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Conflit en Ukraine : Découvrez Thales Belfast, une usine qui fabrique de nombreux missiles.
ARTICLE – Dans l'usine Thales en Irlande du Nord, on fabrique les missiles sol-air LMM et Starstreak ainsi que les missiles antichars NLAW de Saab, qui sont ensuite envoyés en grand nombre par le Royaume-Uni en Ukraine. On se penche sur cette usine spécialisée dans la production d'armes, qui livre des milliers de missiles chaque année.
Son bâtiment discret se trouve dans une zone industrielle peu animée du sud de Belfast, en Irlande du Nord. Protégé par de grandes grilles en métal, il abrite une cabine de sécurité où il faut montrer patte blanche, une porte sécurisée, et le visiteur pénètre dans un endroit très sécurisé. Ici, la branche britannique de Thales fabrique trois types de missiles qui sont ensuite livrés en grande quantité par le Royaume-Uni à l'Ukraine : le petit missile de précision LMM (Lightweight Multirole Missile, appelé Martlet dans l'Armée de terre britannique), le missile sol-air Starstreak, et le missile antichar NLAW, conçu par la société suédoise Saab mais fabriqué exclusivement par Thales dans son site en Irlande du Nord. Selon le think tank suédois Sipri, Londres aurait envoyé 6 900 NLAW, 1 800 Starstreak et 300 LMM Martlet à Kiev en 2022 et 2023.
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Pour augmenter les réserves britanniques et répondre aux nombreuses commandes d'exportation, le site de 600 employés met en place une augmentation de la production sans précédent. Le directeur de Thales UK, Alex Cresswell, annonce que l'usine va doubler sa production, ce qui permettra de produire plusieurs milliers de missiles par an. Cette augmentation de la capacité concerne le NLAW et le LMM, ainsi que, à plus long terme, le Starstreak. Autrefois considéré comme obsolète, ce dernier connaît un regain d'intérêt en raison de la guerre en Ukraine.
Augmentation de quatre fois de la production de NLAW
On ne sait pas exactement combien de missiles sont fabriqués à l'usine de Thales, mais selon un communiqué de presse du gouvernement britannique de décembre 2022, 500 NLAW ont été livrés à l'armée britannique en 2023, et "plusieurs milliers" sont prévus pour la période 2024-2026. Saab, le groupe suédois qui a développé le missile, a reçu récemment des commandes de la Suède et de la Finlande. Le directeur de Thales Irlande du Nord, Philip McBride, affirme que la production de NLAW a déjà doublé et devrait encore doubler d'ici la fin de 2024.
La production de missiles en masse est nettement plus élevée chez Thales que chez son concurrent européen MBDA. Bien que la filiale d'Airbus, BAE Systems et Leonardo augmente également sa cadence de production, elle reste en dessous de celle du site nord-irlandais de Thales. L'objectif pour les missiles sol-air Mistral est d'atteindre une production de 40 engins par mois d'ici 2025, soit environ 500 par an. Pour le missile antichar Akeron MP, la cadence prévue est de 50 engins par mois en 2025, soit 600 par an.
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La raison de cette différence est facile à comprendre : les missiles fabriqués par MBDA sont plus grands et plus avancés sur le plan technologique, ce qui les rend également plus chers. Contrairement au LMM/Martlet, le Mistral 3 de MBDA est un missile sol-air équipé d'un autodirecteur, un système électronique qui prend en charge le guidage final du missile, permettant à l'opérateur de se retirer de la zone de tir avant l'impact (appelé "fire-and-forget" dans le jargon militaire). En revanche, l'opérateur du Martlet doit maintenir la cible en vue jusqu'à l'impact. Cette différence a un coût : le prix d'un Mistral 3 est estimé à 132 000 euros par unité selon une récente étude du think tank IFRI, tandis qu'un Martlet serait vendu à un prix 50 % plus bas. Philip McBride reconnaît que les missiles MBDA, souvent plus volumineux, présentent des complexités que nous n'avons pas.
Les trois armes de Thales fabriquées à Belfast se distinguent par leur compacité et leur coût abordable. Le missile LMM, pesant 13 kg, peut être utilisé sur des hélicoptères, des navires ou des véhicules terrestres. Il a une portée de 6 km et une vitesse de Mach 1,5 (1.850 km/h), capable de détruire des avions légers, des hélicoptères ou des drones. Le Starstreak, plus ancien, est extrêmement rapide (Mach 3, soit 1.000 m par seconde) et contient trois "fléchettes" explosives à guidage laser en tungstène, volant en formation à un mètre d'intervalle. Selon Philip McBride, avec cette arme, il est possible de toucher un ballon de basket à une distance de 5 km.
Le missile Starstreak de Thales est équipé de trois projectiles explosifs guidés par laser, qui se déplacent à une vitesse de Mach 3 (3 700 km/h). Cette technologie a été développée par Thales.
Dans une partie de l'usine, Thales installe le système de lancement de missiles Rapid Ranger sur des véhicules blindés VAMTAC de couleur sable, destinés à un pays du Moyen-Orient. Il y a actuellement six véhicules en cours d'assemblage à différents stades. David Oliveira, responsable de la ligne d'assemblage, explique que l'intégration de ces systèmes prend entre 6 et 8 semaines. Afin de répondre plus rapidement aux demandes des clients, l'usine fonctionne en continu, produisant même en l'absence de commandes.
Thales a installé le système de lancement de missiles Rapid Ranger, qui peut tirer différents types de missiles, sur des véhicules blindés 4×4 à destination d'un pays du Moyen-Orient. Cette opération a été réalisée dans une section spécifique de l'usine de Thales.
Dans une autre pièce située à quelques dizaines de mètres, l'atmosphère est différente. De nombreux lance-missiles NLAW, fraîchement fabriqués, attendent patiemment d'être livrés à leurs acheteurs. Ce missile antichar, capable de frapper des cibles situées entre 20 et 600 mètres de distance (800 mètres pour des cibles immobiles), est porté à l'épaule par les opérateurs et sa demande a explosé avec le déclenchement de la guerre en Ukraine.
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Le missile britannico-suédois est vanté pour sa légèreté (moins de 20 kg pour un lanceur avec son missile) et son coût abordable, estimé à 30 000 dollars par unité, comparé à près de 180 000 dollars pour un Javelin américain. Le général Bernard Barrera, conseiller en défense terrestre chez Thales et ancien commandant de la force terrestre de l'opération Serval au Mali, affirme que c'est un armement efficace qui permet d'acquérir de la masse à moindre coût.
Thales et Saab espèrent vendre le missile NLAW à la France afin de remplacer les missiles antichars Eryx. Philip McBride se montre optimiste quant à cette possibilité, considérant la France comme un client potentiel important. La Suède, de son côté, montre un intérêt pour l'Akeron MP de MBDA, ce qui rend l'achat du NLAW par la France plus envisageable.
Pays: Ukraine
Entreprise: Thales
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