Négociations commerciales : les charcutiers luttent contre les marges élevées des distributeurs

Difficultés Société Produits de grande consommation

Les charcutiers expriment leur mécontentement lors des négociations avec les distributeurs. Par Valérie Xandry. Publié le 03.10.2023 à 07h00. Durée de lecture : 6 minutes. Réservé aux abonnés.

Alors que le gouvernement présente cette semaine en commission à l'Assemblée le projet de loi visant à faire progresser les négociations commerciales, les industriels charcutiers, représentés par leur fédération, continuent de s'opposer fermement à cette option. Cette opposition persiste même si la mesure ne concerne qu'un petit nombre d'acteurs. Les charcutiers visent en particulier les distributeurs et leurs bénéfices sur ce secteur essentiel.

En mars 2023, dans un supermarché Intermarché situé à

Qui va régler la facture pour réduire finalement celle du consommateur? Ces derniers mois, le gouvernement a cherché à soulager le pouvoir d'achat des ménages en proposant des carburants à prix coûtant et des produits à prix bloqués, tout en exerçant des pressions sur les distributeurs et les industriels de l'agroalimentaire. La dernière initiative consiste à avancer les négociations commerciales entre ces deux parties. Cependant, la Fédération des industriels de la charcuterie s'oppose à cette avancée, même si le projet de loi présenté par le gouvernement vise principalement les plus gros industriels de l'agroalimentaire, ceux qui réalisent plus de 150 millions d'euros de chiffre d'affaires en France. Dans le secteur des produits tels que le jambon, le saucisson et autres produits à base de porc, il y a seulement quelques acteurs impliqués.

Aussi, lorsque l'inflation des prix alimentaires affaiblit le gouvernement…

Malgré cela, la Fict, une entreprise puissante du secteur qui représente fièrement les PME – parmi ses 300 membres, elle compte 90% de PME ainsi que des poids lourds tels que Herta et Fleury Michon – se mobilise pour défendre les fabricants de charcuterie. Tous les fabricants, même si le Conseil d'État a validé la différence de traitement entre les PME et les grandes entreprises dans le projet de loi. "Les problèmes que nous connaissons se retrouvent dans toutes les entreprises, quelle que soit leur taille", souligne Fabien Castanier, le délégué général de la Fict.

Un secteur en difficulté

Quelles sont les difficultés auxquelles il fait face ? La hausse des prix de l'énergie, qui représente "un supplément qui atteint jusqu'à 5% du chiffre d'affaires". Et Fabien Castanier s'enthousiasme: "Il y a une forte pression sur l'industrie agroalimentaire pour négocier à la baisse les prix, mais certains fabricants ont signé l'année dernière des contrats d'énergie à des prix très élevés. Ces contrats sont sur deux ou trois ans et il n'y a pas de possibilité de les renégocier." Depuis plus d'un an, le coût de l'énergie est en effet un problème majeur pour les industriels, et pas seulement dans le secteur de la charcuterie.

Un autre sujet de tension concerne le prix du porc, qui représente 50% des coûts de production. Actuellement, ce prix se situe au-dessus de 2€/kg, alors qu'il était à peine à 1,20€/kg au début de l'année 2022. Est-ce une augmentation disproportionnée ? Fabien Castanier admet que le prix était trop bas au début de l'année 2022, ce qui a causé une crise chez les éleveurs. Cependant, atteindre les 2€/kg était considéré comme un seuil inatteignable.

Les coûts de production sont soumis à une double pression, ce qui entraîne des conséquences néfastes pour le secteur de la charcuterie, avec déjà 19 entreprises en faillite. Même si, pour le moment, seules de petites entreprises sont touchées, Fabien Castanier rappelle que Fleury Michon a dû fermer un de ses sites de production en début d'année. Cette fermeture s'est produite alors que les activités sur le site connaissaient une forte baisse.

La Fict estime que la précarité du secteur justifie d'être exclue des négociations commerciales avancées. En effet, une branche fragile aurait un impact négatif sur la filière porcine, étant donné que 75% de la production française est utilisée pour la charcuterie. La Fédération Nationale Porcine a d'ailleurs exprimé son soutien à la Fict dans un communiqué, affirmant que ces entreprises devraient être exemptées de toute renégociation.

La Fict s'assure de défendre les intérêts des éleveurs français, mais elle vise également les distributeurs et leurs bénéfices. Selon le dernier rapport de l'Observatoire des prix et des marges, la charcuterie est le rayon où les distributeurs réalisent la plus grande marge nette, qui s'élève à près de 700 millions d'euros en 2021, tandis que la marge nette du deuxième rayon le plus important, celui des fruits et légumes, est de 350 millions d'euros.

Le même sujet est abordé lorsqu'il s'agit de décomposer le prix du jambon dans les rayons des supermarchés. Selon l'Observatoire, en 2022, sur un prix moyen de 13,14 €/kg pour le jambon cuit, la matière première représentait 4,58 €, tandis que les fabricants de charcuterie touchaient 3,38 € et les distributeurs 3,42 €. Est-ce que les deux derniers maillons de la chaîne ont une part équivalente ? La FICT ne change pas d'avis et souligne que la part revenant aux fabricants sur le prix du produit (27,1% en 2022) a diminué depuis 2016 (32,6%), tandis que celle des distributeurs a augmenté (27,4% en 2022 contre 25,9% en 2016). Surtout, cette part atteignait 34,2% en 2021. Cependant, la marge brute des distributeurs s'est considérablement réduite en 2022, ce qui a permis de stabiliser le prix pour le consommateur malgré la hausse du prix du porc, retrouvant ainsi un niveau similaire à celui de 2017.

Un sujet délicat en pleine augmentation

La Fict est très critique. Et cela n'est pas étonnant. La question des bénéfices des fabricants et des distributeurs est au centre des débats sur le prix payé par le consommateur. Dans l'étude d'impact liée au projet de loi du gouvernement, il est clairement indiqué que "selon l'analyse de la Direction Générale du Trésor (DGT) de septembre 2023, l'industrie agroalimentaire française connaît des taux de bénéfices élevés au premier semestre 2023." Cependant, il convient de noter que le taux de bénéfices est bien plus élevé que la moyenne de 2010 à 2019, mais il fait suite à un taux de bénéfices inférieur à la moyenne en 2021 et 2022. Une référence aux bénéfices des fabricants qui a une grande signification lorsque l'objectif du gouvernement est clairement affiché: soulager les consommateurs de la pression de l'inflation.

Article: "Révélation des noms et des problèmes fiscaux : les entreprises de l'industrie agroalimentaire sont ciblées par le ministère des Finances"

Mon interprétation:

Titre: "

C'est pourquoi la Fict argumente de manière très précise pour demander que tous les fabricants de charcuterie, qu'ils soient grands ou petits, évitent de revenir à la table des négociations. En juin, lors de la publication du rapport de l'Observatoire, elle a déjà souligné que selon un sondage auprès de ses membres, "dans près de 75% des cas, les distributeurs avaient augmenté leur marge sur les produits de charcuterie lors des augmentations de tarifs précédentes".

Cependant, compte tenu de l'importance du pouvoir d'achat des consommateurs dans le contexte politique actuel, il est difficile de ne pas remettre en question le jambon, qui est le roi de la table des Français. C'est un sujet délicat. Herta se cache derrière le communiqué de la profession et Fleury Michon refuse de commenter quand on les interroge sur le sujet. Il faut dire que les prochains jours seront décisifs, car le gouvernement a accéléré la procédure pour ce texte. Il sera discuté en commission à l'Assemblée dès ce mardi. Maintenant, c'est aux parlementaires de prendre position.

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