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La situation actuelle de la pandémie de Covid-19, ainsi que les pénuries et les restrictions de vols, ont conduit à une diminution des bénéfices d'Air France provenant de sa filiale KLM.
Une enquête menée début septembre a confirmé que le gouvernement des Pays-Bas souhaite imposer des restrictions à l'aéroport d'Amsterdam Schiphol, où KLM représente 53% des vols. Cela représente un coup dur pour la compagnie néerlandaise qui fait face à de nombreux problèmes depuis le début de la pandémie. En conséquence, la dynamique de l'alliance Air France-KLM s'est inversée, mettant Air France en position de force.
La compagnie aérienne KLM rencontre des problèmes à Amsterdam suite à l'annonce de restrictions à l'aéroport Schiphol. KLM est responsable de 53% des vols effectués dans cet aéroport.
La température est de 29°C et il est prévu d'accueillir 88 000 passagers. A Amsterdam, le 6 septembre, l'écran de contrôle des opérations de la compagnie KLM annonce une journée très animée. Sur le tarmac de l'aéroport de Schiphol, situé à 10 kilomètres de là, les avions atterrissent et décollent à un rythme soutenu. Cependant, cette cadence pourrait être ralentie. Le 1er septembre, le gouvernement en démission a confirmé son intention de réduire l'activité de l'aéroport international, passant de 500 000 à 452 500 vols annuels à partir de novembre 2024, dans le but de réduire les nuisances sonores et l'impact sur l'environnement.
Le deuxième plus grand hub européen en termes de passagers et la compagnie néerlandaise subissent un coup dur avec cette nouvelle restriction, qui représente 53% des vols selon les données du spécialiste OAG. Cependant, la PDG de KLM, Marjan Rintel, reste confiante au siège de l'entreprise: "Le jeu n'est pas terminé", déclare-t-elle à Challenges. En juillet, la compagnie a fait appel pour annuler ces restrictions. Elle attend également l'avis de la Commission européenne dans les six prochains mois et espère que les élections législatives de novembre pourraient changer la situation.
Le 17 février 2023, Marjan Rintel et Benjamin Smith se sont rencontrés à Amsterdam. Marjan Rintel, qui était autrefois directrice des chemins de fer néerlandais et qui a été abandonnée par son gouvernement, a réussi à établir un dialogue avec le PDG d'Air France-KLM, en étant plus diplomate que son prédécesseur. Cette rencontre a été documentée par l'ANP/Alamy/Hemis.
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Air France est loin derrière dans cette situation. On ne peut même pas imaginer le pire scénario : près de 30 lignes seront supprimées et environ 13 000 personnes risquent de perdre leur emploi à l'aéroport de Schiphol, dont beaucoup appartiennent à KLM, selon les craintes de Camiel Verhagen, président du syndicat des pilotes néerlandais VNV. De plus, Fleur Pellerin, ancienne ministre française de la Culture et administratrice de KLM, met en garde contre la diminution de centaines de millions de chiffre d'affaires. Certes, cela n'aura pas un impact lourd sur les revenus de 10,7 milliards d'euros générés par la compagnie nationale en 2022, mais cela représente un coup dur de trop.
KLM, qui célèbre son 104e anniversaire le 7 octobre, rencontre de nombreux problèmes tels que des perturbations dans les aéroports, des pénuries de pilotes et de pièces détachées. Sa maison mère, Air France, est préoccupée par ces difficultés, car les aéroports de Schiphol et de Roissy-Charles-de-Gaulle, qui sont des points d'entrée vers 300 destinations, constituent un avantage concurrentiel majeur. En conséquence, au cours des cinq dernières années, KLM est passée de la 19e à la 25e place dans le classement Skytrax des compagnies aériennes mondiales, tandis qu'Air France est passée de la 25e à la 7e place. De plus, cette année, la marge opérationnelle de KLM a diminué de 3,4 points au premier semestre, tandis que celle d'Air France a augmenté de 6,9 points. Yan Derocles, analyste chez Oddo BHF, estime que d'ici 2023, Air France devrait générer les deux tiers de la rentabilité du groupe, ce qui représente sa part dans le chiffre d'affaires du groupe.
En 2018, KLM représentait 80% du bénéfice opérationnel total du groupe, mais sa contribution est maintenant réduite à seulement 30%.
En 2018, personne n'aurait pu anticiper un tel changement de situation. À cette époque-là, lorsque Benjamin Smith, un Canadien, prend les commandes d'Air France-KLM, la compagnie aérienne au logo bleu est extrêmement lucrative. Ayant été sauvée de la faillite en 2004 grâce à sa fusion avec Air France, elle génère alors 80% des bénéfices totaux d'exploitation, tandis que la compagnie française, en difficulté, fait face à des grèves à répétition et lutte pour se moderniser.
Après avoir obtenu ce succès, le directeur général de KLM à l'époque, Pieter Elbers, a fortement défendu l'autonomie de cette entreprise nationale précieuse que les Néerlandais n'ont jamais vraiment accepté de laisser aux Français. Benjamin Smith, qui était frustré de ne pas pouvoir renforcer la collaboration entre les deux entreprises phares, a dû attendre quatre ans avant de se débarrasser de son rival l'année dernière.
