Difficultés Société Protection
Les usines Nexter de Roanne sont en train de renaître avec la production des canons Caesar, des blindés Griffon et Jaguar. Cela marque un nouveau départ pour l'entreprise.
Grâce à la popularité des canons Caesar et à la croissance de la production des véhicules blindés Griffon, Jaguar et Serval, le site Nexter de Roanne a connu une augmentation significative de son personnel depuis 2018. Cependant, en raison de la diminution des commandes de véhicules blindés prévue par la loi de programmation militaire, le site devra chercher à compenser cette perte en obtenant des commandes à l'étranger.
Dans l'usine de KNDS Nexter située à Roanne (dans la région de la Loire), on procède à l'assemblage des véhicules blindés Griffon, Jaguar et Serval, ainsi que des canons
Un comité d'accueil impressionnant attendait le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, sous la grande verrière du site de KNDS Nexter à Roanne (Loire). Parmi les véhicules présents, on pouvait apercevoir une demi-douzaine de canons automoteurs Caesar. La visite du ministre avait pour objectif de constater les avancées de la filiale française du groupe KNDS, l'un des leaders européens dans le domaine de l'armement terrestre, suite à l'appel d'Emmanuel Macron à l'industrie de défense de se convertir à l'"économie de guerre". Cette démarche vise principalement à augmenter la production, accélérer les délais et réduire les dépendances extérieures sur certains composants stratégiques. En 2022, le chiffre d'affaires de KNDS s'élevait à 3,2 milliards d'euros.
Le site de Roanne, qui fabrique à la fois les canons Caesar et les véhicules blindés Griffon, Jaguar et Serval, présente des résultats prometteurs. Pour répondre à la demande croissante du canon français, la capacité de production annuelle de Caesar est passée de deux à quatre systèmes par mois en 2022, et est maintenant de six canons par mois. Le PDG de Nexter, Nicolas Chamussy, affirme que si les commandes le justifient, ils pourront produire huit canons par mois dès 2024. Les délais de production du canon ont été réduits de moitié, passant de 30 à 15 mois, ce qui est considéré comme des résultats impressionnants et un exemple concret des premiers effets de l'"économie de guerre", selon Sébastien Lecornu.
Il y a un exemple qui montre clairement cette accélération. Le 13 juillet 2022, la DGA avait passé une commande de 18 Caesar pour reconstituer les stocks français après les dons de matériel à l'Ukraine. "Un contrat qui a été négocié en seulement 15 jours", indique Nicolas Chamussy. Les deux premiers véhicules ont été présentés à la DGA ces derniers jours, soit environ 15 mois après la signature du contrat.
Quel accueil impressionnant. Au sein du site de KNDS Nexter à Roanne (Loire), le 16 octobre, quelques canons automoteurs Caesar attendent tranquillement la visite du ministre des Armées Sébastien Lecornu. Seize mois après le discours d’Emmanuel Macron exhortant l'industrie de défense à adopter ce qu'il appelle l'"économie de guerre" (en résumé, augmenter la production, accélérer la cadence et réduire les dépendances extérieures sur certains composants critiques), le ministre est venu évaluer les avancées de la filiale française du groupe franco-allemand KNDS, l'un des principaux acteurs de l'armement terrestre en Europe (avec un chiffre d'affaires de 3,2 milliards d'euros en 2022).
Le site de Roanne, qui fabrique à la fois les canons Caesar et les véhicules blindés Griffon, Jaguar et Serval, affiche des performances remarquables. Pour répondre à la demande croissante du canon français, la capacité de production annuelle du Caesar est passée de deux unités par mois à quatre systèmes par mois d'ici 2022, et atteint désormais six canons par mois. "Si les commandes continuent d'augmenter, nous pourrons produire huit canons par mois dès 2024", affirme le PDG de Nexter, Nicolas Chamussy. Les délais de production du canon ont également été réduits de moitié, passant de 30 à 15 mois, ce qui est considéré comme des résultats impressionnants par Sébastien Lecornu, qui mentionne que cela illustre les premiers effets de l'"économie de guerre".
La livraison de 18 Caesar français en 15 mois est un exemple frappant de cette accélération. Le 13 juillet 2022, la DGA a passé commande de ces véhicules pour reconstituer les stocks français après les dons de matériel à l'Ukraine. Nicolas Chamussy souligne que ce contrat a été négocié en seulement 15 jours. Les deux premiers engins ont été présentés à la DGA récemment, soit moins de 15 mois après la signature du contrat. Pour accomplir cette performance, Nexter a lancé les approvisionnements avant même la commande française, en se tournant notamment vers le groupe métallurgique Aubert & Duval. Cette politique de sécurisation des approvisionnements se poursuit, avec des commandes déjà passées pour les matières premières et les composants de plusieurs dizaines de canons, afin de garantir des livraisons rapides aux clients actuels et futurs.
