Les défis de la coopération franco-allemande dans les projets de défense

Difficultés Société Protection

Les projets militaires franco-allemands, tels que le SCAF et le MGCS, rencontrent de nombreux problèmes malgré les discours positifs. Le 11 octobre 2023, Vincent Lamigeon a publié un article sur ce sujet, qui peut être lu en 6 minutes. Ce contenu est réservé aux abonnés.

Les projets communs tels que le char MGCS et l'avion de combat SCAF, lancés en 2017 par Paris et Berlin, rencontrent de grandes difficultés à progresser. Les désaccords industriels et le manque d'engagement de l'Allemagne se font de plus en plus ressentir.

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Le 21 septembre, au hangar de la base aérienne 105 d’Evreux (Eure), les ministres français et allemand de la Défense Sébastien Lecornu et Boris Pistorius font tout leur possible pour montrer leur unité. Ils sont présents devant un avion de transport C-130 de l'escadron franco-allemand, tandis que les chefs d'état-major des armées de terre des deux pays signent un document qui acte leurs besoins communs pour le futur char de combat MGCS (Main Combat Ground System), qui remplacera le Leclerc français et le Leopard 2 d'ici 2040.

Selon Sébastien Lecornu, la coopération entre la France et l'Allemagne dans le domaine de la défense fonctionne malgré les doutes de Berlin et les différends industriels. Boris Pistorius est d'accord en ajoutant que bien que le rythme ait été ralenti, les efforts vont être intensifiés. Cependant, dans le monde de la défense européenne, il est clair que cette opération de communication ne trompe personne. Selon Ulrike Franke, chercheuse au think-tank européen European Council on Foreign Relations (ECFR), la relation franco-allemande dans le domaine de la défense est actuellement au plus bas. Tous les programmes sont en crise et il faudra un signal beaucoup plus fort que la conférence commune d’Evreux pour les relancer.

Le futur MGCS pourrait-il être la prochaine victime ?

En réalité, tous les projets conjoints lancés en 2017 par Emmanuel Macron et Angela Merkel sont à l'arrêt, ou presque. Selon Elie Tenenbaum et Léo Péria-Peigné, chercheurs au think-tank Ifri, dans une note sur l'armée allemande publiée le 29 septembre, le MAWS (avion de patrouille maritime) est abandonné, le CIFS (système d'artillerie) est repoussé indéfiniment, le SCAF (avion de combat et drones d'appui) rencontre des difficultés et le MGCS est en panne.

Le 21 septembre, à la base aérienne 105 d'Evreux (Eure), les ministres français et allemands de la Défense, Sébastien Lecornu et Boris Pistorius, font tout leur possible pour maintenir une apparence d'unité. Ils se trouvent dans un grand hangar, devant un avion de transport C-130 de l'escadron franco-allemand, pour assister à la signature d'un document par les chefs d'état-major des armées de terre des deux pays. Ce document acte les besoins communs en ce qui concerne le futur char de combat MGCS (Main Combat Ground System), qui succédera au Leclerc français et au Leopard 2, prévu pour 2040.

Le programme est confronté à une crise, en raison des doutes de Berlin et des tensions industrielles. Sébastien Lecornu affirme que la coopération franco-allemande fonctionne, tandis que Boris Pistorius ajoute que le rythme a été ralenti mais qu'il est maintenant accéléré. Cependant, dans le domaine de la défense européenne, cette opération de communication ne trompe personne. Selon Ulrike Franke, chercheuse au think-tank européen European Council on Foreign Relations (ECFR), la relation franco-allemande en matière de défense est indéniablement au plus bas. Tous les programmes sont en crise et il faudra un signal beaucoup plus fort que la conférence commune d'Evreux pour les relancer.

Le projet MGCS, prochaine cible?

En réalité, tous les projets communs lancés en 2017 par Emmanuel Macron et Angela Merkel sont au point mort, ou presque. Selon Elie Tenenbaum et Léo Péria-Peigné, chercheurs au think-tank Ifri, dans une note sur l'armée allemande publiée le 29 septembre, le MAWS (avion de patrouille maritime) est abandonné, le CIFS (système d'artillerie) est reporté à une date ultérieure, le SCAF (avion de combat et drones d'appui) est confronté à des difficultés, et le MGCS est en panne.

La situation est extrêmement préoccupante. Le projet français d'avion de patrouille maritime MAWS a été anéanti par l'achat par l'Allemagne d'avions américains P-8. La modernisation de l'hélicoptère d'attaque Tigre, qui était prévue en collaboration avec l'Allemagne, a été refusée par Berlin. La France a dû se lancer seule dans le développement du nouveau missile air-sol de longue portée Akeron LP. Le projet de char de combat MGCS est fortement compromis en raison des désaccords industriels entre Rheinmetall, l'entreprise allemande, et Nexter, l'entreprise française, ainsi que du manque d'enthousiasme de la part de Berlin à travailler avec le camp français. Selon Marc Chassillan, un expert français des véhicules blindés et ancien de Nexter, la guerre en Ukraine a entraîné une forte demande de chars Leopard 2, ce qui garantira la prospérité de l'industrie allemande jusqu'aux années 2060.