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L'entreprise a été affaiblie par la pandémie
En 2020, la situation a changé avec l'arrivée de la pandémie. Alors qu'Air France a réussi à maintenir ses employés grâce au chômage partiel, KLM a dû faire d'importantes coupes budgétaires en échange des 3,4 milliards de prêts garantis par le gouvernement néerlandais (qui était alors détenteur de 14% d'Air France-KLM, contre 9,3% aujourd'hui). "Environ 3 000 employés sont partis", déplore Miriam Kartman, directrice des ressources humaines de la compagnie. "Et nous avons arrêté de former des pilotes." Lorsque le trafic aérien a soudainement repris, KLM n'était donc pas préparé. Même aujourd'hui, "le manque de pilotes est un problème croissant", déplore Camiel Verhagen, membre de l'association VNV. "Nous devons nous précipiter d'un avion à l'autre. Les journées sont très chargées, ce qui entraîne des retards de vols."
La différence s'est accentuée entre Air France et le hub de Schiphol, qui a connu beaucoup plus de perturbations que Roissy. Yan Derocles se souvient de cette situation catastrophique. Non seulement KLM a subi des pertes de revenus en raison des annulations de vols, mais elle a également dû payer des pénalités. Ce n'est pas tout. Le gouvernement néerlandais a également imposé à KLM un représentant de l'État chargé de vérifier le respect des conditions liées au prêt. Cependant, ce représentant a publié cinq rapports défavorables, dénonçant le manque d'économies et l'impact environnemental de la compagnie de transport.
À la fin du week-end de l'Ascension 2022, une file d'attente s'est formée à l'aéroport de Schiphol. En raison des protestations écologiques croissantes, le deuxième hub européen en termes de passagers devrait voir son activité réduite, ce qui aura un impact sur KLM, qui représente 53% des vols à cet aéroport. Une photo d'Evert Elzinga/AFP montre la situation.
Selon Benno Baksteen, un ancien pilote de KLM et expert en aviation, il est clair que l'incident a gravement terni l'image de la compagnie auprès des politiciens. Bien que ce soit difficile à prouver, une chose est certaine : au début de l'année 2022, une coalition écologiste est élue au gouvernement et décide de s'attaquer au secteur du transport aérien. En même temps, de plus en plus de voix dans la société civile s'élèvent également contre l'impact environnemental de cette industrie. Rapidement, deux décisions sont prises : l'instauration d'un couvre-feu à l'aéroport de Schiphol et la réduction du nombre de vols. Le 1er juillet 2022, Marjan Rintel prend ses fonctions au milieu de cette tempête.
La priorité absolue? Rétablir la situation financière. "La situation financière de KLM reste solide, assure Yi Zhong, un analyste chez AlphaValue. Cependant, la compagnie aérienne est confrontée à des perturbations dans le secteur du fret aérien, de sa flotte et à une capacité insuffisante." Ce problème est dû, entre autres, à l'impact de la guerre en Ukraine sur les chaînes d'approvisionnement, à une pénurie de pièces détachées, à des problèmes de flotte chez les filiales Transavia Holland et Cityhopper, et surtout à une pénurie de personnel.
Diverses mesures ont été prises pour remédier à cette situation : des campagnes de recrutement sont menées sur les réseaux sociaux, des interventions sont organisées dans les écoles, un système de parrainage est mis en place pour récompenser les employés qui trouvent des candidats, et les salaires sont augmentés. Selon Marjan Rintel, depuis janvier, 700 employés au sol et 200 employés en ingénierie et maintenance ont été embauchés, et le nombre de pilotes en formation a doublé. Cependant, il y a toujours un manque de personnel. Il faudra donc attendre un ou deux ans avant de retrouver la capacité de l'entreprise en 2019.
Pourquoi ne pas envisager la location des avions de la compagnie KLM?
Son deuxième défi consiste à prouver, grâce à son plan dévoilé en mars, que "le bruit des avions peut être réduit sans pour autant réduire le nombre de vols", en particulier en renouvelant sa flotte. La dirigeante souligne l'investissement de milliards de dollars dans sa nouvelle flotte et affirme que les futurs Airbus A350, prévus pour 2026, émettront 50% de bruit et 40% de CO2 de moins que les Boeing 747 actuels. Pour l'instant, le gouvernement n'est pas totalement convaincu. Marjan Rintel, ancienne PDG des chemins de fer néerlandais, qui est plus diplomate que son prédécesseur Pieter Elbers, peut au moins se féliciter d'avoir renoué le dialogue avec Ben Smith. Fleur Pellerin, qui les voit travailler ensemble au sein des conseils d'administration, salue leur grande complicité.
Peut-être est-il possible de réconcilier le couple franco-néerlandais ? Thierry Lindenau, qui travaille chez le cabinet de recrutement Heidrick & Struggles, est d'avis que les employés de KLM sont moins hostiles envers Air France. Il estime que cette harmonie est essentielle car le rôle d'Air France deviendra plus crucial avec les restrictions à Schiphol.
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Les deux regroupements de pilotes, le VNV et le SNPL, travaillent déjà ensemble pour trouver des solutions. Par exemple, ils envisagent de louer à Air France des avions de la compagnie KLM avec leur propre équipage (connu sous le nom de "wet lease"), ce qui renforcerait l'aéroport de Roissy par rapport à Schiphol. Cette idée révolutionnaire nécessiterait de modifier les accords existants afin d'assurer un équilibre de croissance entre les deux filiales.
Pierre Goolen, vice-président du SNPL Air France, explique que la collaboration étroite entre les deux compagnies est nécessaire, car si l'une d'entre elles se trouve en difficulté, cela aura des répercussions sur l'autre. Les pilotes français, qui valorisent leur indépendance, seront-ils prêts à accepter leurs homologues dans le cockpit ? Cela reste incertain. Cependant, le prêt de pilotes pourrait être envisagé comme une prochaine étape.
Claire Bouleau (correspondante à Amsterdam)
Les compagnies aériennes Air France et KLM.
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