L’immigration et les métiers en tension : le dilemme des entreprises françaises

Obstacles pour les entreprises

La situation de l'immigration et des métiers en tension est une source de préoccupation majeure pour les employeurs. Le patronat se retrouve dans une situation délicate face à ce problème. Cette question est traitée par Florian Fayolle dans un article publié le 19 octobre 2023 à 07h54. La durée de lecture de cet article est estimée à 4 minutes. Cet article est réservé aux abonnés.

Malgré le fait que le texte gouvernemental soit avantageux pour eux, la majorité des groupes d'employeurs choisissent de rester discrets sur la question de l'immigration. En raison de divergences internes, ils redoutent une polarisation du débat, d'autant plus que de nombreux membres votent pour le Rassemblement national.

Selon le chef de la CPME, François Asselin, il serait préférable de prioriser l'emploi des Français avant d'augmenter l'immigration, afin de remporter la bataille du plein-emploi.

Les organisations patronales sont très mal à l'aise et presque silencieuses en ce qui concerne l'immigration. Pourtant, le projet de loi est clairement en accord avec leurs intérêts, car il propose la création d'un titre de séjour spécifique pour les métiers en pénurie afin de faciliter la régularisation des travailleurs sans-papiers.

En privé, les dirigeants d'entreprise sont en faveur de cette mesure car elle leur permettrait de recruter dans des secteurs qui manquent de main-d'œuvre comme le bâtiment, l'hôtellerie et la restauration. Cependant, il est hors de question de le proclamer haut et fort : "Avant d'ouvrir les portes à l'immigration, ne devrions-nous pas essayer de mettre davantage de Français au travail afin de remporter la bataille de l'emploi à plein temps ?" s'interroge François Asselin, président de la CPME, qui représente les petites et moyennes entreprises.

Également à lire: La loi sur l'immigration, une question politique controversée qui rencontre des difficultés à trouver des soutiens, à la fois à gauche et à droite.

Le Medef partage la même opinion : "Il est essentiel de fournir une formation à ceux qui, chez nous, sont sans emploi, tels que les chômeurs et les bénéficiaires du RSA", déclare Patrick Martin, le nouveau dirigeant du Medef. Actuellement, il y a 335 000 postes vacants en France.

La timidité des chefs d'entreprise s'explique par leur peur de subir des attaques politiques. Selon un expert des milieux patronaux, ils redoutent une polarisation du débat médiatique et ne veulent pas être critiqués par la droite, l'extrême droite ou l'extrême gauche. Raymond Soubie, président d'Alixio, partage cet avis en soulignant que les patrons ont peur de s'impliquer dans un débat qui les dépasse. Cependant, ils seraient en réalité gagnants si la mesure était adoptée, et ils préféreraient que cela se fasse sans qu'ils aient à en discuter, un peu comme cela s'est passé avec la réforme des retraites.

Selon ce ministre influent au sein du gouvernement, il existe également une raison d'ordre politique : "Les syndicats patronaux et les dirigeants d'entreprise évitent d'en parler car une grande partie de leurs membres votent pour le Rassemblement national et adhèrent à son discours contre l'immigration."

Pour finir, les employeurs sont divisés sur la question. Selon Antoine Foucher, qui dirige le cabinet de conseil Quintet et a été ancien directeur de cabinet de l'ancienne ministre du Travail Muriel Pénicaud, d'un côté, ils soutiennent l'immigration pour des raisons économiques liées à leurs entreprises. Mais d'un autre côté, beaucoup d'entre eux sont favorables à une régulation stricte des flux migratoires.

Avez-vous déjà pensé si l'immigration était une tragédie ou une opportunité pour l'économie?

Cependant, certaines fédérations n'hésitent pas à soutenir le projet de loi du gouvernement. L'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) en fait partie, un secteur où 100 000 employés ont quitté leur emploi après la crise sanitaire. Son président, le célèbre chef étoilé Thierry Marx, affirme clairement : "Les travailleurs étrangers sont indispensables à notre succès économique."

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La question complexe des obstacles culturels

De leur côté, la Fédération des particuliers employeurs de France (Fepem) exprime également sa volonté d'accueillir un plus grand nombre de travailleurs immigrés. Inspirée par l'approche allemande, la Fepem mène actuellement à Marseille des expériences d'intégration pour les étrangers, comprenant des cours de français et des formations courtes sur les métiers du secteur. "Il est essentiel de surmonter les barrières linguistiques et culturelles afin que les employés puissent s'intégrer de manière optimale", affirme Pierre-Olivier Ruchenstain, directeur général exécutif de la fédération. L'idée est véritablement d'accompagner les personnes jusqu'à leur emploi.

Il est essentiel de simplifier la procédure d'obtention de titres de séjour pour les professions en demande.

La Fepem prévoit d'étendre ses activités en ouvrant des centres en Ile-de-France et en Normandie. En effet, le secteur de l'aide à domicile est confronté à un défi considérable : il y a 800 000 emplois à pourvoir d'ici 2030, dont 130 000 en raison du départ à la retraite des baby-boomers. Face à cette pression pour trouver de la main-d'œuvre, ces employeurs sont impitoyables sur le sujet.

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