Le défi de Philippe Palazzi pour sauver le groupe Casino sous l’ère Kretinsky: challenges, entreprise et grande consommation.

Défis Société Secteur de la grande consommation

Nouveau propriétaire du casino sous l'ère Kretinsky, révèle ses stratégies pour redresser le groupe.

Le groupe de distribution a récemment changé de direction, passant de Jean-Charles Naouri à Daniel Kretinsky. Ce changement entraîne une transformation importante de l'entreprise, avec des défis à relever tels que la rénovation des magasins et la mise en place d'un plan social. Challenges a interviewé le nouveau directeur général, Philippe Palazzi, pour discuter de ces défis à venir.

Les objectifs principaux du nouveau directeur général du groupe Casino, Philippe Palazzi, sont les suivants : sauver l'entreprise, la redresser et la faire prospérer.

En entrant dans le restaurant parisien, Philippe Palazzi affiche un regard déterminé et un léger accent chantant. Originaire d'Aix-en-Provence, il s'excuse d'avoir été au téléphone et se présente en tant que directeur général de Casino, après la prise de contrôle du groupe par un consortium dirigé par Daniel Kretinsky. Il est désormais chargé de la difficile mission de redynamiser l'entreprise stéphanoise qui existe depuis 125 ans, dirigée pendant trente ans par Jean-Charles Naouri et qui a évité la faillite de justesse au cours des douze derniers mois. Son objectif est de sauver, redresser et faire croître le groupe Casino, mais il sait que de nombreux défis se dressent sur son chemin.

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La situation sociale est critique. Depuis que Philippe Palazzi a accepté le poste l'été dernier jusqu'à sa nomination ce printemps, l'entreprise a dû vendre ses supermarchés et hypermarchés en raison de pertes importantes. Il ne reste plus que Monoprix, Franprix, quelques supérettes de proximité (Vival, Spar, Petit Casino…) et le site de commerce en ligne Cdiscount.

Depuis le mercredi 27 mars, Philippe Palazzi a été nommé directeur général de Casino. Cette information a été confirmée par l'AFP / JOEL SAGET.

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Les syndicats sont de plus en plus impatients

Le siège imposant de Saint-Etienne, qui compte 1 800 employés et huit entrepôts, devra être ajusté pour s'adapter à cette nouvelle situation. L'intersyndicale du groupe Casino craint que 3 000 emplois soient en danger. Lorsque les licenciements ont commencé à se profiler à l'automne, Philippe Palazzi a hésité à faire marche arrière. Il sait que la situation à Saint-Etienne sera suivie de près par le gouvernement, dans une ville autrefois prospère maintenant touchée par la perte d'emplois industriels. Pour éviter une crise, le futur dirigeant met en avant l'aspect humain. Il affirme : "Je suis l'un d'entre vous !" en référence à ses débuts en tant que chef de rayon.

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Un nouveau programme visant à améliorer l'indemnisation des salariés licenciés est prévu, mais les syndicats sont impatients. Jean Pastor, représentant de la CGT à l'intersyndicale Casino, exprime son mécontentement en déclarant que rien ne leur sera communiqué avant la mi-avril. Il critique le changement de direction en remplaçant des menteurs par d'autres menteurs. La situation sociale s'annonce difficile.

Un manque de financement

La reprise des activités commerciales est également difficile dans un groupe qui se concentre désormais sur de petits magasins, principalement situés en milieu urbain. Selon Philippe Palazzi, le groupe a plus de chances de réussir en se basant sur la proximité. Les grands formats de magasins éloignés, tels que les hypermarchés, sont destinés à décliner. Ce constat est similaire à celui exprimé par Jean-Charles Naouri depuis plusieurs années.

Avec un taux de profit de 5 à 7 %, Monoprix et Franprix sont plus rentables que d'autres actifs du groupe en France. Cependant, il est nécessaire de redynamiser ces deux enseignes. En cinq ans, la part de marché de Monoprix et Franprix a diminué de 3,5 % à 2,4 %, selon les données de Kantar. Selon Guy-Noël Chatelin, associé chez EY-Parthenon, Monoprix est considéré comme trop cher avec des prix entre 15 et 20 % plus élevés que ceux de Leclerc.

