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Les Jeux paralympiques et leur impact sur la perception du handicap par les médias
Rédigé par Alix Coutures le 03.09.2024 à 10h48 Durée de lecture: 6 minutes
Les Jeux paralympiques mettent en lumière le handicap, et les médias ont un impact important dans ce processus. Ils ont le potentiel de modifier les perceptions du handisport, à condition de le présenter de manière impartiale.
Le dimanche 1er septembre, le cycliste Dorian Foulon a remporté sa troisième médaille d'or aux Jeux paralympiques 2024, tandis que les frères Portal ont obtenu l'argent et le bronze dans le 400 mètres nage libre. Ces performances françaises ont été largement couvertes par les médias, faisant la une des journaux télévisés et radios, ainsi que des journaux. Peu après la compétition, RMC a invité Dorian Foulon dans son studio, encore couvert de perles de sueur. L'Equipe a consacré sa première page à cet événement le lendemain et France TV a diffusé un reportage sur les frères Portal, décrits comme "inséparables dans la vie". Le point commun entre ces trois athlètes est leur handicap – le cycliste est né avec un pied bot, la cheville gauche et les nageurs ont une déficience visuelle – mais les médias ont souligné que ce n'était pas l'unique aspect à retenir. Selon Laurent-Eric Le Lay, directeur des sports à France TV, le handicap fait partie de la compétition, mais ce n'est pas sa seule caractéristique.
Deux frères ont réussi à monter sur le podium ensemble lors d'une compétition de para-natation. Revenons sur la finale intense des frères Portal, qui ont remporté une médaille d'argent et une médaille de bronze. #Paris2024 #natation #frèresPortal 🏊♂️🥈🥉🇫🇷
L'enjeu des Jeux paralympiques pour les médias est de rendre visible sans tomber dans le pathos ou la glorification. Selon une étude menée par l'Ifop et APF France handicap, la télévision a le pouvoir de changer le regard sur le handicap, à condition de rester impartial. Cependant, il reste encore du travail à faire. L'étude souligne que lorsque le handicap est médiatisé, il est souvent présenté de manière héroïque ou comme un défi à surmonter dans 45% des cas. Une représentation neutre, ni vulnérable ni héroïque, n'apparaît que dans un tiers des cas.
"Les corps ne sont pas meilleurs ou pires"
Alors que le handicap est encore une fois la principale source de discrimination en France, selon le défenseur des droits, il est important que les médias jouent un rôle dans la sensibilisation du grand public. Pascale Ribes, présidente d'APF France handicap, souligne l'importance de mettre en lumière ce sujet et de susciter des vocations chez les personnes en situation de handicap. Lionel Dangoumau, directeur de la rédaction de l'Equipe, insiste sur le fait que les corps ne doivent pas être jugés comme inférieurs ou supérieurs, mais simplement différents.
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Pour accomplir cette double mission, Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF) et triple championne paralympique d’athlétisme, souligne l'importance de la quantité et de la qualité. Selon elle, 90 % des médias traitaient le parasport de manière pathétique au début, avant un changement en 2012 avec une tendance à l'héroïsation. Cependant, cela crée une division entre les athlètes et les personnes en situation de handicap, empêchant l'identification. Marie-Amélie Le Fur met en garde contre le piège dans lequel est tombé le judoka Teddy Riner, qui a qualifié les paraathlètes de "superhéros". En réponse, le parabasketteur Sofyane Mehiaoui affirme : "Nous ne sommes pas des super-héros, nous sommes des athlètes. Venez nous voir et vous verrez nos performances."
Cependant, Marie-Amélie Le Fur est heureuse des avancées faites depuis 2012. Elle constate que la plupart des médias ont trouvé un juste milieu entre expliquer le parcours de vie des athlètes sans susciter de la pitié et montrer leur compétence. Selon elle, cette année a marqué un réel progrès dans ce domaine.
France Télévisions diffuse en exclusivité les Jeux paralympiques, avec une couverture 24 heures sur 24 sur ses différentes chaînes et sa plateforme numérique. Pendant les 12 jours de l'événement, cela représente 300 heures de retransmission en direct, une première dans l'histoire. Le directeur des sports, Laurent-Eric Le Lay, explique que l'objectif est de présenter les compétitions de la manière la plus complète possible, en misant sur l'enthousiasme du public français. Cette stratégie a déjà porté ses fruits, avec une audience de 10,2 millions de spectateurs pour la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques 2024, soit un quart de la population française. Au total, près de 40 millions de personnes ont regardé au moins une minute des Jeux, ce qui représente 63 % de la population du pays. Laurent-Eric Le Lay se réjouit également de la manière dont cet événement sportif permet d'ouvrir des discussions sur des sujets de société, comme l'accessibilité des transports en commun.
De son côté, la station de radio RMC a décidé de traiter les Jeux olympiques et paralympiques de manière équitable. Vingt-cinq journalistes ont reçu une accréditation et la radio diffuse 12 heures de direct chaque jour, suivant le même modèle que pour les JO. Le directeur adjoint de la rédaction a participé à des formations de sensibilisation avec Paris 2024 pour mieux couvrir la compétition. Emmanuel Renard, directeur des rédactions RMC et RMC Sport, affirme : "Nous avons pris le pari de captiver les Français en mettant l'accent sur la performance des athlètes." L'objectif est de "normaliser le handicap en le présentant comme une facette de la personnalité, sans l'occulter", ajoute-t-il.
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Le journal sportif L’Equipe ne consacre pas entièrement sa couverture aux Jeux paralympiques en raison du retour de la Ligue 1 de football, mais il a prévu une importante couverture avec huit pages par jour et quatorze journalistes accrédités. Le directeur de la rédaction, Lionel Dangoumau, souligne l'importance de profiter de cette opportunité où les Jeux se déroulent en France pour promouvoir et sensibiliser le public au parasport.
Pendant le reste de l'année, il y a encore des progrès à faire en ce qui concerne la presse quotidienne régionale, qui tend trop souvent vers le sensationnalisme, selon Marie-Amélie Le Fur. Un autre domaine à améliorer est la visibilité des sports paralympiques en dehors des périodes des Jeux ou des annonces politiques. Pascale Ribes, de l'APF France Handicap, met en garde contre le risque de stagner si la couverture médiatique se limite à des moments ponctuels. Il est essentiel de maintenir la lumière allumée sur ces sujets tout au long de l'année. Ce défi concerne non seulement les médias, mais aussi les sponsors et les annonceurs.
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