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Deux ans après que la compagnie aérienne Air Austral ait presque fait faillite, son nouveau président décide de s'exprimer publiquement. Cela se déroule le 4 octobre 2023 à 10h01 et prendra environ 7 minutes à lire.
Dans une interview, Joseph Brema, qui a été nommé président du directoire de la compagnie aérienne réunionnaise Air Austral en mars, s'exprime pour la première fois dans les médias. Il discute de la crise que son entreprise a traversée, du changement d'actionnaires, des problèmes rencontrés par les compagnies d'outre-mer et de la possibilité d'une consolidation du secteur.
En 2016, un avion de la compagnie Air Austral, le modèle Boeing 787-8, était stationné à l'aéroport Roland-Garros de La Réunion.
Le soir du lundi 2 octobre, Air Austral a célébré de manière grandiose les 20 ans de sa ligne Paris-La Réunion lors d'une soirée festive sur les quais de Seine, à Levallois. C'était la première fois que Joseph Brema, le président du directoire, se montrait publiquement depuis sa nomination en mars. C'était également l'occasion pour la compagnie réunionnaise de proclamer haut et fort qu'elle est toujours en vie, malgré avoir frôlé la faillite. La pandémie a fortement affaibli la compagnie, qui s'est retrouvée avec une dette énorme de 250 millions d'euros à la sortie du Covid, soit plus de la moitié de son chiffre d'affaires en 2019. Heureusement, elle a pu s'en sortir grâce à l'aide de l'Etat, qui souhaitait également la fusionner avec une autre compagnie d'outre-mer en difficulté, Corsair.
>> De plus, dans les régions d'outre-mer, le secteur aérien lance un appel à l'aide.
Cependant, le plan de restructuration qui a été approuvé a pris une autre direction, celle de la privatisation. Air Austral, qui était auparavant détenue à 99% par la société d'économie mixte Sematra, détenue à 73,5% par la région La Réunion, a fait entrer un consortium composé de 27 investisseurs privés locaux, qui ont acquis 55,18% du capital, laissant le reste à la Sematra qui est devenue minoritaire. Ces actionnaires ont contribué à rembourser une partie de la dette de la compagnie avec de l'argent frais, tandis que le reste a été effacé dans le cadre de la procédure de la conciliation. Il reste maintenant 65 millions à rembourser à partir de 2024. Il n'est donc pas surprenant que le directeur financier ait été choisi pour succéder à l'ancien président Marie-Joseph Malé, étant donné qu'il avait travaillé pour l'entreprise pendant une trentaine d'années. Ce directeur financier par intérim a ensuite été officiellement nommé président du directoire il y a six mois. Challenges – Air Austral célèbre les 20 ans de sa ligne Paris-La Réunion, mais elle aurait pu disparaître…
Joseph Brema affirme que les mesures prises par le gouvernement ont été essentielles pour soutenir les entreprises, en particulier les compagnies aériennes, et éviter de graves problèmes. Il souligne que, en plus de l'engagement des actionnaires, c'est le soutien de l'État qui a permis de surmonter la crise.
Quels sont les effets de la privatisation sur une entreprise?
Jusqu'à maintenant, la majorité de notre entreprise appartenait à la Sematra, une société détenue par la région La Réunion. Cependant, les actionnaires privés ont maintenant une influence significative.
Le lundi 2 octobre au soir, Air Austral a célébré de manière grandiose les 20 ans de sa liaison Paris-La Réunion lors d'une soirée festive sur les quais de Seine, à Levallois. C'était la première fois que Joseph Brema, le président du directoire, apparaissait publiquement depuis sa nomination en mars. Cette occasion a également permis à la compagnie réunionnaise de montrer qu'elle est toujours vivante, malgré avoir frôlé la faillite. En effet, elle a été fortement affaiblie par la pandémie et s'est retrouvée avec une dette énorme de 250 millions d'euros après la fin du Covid, ce qui représente plus de la moitié de son chiffre d'affaires en 2019. Elle a pu se remettre sur pied grâce à l'aide de l'Etat, qui souhaitait la fusionner avec une autre compagnie d'outre-mer en difficulté, Corsair.