Pourquoi l'économie allemande rencontre des difficultés.

La réalité est que l'Allemagne n'a pas besoin du MGCS, contrairement à la France. Elle peut facilement s'en passer pendant les 30 prochaines années. Le fait de repousser l'entrée en service du MGCS à 2040-2045 au lieu de 2035 reflète clairement le manque d'enthousiasme du côté allemand.

La situation sur le projet franco-germano-espagnol d'avion de combat et de drones d'appui, connu sous le nom de SCAF, n'est pas du tout favorable. Bien que Paris, Berlin et Madrid aient signé un contrat pour la phase 1B du programme en décembre 2022, les travaux communs entre Dassault Aviation et Airbus sont en très lente progression. Un industriel se désole en déclarant qu'ils "font du papier". De plus, le programme Eurodrone, un projet de drone de surveillance lancé par l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne, accuse du retard. Selon nos informations, des différends sont apparus entre Airbus, qui est le maître d'œuvre, et Dassault concernant les commandes de vol. Il semble peu probable que le premier vol ait lieu avant 2028, alors même que le contrat a été signé en février 2022.

Berlin acquiert des produits "fabriqués aux États-Unis"

Pourquoi ces difficultés s'accumulent-elles ? Selon Léo Péria-Peigné de l'Institut français des relations internationales, trois critères sont nécessaires pour qu'un programme de coopération fonctionne : une volonté politique, une bonne entente militaire et des synergies industrielles. Cependant, la plupart du temps, seul le premier critère est rempli. Les relations entre les armées allemandes sont en effet limitées. En raison du manque d'une culture opérationnelle et stratégique commune, la brigade franco-allemande, qui n'a jamais été déployée en opérations, est un échec. La force navale franco-allemande (FNFA), une structure d'entraînement et de formation créée en 1991, est désormais obsolète. Seul l'escadron commun d'avions de transport basé à Evreux est vraiment opérationnel… avec des avions américains C-130.

Les relations entre les industriels français et allemands sont très tendues. Dassault et Airbus ont une aversion mutuelle. Nexter et Rheinmetall, une entreprise allemande, se détestent également. Mis à part les avions de transport Transall, la plupart des projets franco-allemands ont été des échecs, notamment les tentatives infructueuses de développer des chars communs dans les années 60 et 80. De plus, la France s'est retirée du programme d'avion de combat Eurofighter en 1985 afin de lancer son propre avion, le Rafale.

L'article aborde la préoccupation du Fonds monétaire international face à la Chine et l'Allemagne, qui ont un impact sur la croissance économique mondiale.

Les cultures stratégiques entre Paris et Berlin ont toujours été différentes. La France, influencée par l'héritage gaullien, a toujours méfié de l'Otan et de l'alliance américaine, prônant une "autonomie stratégique" qui suscite la méfiance à l'est du Rhin. En revanche, l'Allemagne voit l'Alliance atlantique et le soutien des États-Unis comme la seule garantie de sécurité pour le continent européen. Cette perception s'est renforcée avec l'invasion russe de l'Ukraine, qui a été perçue à Berlin comme un changement majeur nécessitant un réarmement immédiat. "Après le 24 février, l'Allemagne a réalisé que son armée était insuffisante pour peser dans un conflit majeur", explique Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l'IRIS. Ce sentiment d'urgence a conduit l'Allemagne à se tourner à nouveau vers Washington, conformément à son réflexe traditionnel.

Depuis 18 mois, l'Allemagne a accordé de nombreux contrats à l'industrie américaine, ce qui a conduit à l'utilisation d'une grande partie des 100 milliards d'euros du fonds spécial destiné à renforcer la Bundeswehr. Ces contrats incluent l'achat de chasseurs F-35, d'hélicoptères lourds Chinook et de systèmes de défense aérienne Arrow 3, développés conjointement par Israël et les États-Unis. En revanche, les échanges entre la France et l'Allemagne dans ce domaine sont restés limités. Selon le dernier rapport au Parlement sur les exportations d'armement en 2022, les commandes d'armement françaises passées par l'Allemagne (63,2 millions d'euros) étaient inférieures à celles de la Macédoine du Nord (64,9 millions). De plus, les échanges dans l'autre sens sont également peu importants.

L'entreprise allemande Rheinmetall, qui souhaite devenir sous-traitante de l'industrie américaine, renforce son partenariat avec les États-Unis. En collaboration avec Lockheed Martin, Rheinmetall produira une version européenne du lance-roquettes multiples Himars. De plus, l'entreprise assemblera des éléments de fuselage du chasseur américain F-35 dans une usine neuve à Weeze, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Cette usine devrait ouvrir en 2025.

Pays: Allemagne Force armée: Armée de France

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