Yves Marin, partenaire chez Bartle, souligne que les rénovations de magasins ont été freinées ces dernières années en raison d'un manque d'investissement. Philippe Palazzi accorde plus d'importance à l'attrait de ses magasins qu'à la réduction des prix. Il estime que dans les zones rurales, les magasins de proximité jouent un rôle essentiel en matière de service public, envisageant d'intégrer des bureaux de poste ou des boulangeries dans ses futurs établissements.

Pour faire progresser la franchise, il faudra investir beaucoup d'argent dans la modernisation des magasins, les indemnités du plan social, les baisses de prix, ainsi que dans la publicité et le marketing. Selon le consortium dirigé par Daniel Kretinsky, il est prévu d'investir 1,6 milliard d'euros d'ici 2028. Pour la rénovation de Monoprix seul, il faudrait entre 1 et 1,5 milliard d'euros, selon un expert de l'enseigne.

Afin de réduire les dépenses, Philippe Palazzi souhaite renforcer la collaboration entre les différentes marques de son groupe, en maintenant les dirigeants actuels. Selon Karine Sanouillet, spécialiste du secteur, jusqu'à présent chaque branche fonctionnait de manière autonome, sans regroupement des fonctions.

Le groupe Casino a également choisi de miser sur la franchise pour réaliser des économies, à l'instar de Carrefour. Lors d'une présentation cet été, il a été expliqué que le consortium avait l'intention de convertir 500 à 600 magasins de proximité en franchises. Philippe Palazzi a déclaré : "Nous allons également approcher les franchisés de la concurrence et les convaincre". Cependant, pour être attractif en tant que franchiseur dans la bataille des mètres carrés, cela ne sera pas facile. Un ancien conseiller en franchise du groupe critique en disant : "Avec les prix de gros de Casino, il arrive parfois qu'un franchisé Franprix ait intérêt à acheter ses produits dans un hypermarché Leclerc".

"Kretinsky est un investisseur financier. La collaboration entre Casino, Intermarché et Auchan dans les achats sera un atout majeur pour attirer les entrepreneurs vers le groupe stéphanois. Daniel Kretinsky n'a pas exclu la possibilité de collaborer dans les achats avec le grossiste Metro, dont il détient la plus grande part d'actions."

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Au milieu de ces projets en cours, il est nécessaire de redynamiser Cdiscount. Le départ d'Emmanuel Grenier, qui était à sa tête depuis longtemps, pour Carrefour est préoccupant selon le consultant Gilles Goldenberg. Philippe Palazzi, quant à lui, est optimiste quant à la transformation du site en une plateforme de vente en ligne, qui est en cours. Cependant, il faudra également le soutien des actionnaires pour y parvenir.

Philippe Palazzi assure que Daniel Kretinsky est un investisseur qui pense à long terme. Cependant, Jean Pastor de la CGT reste sceptique, affirmant que Kretinsky est avant tout un financier et non un commerçant comme Naouri. Il pointe du doigt le fait que Casino n'a pas encore été sauvé malgré les efforts de Kretinsky.

Philippe Palazzi se met en avant

Il est souvent dit que la grande distribution est l'un des rares secteurs où il est encore possible de progresser socialement. L'histoire de Philippe Palazzi, qui est devenu directeur général de Casino, en est un exemple frappant. Originaire de Aix-en-Provence et d'origine corse, il a commencé sa carrière en tant que chef de rayon chez le grossiste allemand Metro, juste après avoir obtenu son BTS en action commerciale. Selon lui, les opportunités d'avoir rapidement des responsabilités et de gérer un compte d'exploitation sont rares dans ce secteur. En parallèle, il a continué à se former à HEC et à la London School of Economics dans la trentaine, tout en occupant des postes internationaux de Budapest à Milan. Il a gravi les échelons jusqu'à devenir président de Metro France et à siéger au comité exécutif du groupe détenu par Daniel Kretinsky.

En 2020, il a pris un grand risque en rejoignant la direction générale de Lactalis, une entreprise agroalimentaire de premier plan. Il est rare pour les dirigeants de la grande distribution d'avoir une telle expérience. Cependant, des désaccords stratégiques avec le président Emmanuel Besnier l'ont poussé à partir. Après avoir occupé des postes importants mais discrets, Philippe Palazzi devrait maintenant être sous les projecteurs en menant sa mission chez Casino.

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