En matière de transport aérien dans les territoires d'Outre-mer, une situation critique se profile.
Cependant, le plan de restructuration approuvé a finalement opté pour la privatisation. Air Austral, qui était auparavant détenu à 99% par la Sematra, une société d'économie mixte détenue à 73,5% par la région La Réunion, a fait entrer un groupe de 27 investisseurs privés locaux, qui ont acquis 55,18% des actions, laissant le reste à la Sematra qui est désormais minoritaire. Tous ces actionnaires ont contribué une partie de l'argent frais pour rembourser une partie de la dette de la compagnie, tandis qu'une autre partie a été effacée lors de la procédure de conciliation. Il reste maintenant 65 millions à rembourser à partir de 2024. Il n'est donc pas surprenant que le directeur financier ait été choisi pour succéder à l'ancien président Marie-Joseph Malé, car il a une grande connaissance de l'entreprise après y avoir travaillé pendant une trentaine d'années. Ce sexagénaire a d'abord assumé la présidence par intérim avant d'être officiellement nommé président du directoire il y a six mois. Challenges – Air Austral célèbre les 20 ans de sa ligne Paris-La Réunion, mais elle aurait pu disparaître…
Joseph Brema – Effectivement, si le gouvernement n'avait pas pris des mesures pour soutenir les entreprises en général, et les compagnies aériennes en particulier, nous aurions rencontré d'énormes problèmes. En plus de l'engagement des actionnaires, c'est grâce à l'aide de l'Etat que nous avons réussi à surmonter la crise.
Quels sont les impacts de la privatisation sur une entreprise?
Jusqu'à maintenant, la majorité de notre entreprise appartenait à la Sematra, une société détenue par la région La Réunion. Cependant, les actionnaires privés ont maintenant acquis 55% des parts, tandis que la Sematra en possède 45%. Par conséquent, il est essentiel de conserver notre objectif politique de désenclaver La Réunion, qui est la raison d'être d'Air Austral, tout en adoptant une perspective privée afin de retrouver la rentabilité. Le plan de restructuration sur lequel j'ai travaillé pendant mon intérim, et qui a été approuvé par la Commission européenne, s'étend jusqu'en 2025. Nous avons donc deux ans pour redresser notre situation économique.
Est-ce que la possibilité d'une collaboration avec Corsair est toujours envisageable ?
Après la fin de la pandémie, nous avions deux choix: soit nous restructurer en nous associant à un autre acteur, soit prendre une voie autonome. En 2021, il y a eu un changement de président de la région La Réunion, ce qui a entraîné un changement d'orientation. C'est sous le mandat de Denis Robert, l'ancien président de la région, que l'idée de se rapprocher de Corsair a été proposée. Sa successeuse Huguette Bello met davantage l'accent sur l'importance de l'identité réunionnaise. L'objectif initial d'Air Austral était de désenclaver La Réunion. Il y avait probablement la crainte que cet objectif disparaisse.
"Le trafic reprend maintenant."
Donc cela signifie que l'idée d'une consolidation du secteur est rejetée?
Ce n'est pas le moment approprié pour envisager une consolidation car nous devons d'abord mettre en œuvre notre plan de restructuration. De plus, si l'on examine le paysage aérien de cette région, est-il possible d'obtenir des synergies en termes de flotte? La réponse est non. Sur l'axe Paris-La Réunion, il y a quatre compagnies aériennes qui utilisent différentes types d'avions tels que des A350, des Boeing 777-300ER, des Boeing 777-200, des A330 et des Boeing 777-300. Il est difficile de trouver une logique là-dedans! Chaque compagnie doit repenser son modèle et une fois que tous ces problèmes auront été résolus, nous pourrons envisager une consolidation.
