« Lobbys d’Amazon : Les eurodéputés dénoncent les abus de pouvoir de la multinationale »

Défis dans le monde des affaires.

Les eurodéputés ciblent les lobbys d'Amazon en raison de leur croyance en leur supériorité vis-à-vis des lois. Cette situation a été mise en évidence par Julia Mokdad le 21 décembre 2023 à 12h55, puis mise à jour à 14h45. La durée de l'écoute de cet article est estimée à 6 minutes. Cette information est réservée aux abonnés.

Malgré les appels à se présenter aux auditions et la fermeture de ses entrepôts lors d'une mission parlementaire, Amazon réussit à éviter les investigations des organismes européens. Certains députés européens souhaitent retirer les autorisations d'accès de la multinationale si la situation ne s'améliore pas.

Selon les informations du registre de transparence, Amazon investit actuellement environ 3 millions d'euros dans le lobbying auprès des institutions européennes.

Amazon continue de défier le Parlement européen en jouant à un jeu de cache-cache. Malgré la prévue d'une mission de la Commission emploi et affaires sociales du Parlement européen dans les entrepôts d'Amazon en Allemagne et en Pologne du 18 au 20 décembre, le géant du commerce en ligne a refusé l'accès à ses installations.

Découvrez également l'algorithme mystérieux appelé "Nessie" qui a permis à Amazon de générer un milliard de dollars.

Malgré l'annonce de la venue des parlementaires plusieurs mois à l'avance, leur visite a été refusée en raison de la "période de Noël chargée", déclare l'eurodéputée et présidente de la mission Leïla Chaibi avec indignation. Amazon semble penser qu'il est au-dessus des lois, mais l'époque où l'on pouvait se retrancher dans son château avec ses serfs est révolue depuis longtemps.

Le chef de file des Insoumis à Bruxelles s'attaque maintenant aux insignes marron, qui permettent aux lobbyistes d'accéder facilement au "caprice des dieux". Avec d'autres parlementaires, Leïla Chaibi enverra une lettre à la Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, pour lui demander de retirer ces insignes aux représentants des intérêts d'Amazon tant que la société ne respectera pas les règles de l'institution.

Il y a une surabondance de badges et un manque de réglementation

Il est indéniable que les activités de lobbying de l'entreprise américaine ont connu une croissance exponentielle ces dernières années. Alors qu'elles étaient estimées à environ 450 000 euros en 2013, Amazon dépense aujourd'hui près de 3 millions d'euros pour représenter ses intérêts auprès des institutions européennes, selon les données du registre de transparence de l'Union européenne. En plus des 11 employés à plein temps dédiés à cette mission, Amazon précise que d'autres membres de l'équipe rencontrent également les institutions pour des projets spécifiques, en plus de ceux qui sont déclarés.

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C'est inadmissible ! Amazon s'oppose à une enquête menée par les députés européens.

Nous souhaitons rappeler à M. Bezos que l'époque où il était possible de se retrancher dans son château avec ses serviteurs est révolue. Son titre d'homme le plus fortuné de la planète ne lui confère pas le pouvoir de se placer au-dessus de la démocratie. Il est inadmissible qu'Amazon s'oppose à une mission parlementaire européenne. #BlackFriday pic.twitter.com/1efgoYqAbJ

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Amazon a déjà fait l'objet de mesures similaires par le passé, mais elles n'ont jamais réussi à le faire céder. Daniel Guéguen, un expert du lobbying à Bruxelles, estime que les choses doivent être rétablies dans la capitale européenne. Selon lui, il y a trop de personnes accréditées et pas suffisamment de règlements en place.

Même si c'est une procédure compliquée, le Parlement européen a récemment adopté un code de conduite pour réguler les activités des lobbyistes. Selon la communication du Parlement, tout individu qui refuse de se présenter à une convocation officielle pour assister à une audition ou à une réunion d'une commission, ou de coopérer avec une commission d'enquête, se verra refuser l'accès au bâtiment.

Il y aura effectivement une bataille entre l'Union européenne et les groupes d'intérêts pour établir des normes.

Si des entreprises telles qu'Amazon parviennent à éviter cette procédure, c'est parce qu'elle est considérée comme "complexe" selon Daniel Guégen. Elle implique le secrétaire général et les "Quaestors" (des magistrats responsables des questions administratives et financières concernant directement les députés et leurs conditions de travail) et crée une certaine confusion juridique : le détenteur du badge peut conserver cet accessoire précieux si le groupe fournit des explications suffisantes pour ses erreurs, précise le Parlement européen.

Un lobbying « secret » qui dérange

Surtout, le bureau du registre de la transparence, qui compte seulement 10 employés à temps plein pour 12 000 organisations d'influence, n'a pas réellement le pouvoir d'enquêter. Cependant, Amazon, tout comme d'autres grandes entreprises technologiques, est également critiqué par les parlementaires pour sa pratique d'un lobbying « secret » qui n'est pas officiellement reconnu. Parmi les formes plus discrètes d'influence, on trouve notamment les campagnes d'« astroturfing » (utilisation de techniques de propagande manuelles ou algorithmiques à des fins publicitaires, politiques ou de relations publiques).

Selon Georg Riekeles, ancien conseiller de Michel Barnier à la Commission européenne et qui a une expérience de 11 ans dans le domaine des représentants d'intérêts, de nombreuses sociétés se cachent derrière des organisations fictives afin de financer et contrôler des groupes de réflexion. Ils utilisent ces stratégies pour influencer et déformer le débat, empêchant ainsi les autres parties d'être correctement représentées.

Également, nous pouvons tirer des enseignements des "rapports de transparence" publiés par les grandes entreprises de l'internet.

Il a personnellement vécu cette expérience. Après avoir quitté la commission européenne et lorsqu'il travaillait pour le think tank European Policy Center, il a été approché par un cabinet de conseil qui lui a offert de travailler discrètement en tant que « conseiller principal ».

Le cabinet soutient un groupe d'éditeurs de presse qui s'opposent aux droits voisins, mais il le fait au nom de Google, selon Georg Riekeles, qui a rejeté cette proposition. Selon le Financial Times, Amazon a considérablement augmenté ses contributions à quatre prestigieux groupes de réflexion entre 2018 et 2021, notamment le Center for Strategic and International Studies, le Center for a New American Security, le Hudson Institute, la Brookings Institution et le Center for European Reform (CER), ces derniers étant considérés comme des "influenceurs" au sein des institutions européennes.

Amazon et le Parlement européen sont mentionnés dans ce texte.

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