Défis dans le monde professionnel.
Je m'appelle Marc Verret, j'ai 30 ans, je suis cadre chez EY et je suis également membre actif de la CGT. Cet article a été publié sur le site Challenges.fr le 21.03.2024 à 06h30 et mis à jour à 09h45. La durée de lecture est de 7 minutes.
Âgé de trente ans, cet individu a travaillé dans le passé pour Les Républicains et est maintenant membre de la CGT. Son objectif est d'améliorer les conditions de travail des employés de l'entreprise EY, un géant du conseil. Son choix de s'engager dans ce syndicat est inhabituel dans le monde prestigieux des Big Four.
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Par Timour Aggiouri
Marc Verret, manager audit chez EY, présente de manière précise et factuelle des faits et des arguments. Il est engagé dans la défense des conditions de travail au sein de la tour First à La Défense, siège de la branche française d'une grande entreprise d'audit financier et de conseil. En tant que militant CGT et porte-parole au comité social et économique, il œuvre pour améliorer les conditions de travail au sein de cette entreprise au chiffre d'affaires de 40 milliards. Son engagement a donné lieu à la publication d'un livre intitulé "Un Cadre en révolte. Pour un combat syndical dans les multinationales" chez Dunod. Malgré ses différentes responsabilités, il ne voit pas de contradiction entre son rôle de manager et celui de militant syndical, comme il l'a expliqué lors d'une interview avec Challenges.
EY décide de ne pas procéder à une séparation radicale de ses activités d'audit et de conseil.
En 2016, Marc Verret a rejoint EY, l'un des principaux acteurs du secteur de l'audit, après avoir terminé ses études à l'université Paris-Dauphine PSL. Il était conscient des exigences élevées du métier, mais croyait que la rémunération était à la hauteur de l'investissement en temps et en énergie. Il ne se laissait pas tromper par les discours marketing des grandes entreprises sur le bien-être, la modernité, l'inclusion et la diversité, mais pensait que son employeur était attentif à la santé de ses employés.
Les jeunes employés chez EY commencent à se poser des questions sur leurs conditions de travail après avoir accumulé les missions et les journées interminables. Marc Verret, en parlant de manière collective, partage son expérience en soulignant le stress de la période d'essai la première année, puis le fait de devenir responsable de mission les années suivantes. Il souligne également le cercle vicieux de la fatigue et de la faible efficacité qui s'alimentent mutuellement.
Marc Verret a décidé de s'impliquer dans le syndicalisme afin de chercher à améliorer les conditions de travail des employés de l'entreprise EY. Cette information a été relayée par le magazine Challenges.
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Dans ce cadre, le fait d'obtenir un label de qualité de vie au travail et son utilisation par la direction du cabinet pour le recrutement agissent comme un déclencheur. Il regrette, tout comme plusieurs de ses collègues, que l'expérience des employés soit négligée. Il remarque également une diminution du pouvoir d'achat des nouvelles recrues par rapport à celui de leurs collègues embauchés il y a une vingtaine d'années. C'est alors qu'il considère le syndicalisme comme une évidence, lui qui était autrefois militant Les Républicains et Jeunes Républicains.
La CGT répond rapidement par opportunisme
Parmi toutes les organisations contactées en 2019, la CGT a répondu rapidement. Cette réactivité était bienvenue. "La situation était devenue tellement catastrophique, tellement complexe, qu'il fallait une approche radicale. Plus le train est lourd, plus la locomotive doit être puissante." Malgré son parcours, il n'était pas destiné à adhérer à cette organisation fondée en 1895 et actuellement dirigée par Sophie Binet, une cadre.
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Affirmant son engagement pour les valeurs gaullistes et sociales, il soutient l'idée d'une alternative entre le capitalisme et le communisme. Il prône la régulation de l'économie par l'Etat et la participation des employés aux résultats et à l'avenir de l'entreprise, s'inspirant de l'héritage de Philippe Séguin. Il reconnaît les divergences entre ses convictions et les positions de la Confédération générale du travail au niveau national.
Peu de temps après, il se porte candidat aux élections professionnelles. Marc Verret est félicité et soutenu par ses collègues, qui se sentent même soulagés. Certains ont exprimé des critiques sur la stratégie utilisée, la jugeant trop agressive, mais ils étaient en minorité.
S'engager, peu importe les conséquences
Le jeune homme, dans le rôle d'un syndicaliste, a rapidement progressé dans sa carrière. Il a rejoint le CSE en 2019 et est devenu délégué syndical au printemps 2020. Malgré les tentatives de la direction pour mettre à l'écart une collègue ayant rejoint le collectif de l'intersyndicale, il ne recule pas. L'entreprise a finalement compris qu'ils ne lâcheraient pas, comme l'a dit le président, "quoi qu'il en coûte". Marc Verret, quant à lui, n'a jamais été victime de représailles. Il affirme qu'une frontière claire a été établie : avec ses supérieurs, ils ne discutent que du travail.
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Selon les informations fournies par EY à Challenges, ils affirment que la liberté de leur employée d'adhérer à un syndicat a été respectée. Elle a choisi de rejoindre un syndicat sans pour autant devenir déléguée syndicale. La direction affirme également que le cabinet a toujours veillé à ne pas mélanger cet engagement syndical personnel avec l'activité professionnelle de l'employée.
Un membre du syndicat est promu chez EY en tant que manager en 2023. Pendant la même année, bien qu'elle n'ait pas obtenu la majorité, l'intersyndicale a progressé lors des élections professionnelles. En partenariat avec la CFDT, elle cherche à renégocier un accord sur le temps de travail, suite à une concession obtenue lors du mandat précédent du CSE. Une surveillance accrue de la charge de travail individuelle a été mise en place, et des "repos compensateurs sont accordés en cas de surcharge ponctuelle", explique l'entreprise. Cependant, la cour d'appel de Paris a rejeté le recours de la CGT, syndicat minoritaire, contre cet accord.
Marc Verret et les syndicats ont revendiqué une petite victoire avec l'obtention d'une prime de partage de la valeur pouvant aller jusqu'à 1 000 euros. Cependant, EY affirme que cette décision de paiement résulte uniquement d'une décision de gestion et non d'une négociation avec les représentants du personnel, auxquels le dispositif a été présenté.
Marc Verret a peut-être envisagé de partir travailler ailleurs, mais il affirme ne pas avoir eu de sentiments négatifs envers EY. Il préfère lutter plutôt que d'abandonner. S'il était invité à parler de son livre dans des universités, il conseillerait aux étudiants d'explorer une carrière dans l'audit, malgré le fait que les jeunes travailleurs semblent se détacher des méthodes de travail traditionnelles associées à l'essor des économies capitalistes et des Big Four.
Marc Verret considère que les individus qui ne sont pas à l'aise avec des cadences de travail très intenses sont les bienvenus pour se joindre à nous et aider à provoquer des changements de l'intérieur. Il est un expert du conseil dans toutes les situations.
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