Quelle est la situation actuelle de l'entreprise?
Avant l'épidémie de Covid-19, notre entreprise générait un chiffre d'affaires de 413 millions d'euros, dont 80 millions provenaient des vols régionaux, 15 millions étaient réalisés avec l'Asie et le reste provenait des vols long-courriers. À présent, nous observons une reprise du trafic. Notre chiffre d'affaires annuel devrait se situer entre 430 et 439 millions d'euros. Au cours du premier semestre de notre exercice, qui débute en avril, notre chiffre d'affaires a légèrement diminué de 1%, mais notre marge opérationnelle a été conforme aux prévisions de notre plan d'affaires. L'objectif est de ne pas perdre de marge au second semestre, malgré les défis auxquels nous devons faire face, tels que la hausse du prix du pétrole, la vigueur du dollar, les problèmes opérationnels liés aux moteurs de nos avions A220 et le contexte inflationniste. Nos investissements restent stables, à hauteur de 20 millions d'euros par an.
Quels choix importants avez-vous faits depuis que vous avez pris les rênes ?
En ce qui concerne notre flotte, nous avons réussi à maintenir nos avions et à renégocier les coûts avec les propriétaires car nous sommes en location. Au lieu de voir notre flotte se réduire, nous avons pu la maintenir. En ce qui concerne notre réseau, nous avons exploité les lignes les plus rentables. En 2022, alors que la pandémie continuait de sévir, nous avons envisagé de fermer la ligne reliant La Réunion à Bangkok. Cependant, j'ai pris la décision de la maintenir et les résultats nous donnent raison : nous avons atteint des taux d'occupation de 90% sur cette route, ce qui est exceptionnel ! Il est probable que nous augmentions la fréquence des vols. La Réunion est idéalement située entre l'Asie et l'Afrique de l'Est. Notre prochaine étape sera donc d'explorer la côte est de l'Afrique. Il existe des liens étroits entre La Réunion et le Mozambique, ainsi qu'avec la Namibie. Pour l'instant, nous transportons 1,2 million de passagers par an : 500 000 sur la ligne Paris-La Réunion, une ligne mature qui connaît une croissance annuelle de 2 à 3%, 600 000 à l'intérieur de la région et 100 000 vers l'Asie.
Quelle est votre opinion sur les problèmes rencontrés par les deux compagnies du groupe Caire, Air Antilles et Air Guyane, qui ont été liquidées en août? Il vient d'être annoncé qu'Air Guyane va cesser ses activités car elle n'a pas réussi à trouver un nouvel acquéreur…
Il est possible que la fragmentation de la propriété des actions n'ait pas pu fournir le soutien nécessaire lorsque les problèmes sont survenus.
Vous venez de devenir le directeur d'une compagnie aérienne, tandis que la crise climatique est de plus en plus évidente. Selon le dernier rapport du Citepa, publié le mardi 3 octobre, les émissions de carbone dans le secteur aérien ont considérablement augmenté entre avril et juin. Quelle est votre réaction face à ces chiffres ?
Le seul moyen de se déplacer hors de La Réunion est l'avion. Il n'est pas possible d'utiliser uniquement des carburants durables pour mes avions, mais je peux opter pour des avions qui consomment moins de carburant. En même temps, l'association internationale du transport aérien (IATA) a lancé des initiatives de reboisement.
Est-ce que cela signifie que vous allez remplacer vos avions par de nouveaux modèles? C'est probablement le cas. Cependant, ma flotte est déjà assez récente, elle se compose de Boeing 787, Boeing 777-300 ER et Boeing 737-800 qui ont été fabriqués en 2016, ainsi que d'Airbus A220-300 qui sont de l'année 2021. Quoi qu'il en soit, je ne pourrai renouveler ma flotte que lorsque la Commission européenne lèvera les limitations liées au plan de restructuration.
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