On peut clairement observer cette croissance significative sur le vaste site de Roanne, une véritable ville autonome de 96,6 hectares, qui comprend une zone de production de 55 600 m2 et une piste d'essai de 4 km spécialement conçue pour les véhicules blindés. Sur une distance d'environ cent mètres, plusieurs exemplaires du Caesar, à différents stades de production, sont alignés sur un sol parfaitement propre. Les camions Sherpa, qui transportent les canons intégrés, sont acheminés depuis le site Arquus de Limoges. Les canons eux-mêmes sont fournis par l'usine de canonnerie Nexter de Bourges, qui fabrique ces tubes avec une précision de l'ordre du centième de millimètre, un processus qui nécessite 450 heures de travail.
Quelques mètres plus loin, l'atmosphère change complètement. D'énormes machines à grande vitesse, fabriquées par l'entreprise française Fives, sont utilisées pour découper les plaques de métal fournies par le spécialiste des alliages de pointe pour la défense et l'aéronautique, Aubert & Duval. Les détails concernant l'épaisseur et les caractéristiques des plaques découpées sont classifiés comme secret défense, ce qui signifie qu'aucune photo n'est autorisée dans cette zone du site. Par la suite, ces plaques seront pliées et assemblées pour créer les structures blindées des véhicules militaires tels que le Griffon, le Jaguar et le Serval.
En 2024, plus de 300 livraisons seront effectuées. Actuellement, un futur véhicule militaire de l'armée de terre, le Jaguar, est en cours d'intégration sur la ligne d'assemblage final. L'assemblage des structures blindées, appelées "caisses", se fait à l'envers, les roues étant tournées vers le plafond afin de faciliter l'accès au cœur de la machine. Ensuite, les véhicules sont retournés pour permettre aux ouvriers d'installer la tourelle impressionnante, équipée d'un canon de 40mm. À quelques mètres de là, la chaîne d'assemblage des Griffon est également très active.
Afin de gagner en rapidité et en économie, le processus d'intégration des véhicules blindés, qui était auparavant réalisé sur un seul poste, est maintenant effectué sur plusieurs stations successives. Inspirée par les méthodes de l'industrie automobile, la chaîne d'assemblage des blindés Griffon avance d'une station toutes les 20 heures, selon les explications de Dominique Guillet, directeur général en charge des armes et munitions chez Nexter. Cette année, le site prévoit de livrer 123 Griffon, 22 Jaguar et 119 Serval. Alexandre Dupuy, porte-parole de Nexter, affirme que d'ici 2024, ils seront capables de réaliser plus de 300 livraisons par an.
Afin de soutenir cette croissance, le site a relancé ses efforts de recrutement. Après avoir été durement touchée dans les années 1990-2000 par une restructuration du groupe alors appelé GIAT, l'usine a vu son effectif passer de 14 000 employés en 1990 à seulement 830 en début d'année 2018. Grâce à l'augmentation des livraisons de véhicules blindés du programme Scorpion (Griffon, Jaguar, Serval), le site compte désormais 1 485 employés, auxquels s'ajoutent 200 intérimaires, soit un doublement des effectifs en cinq ans. Pendant cette même période, 61,9 millions d'euros ont été investis pour moderniser l'usine dans le cadre du projet NextFab, comprenant l'acquisition de nouvelles machines d'usinage grande vitesse, le doublement des capacités de soudage pour les pièces en aluminium, ainsi que la construction de nouveaux bâtiments.
Contradiction dans les ordres
Cependant, le site de Roanne démontre également les limites de l'"économie de guerre" soutenue par Emmanuel Macron et le ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Bien que la production du site ait triplé depuis 2019, la loi de programmation militaire 2024-2030, adoptée en juillet dernier avec une augmentation de 40% du budget (413 milliards d'euros au total), a reporté après 2030 plus de 500 commandes de véhicules blindés. Les chiffres sont clairs : la précédente loi de programmation militaire prévoyait la livraison de 1 872 véhicules blindés Griffon et 300 Jaguar d'ici 2030. La nouvelle loi réduit ces chiffres à 1 437 Griffon (-23%) et 238 Jaguar (-20,6%), le reste des livraisons étant reporté après 2030.
L'usine de Roanne est confrontée à une situation contradictoire. D'un côté, l'exécutif lui demande d'accélérer la production pour répondre aux besoins de "l'économie" de guerre. De l'autre côté, les commandes françaises sont en forte baisse par rapport aux prévisions. Par conséquent, le site ne livrera que peu plus de 300 blindés à la France en 2025, au lieu des 450 prévus, et atteindra un pic de production de 370 en 2026. Dans ce contexte, Nicolas Chamussy affirme que cela renforce leur détermination à obtenir plus de commandes à l'exportation.
En 2019, la Belgique a été le premier pays à acheter des véhicules blindés Scorpion à l'exportation. Ils ont signé un contrat appelé CaMo (Capacité motorisée) qui prévoit l'acquisition de 382 Griffon et 60 Jaguar. Il est possible que d'autres commandes suivent bientôt, selon les dires de Sébastien Lecornu lors de sa visite à Roanne. Il a évoqué de "bonnes nouvelles" à venir pour le site, en faisant référence à sa récente visite au Moyen-Orient. L'Arabie Saoudite est déjà cliente des canons Caesar et des véhicules blindés Titus de Nexter. Les Emirats Arabes Unis sont les seuls à acheter le char Leclerc à l'exportation. En raison du manque de commandes, la ligne de production du Leclerc a été fermée sur le site de Roanne en 2008.
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