, alors que les patients en France doivent attendre entre 4 et 7 jours pour obtenir un rendez-vous chez le médecin dans la plupart des départements. En enlevant aux pharmaciens la possibilité de conseiller et de délivrer ces traitements pour des maladies bénignes comme le rhume, cette mesure risque de surcharger inutilement les cabinets médicaux, ce qui pourrait aggraver les délais d'accès aux soins pour les patients souffrant de maladies plus graves. Cependant, il est peu probable que cet argument fasse changer d'avis les autorités sanitaires, puisque l'Ordre des pharmaciens avait lui-même suivi la recommandation de l'ANSM d'éviter les médicaments vasoconstricteurs par voie orale l'année dernière. Il est rappelé aux pharmacies que le rhume guérit spontanément en 7 à 10 jours.

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