Défis dans le monde des affaires
Neuvic se distingue des autres pays en produisant du caviar biologique.
Un dossier sur les échanges commerciaux. La petite entreprise Caviar de Neuvic, basée en Dordogne et spécialisée dans l'élevage d'esturgeons, se distingue de ses concurrents internationaux en mettant en avant son engagement en faveur de l'économie durable, en valorisant 95 % de sa production. Créée en 2012, l'entreprise a rapidement répondu à une forte demande en exportant jusqu'à 10 % de ses produits.
Dans le département de la Dordogne, en plus des attractions touristiques classiques comme les grottes de Lascaux et les châteaux médiévaux, l'élevage d'esturgeons bio de Laurent Deverlanges à Neuvic-sur-l’Isle est devenu très populaire. Les visiteurs ont la possibilité de découvrir ces poissons paisibles de près, certains mesurant plus d'1 mètre de long. La visite d'une heure et demie se termine par une dégustation, une façon efficace de séduire de nouveaux consommateurs intéressés par ce produit souvent associé au luxe. C'est le fondateur et PDG qui explique cette stratégie.
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Naturellement, Laurent Deverlanges accueille de nombreux visiteurs étrangers dans cette zone populaire parmi les Britanniques, Belges, Néerlandais et Allemands. Ces touristes finissent souvent leur visite par sa boutique, où il propose à la vente sa production ainsi qu'une vodka locale récemment ajoutée à son assortiment, parfaitement adaptée pour accompagner son caviar.
En plus des produits de luxe, le Périgord offre également une diversité surprenante. C'est remarquable de voir des produits comme le caviar et la vodka issus de cette région. Cela montre une grande vitalité économique. Il y a douze ans, un ancien consultant d'une grande firme anglo-saxonne a lancé Caviar de Neuvic, qui compte désormais 67 employés et réalise un chiffre d'affaires de 8,5 millions d'euros, avec un bénéfice de 300 000 euros en 2023.
Chiffres bruts en milliards d'euros pour les échanges de produits agroalimentaires. Source: Challenges.
Depuis longtemps, j'avais le désir de fonder ma propre entreprise. En 2011, j'ai acquis cette ancienne ferme piscicole spécialisée dans l'élevage de carpes et la pêche à la truite. J'ai investi un total de 3,5 millions d'euros dans ce projet, dont 1,5 million provenant de prêts bancaires et 1,8 million provenant d'investisseurs privés. C'est ce que révèle Laurent Deverlanges.
Plusieurs investisseurs ont investi dans l'entreprise Olma, spécialisée dans les PME de luxe, et détiennent ensemble 51% du capital. Parmi eux, le fondateur détient 26% des parts. Olma a des projets ambitieux dans le marché du caviar et est également actionnaire de Prunier, une autre marque française de caviar qui appartenait à Pierre Bergé. Une fusion entre Prunier et Neuvic est en cours de discussion, mais n'a pas encore été finalisée.
Neuvic se distingue par sa production certifiée biologique. En devenant une "entreprise à mission" très engagée pour le développement durable, elle a obtenu la certification B-Corp en 2021. Cette stratégie vertueuse lui permet de se démarquer parmi les sept élevages français d'esturgeons, en étant le premier à proposer des produits biologiques. La valorisation de 95 % de l'esturgeon, à travers la production de poisson fumé, rillettes, beurre Bordier au caviar, beurre de truffe et beurre de rillettes d'esturgeon, témoigne de cette diversification. Cette gamme de produits plus accessibles que les œufs d'esturgeon permet à la marque d'attirer une clientèle plus large.
L'entreprise a rapidement pu vendre 10 % de sa production à l'étranger grâce à une forte demande mondiale. Le caviar français a réussi à se positionner en tête du commerce mondial grâce à une opportunité historique. En 2010, la Cites a interdit l'exploitation des esturgeons sauvages, ce qui a eu un grand impact car la plupart de la production provenait de la pêche en mer Caspienne et dans le lac Baïkal selon Laurent Deverlanges.
Plusieurs pays, dont la France, l'Italie, la Russie, les États-Unis et surtout la Chine, se sont lancés dans cette industrie. La France avait une expertise technologique dans l'élevage de poissons et était un acteur important dans le commerce des œufs de poissons sauvages de la Caspienne, depuis l'arrivée des Russes blancs à Paris en 1917.
Le directeur de Neuvic explique qu'il était important de maîtriser deux aspects clés. D'une part, l'élevage du poisson délicat et sensible, et d'autre part, le processus d'affinage des œufs pour en révéler toute la subtilité et la saveur recherchée. En quelques années, Neuvic a acquis cette expertise et expédie ses produits vers différents pays tels que le Japon, l'Allemagne, l'Australie, Singapour et la Roumanie. La société développe lentement ses ventes à l'étranger en raison du rythme biologique de ses poissons, qui mettent au moins sept ans à maturer avant d'être productifs.
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Un exemple supplémentaire de cette approche de la patience est visible dans sa récente plantation de nombreux chênes truffiers près de ses étangs. Ces arbres ne donneront des truffes précieuses que dans quelques années. Bien que la truffe noire soit traditionnellement produite en Périgord, la concurrence en provenance d'Asie, d'Italie et d'Espagne se fait de plus en plus sentir. Il explique que pour le moment, ce n'est pas une préoccupation majeure pour lui, mais qu'il se renseigne et apprend les techniques de culture auprès de ses amis espagnols, plus expérimentés dans ce domaine.
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