La formation des migrants au cœur de la lutte contre la pénurie de main-d’œuvre : les entreprises françaises comme Michelin, Ikea et Vinci s’engagent

Défis dans le monde professionnel.

Manque de travailleurs qualifiés : Les entreprises Michelin, Ikea, Vinci, etc., qui forment et embauchent des migrants.

La France met en place des mesures pour offrir une formation aux réfugiés originaires d'Afrique, de Syrie ou d'Ukraine. Cela est essentiel pour les entreprises qui font face à une pénurie de travailleurs. Un reportage en Auvergne en témoigne.

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Le 6 octobre, Zakaria, un réfugié soudanais, travaille dans l'atelier des Forges et Plastiques Pinay à Thiers. Abdel Aziz Aïbout, le patron de cette petite entreprise qui a du mal à trouver des employés, considère Zakaria comme une "bénédiction".

Avec une expression concentrée et un sourire aux lèvres, Zakaria se déplace d'une machine à l'autre dans l'atelier des Forges et Plastiques Pinay. À Thiers (Puy-de-Dôme), en ce vendredi d'octobre, le jeune réfugié soudanais de 24 ans, vêtu d'une combinaison de travail bleue et d'un casque antibruit, souhaite terminer sa tâche avant le week-end. Il reste encore des chariots remplis de chutes d'acier à décharger, le matériau utilisé pour les ciseaux et les couteaux de l'entreprise familiale. "Je ne voudrais échanger Zakaria contre aucun autre ouvrier", se réjouit Abdel Aziz Aïbout, le chef de cette petite entreprise qui réalise un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros et emploie 20 salariés.

En seulement quelques mois, Zakaria a pu trouver un stage, un CDD et finalement un CDI. Cette intégration rapide est d'autant plus remarquable que son pays d'origine est déchiré par les conflits. Le chef d'entreprise se réjouit de cette situation car il a du mal à recruter et cherche encore trois personnes pour compléter son équipe.

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Thierry Lesueur, qui est le chef de l'entreprise de maçonnerie AGL Services, située à une distance de 10 kilomètres, partage la même observation. Il a embauché un travailleur ukrainien en contrat à durée indéterminée, qui s'avère être extrêmement productif. Pavlov travaille dur et mérite son salaire mensuel de 1.900 euros nets.

"Une productivité accrue"

Comme le montrent ces chefs d'entreprise d'Auvergne, la France renforce ses efforts pour intégrer les réfugiés dans le secteur de l'emploi. De plus en plus de grandes entreprises, telles qu'Accor, Vinci, Keolis, Ikea France et Idex, mettent en place des programmes de mentorat ou de formation. Bien que la France soit encore loin du modèle d'intégration allemand, elle a connu un tournant avec l'arrivée de migrants syriens et ukrainiens. De plus, le pays dispose d'un réseau associatif qui a réussi à connecter ces immigrés aux entreprises. "L'emploi est le principal facteur d'intégration", rappelle Nicolas Schuffenecker, membre de l'association CeCler, qui a accompagné 5 000 réfugiés au cours des vingt dernières années.

Particulièrement, les entreprises ont de plus en plus d'intérêt : "Elles ont évolué d'une approche centrée sur l'image à un enjeu crucial de recrutement", souligne Augustin Rogy, de la délégation interministérielle à l'intégration des réfugiés. Les 30 000 réfugiés par an peuvent aider à combler nos importantes pénuries de main-d'œuvre. "Il est maintenant nécessaire de passer d'une approche artisanale à une intégration industrialisée", souligne le chercheur Matthieu Tardis, ancien responsable du Centre migrations et citoyennetés à l'Ifri.

L'Allemagne adopte une approche sans réserve et sans hésitation pour ouvrir ses frontières à l'immigration afin de faire face à la pénurie de travailleurs.

Le Puy-de-Dôme est un exemple de ce mouvement. Depuis 2019, Michelin a recruté environ quarante réfugiés dans cette région. La moitié d'entre eux sont toujours employés en contrat à durée indéterminée. La formation qu'ils reçoivent est intensive : "Pendant trois mois, ils apprennent le vocabulaire technique et la culture d'entreprise", explique Sophie de Villepin, responsable de la diversité et de l'inclusion. À Clermont, ils découvrent l'histoire de Bibendum. "À Dakar, on l'appelle Monsieur Michelin. Il était présent dans tous les garages de la ville", dit Abou, originaire du Sénégal, qui va rejoindre l'un des sites du groupe : Epinal, Roanne ou Montceau-les-Mines. Après dix-huit mois de contrat en alternance, il pourra obtenir la qualification de "technicien de maintenance".

Afin de préparer ces migrants, les employeurs ont dû s'ajuster: Selon la PDG de Michelin, "nos gestionnaires ont simplifié la formation. Cela nous permet d'être plus efficaces. Et les apprentis français en bénéficient". Certes, "les premières explications sont plus détaillées, mais elles sont compensées par une productivité accrue", affirme Thierry Lesueur. Le chef d'entreprise dans le secteur de la construction résume l'avantage de cette main-d'œuvre: elle est plus difficile à former, mais aussi plus motivée. Par conséquent, elle est plus efficace.

La marque Michelin.

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