Obstacles Société Protection
L'Europe est de plus en plus dépendante de l'armement provenant des États-Unis.
Selon un rapport du think-tank IRIS, depuis le commencement de l'invasion de l'Ukraine, 78% des achats d'armes de l'Union européenne ont été effectués auprès de pays non-européens, dont 63% ont été passés aux États-Unis. La part de marché de la France ne représente que 2,5%.
Des avions de chasse F-35A en train de voler dans l'
Ce n'était qu'une observation basée sur l'expérience, mais c'est maintenant une certitude basée sur des statistiques. L'invasion de l'Ukraine n'a pas relancé l'Europe de la défense, mais a plutôt entraîné une dépendance sans précédent du Vieux continent envers les armements fabriqués aux États-Unis. Selon un rapport de l'Iris, rédigé par le directeur adjoint du think-tank Jean-Pierre Maulny, 78% des achats d'armements effectués par les pays de l'UE depuis le début de la guerre en Ukraine ont été réalisés auprès de fournisseurs non européens. Les États-Unis détiennent une part de marché de 63%, soit près de trois fois plus que les 22% des industriels européens. Le document estime que les commandes totales d'armement entre début 2022 et mi-2023 s'élèvent à environ 100 milliards d'euros.
La Corée du Sud est de plus en plus présente en Europe en tant qu'acteur émergent, avec l'Oncle Sam qui reste intouchable en arrière-plan. Grâce à un énorme contrat de 13,7 milliards de dollars signé avec la Pologne en 2022 (pour 1 000 chars de combat K2, 600 canons automoteurs K9 et 48 avions de combat FA-50), la Corée du Sud représente désormais 10% des armements commandés depuis février 2022, selon le rapport de l'IRIS. Le think tank attribue ce succès à la "saturation des capacités industrielles de défense américaines et européennes", ainsi qu'à la possibilité pour les Etats clients de fabriquer les équipements commandés sur leur propre territoire grâce à l'obtention de licences. Israël et le Royaume-Uni sont loin derrière, avec chacun une part de marché de 2,3%.
La situation en Europe
Parmi les membres de l'Union européenne, qui génèrent environ 22% des commandes (équivalent à 21 milliards d'euros), il existe une grande diversité de représentation. Cependant, l'Allemagne occupe une position dominante en obtenant la plus grande part de ces commandes.
Ce n'était qu'une impression basée sur l'expérience, mais maintenant c'est une certitude soutenue par des statistiques. Au lieu de stimuler l'Europe de la défense, l'invasion de l'Ukraine a entraîné une dépendance sans précédent du continent européen à l'égard des armements fabriqués aux États-Unis. Selon un rapport de l'Iris, rédigé par le directeur adjoint du think-tank Jean-Pierre Maulny, 78% des achats d'armements réalisés par les pays de l'UE depuis le début de la guerre en Ukraine ont été effectués auprès de fournisseurs non européens. Les États-Unis détiennent une part de marché de 63%, soit près de trois fois plus que les 22% affichés par les fabricants européens, pour un montant total d'armements qui approche les 100 milliards d'euros entre début 2022 et mi-2023, selon le document.
La Corée du Sud se positionne de plus en plus comme un acteur émergent en Europe, avec un Oncle Sam qui semble intouchable en arrière-plan. Grâce à un énorme contrat de 13,7 milliards de dollars signé avec la Pologne en 2022, comprenant l'achat de 1 000 chars de combat K2, 600 canons automoteurs K9 et 48 avions de combat FA-50, ainsi que 300 lance-roquettes multiples coréens K239, Séoul détient désormais 10% de part de marché sur les commandes d'armements depuis février 2022. Selon un groupe de réflexion, ce succès est dû à la "saturation des capacités industrielles de défense américaines et européennes", ainsi qu'à la possibilité accordée aux États clients de produire les équipements commandés sur leur propre territoire. Israël et le Royaume-Uni, quant à eux, se situent loin derrière la Corée du Sud avec une part de marché de seulement 2,3%.
La domination de l'Allemagne
Les pays membres de l'Union européenne, qui représentent 22% des commandes d'une valeur de 21 milliards d'euros, ont une représentation très diverse. L'Allemagne est en tête du classement avec 11,5 milliards d'euros de contrats, soit une part de marché de 11,5%. Les entreprises allemandes ont remporté plus de la moitié des commandes passées à des groupes européens, grâce à des contrats en Norvège (chars Leopard 2A8) et en Grèce (blindés Lynx, modernisation de frégates). La Suède s'en sort également très bien avec 4,7 milliards d'euros de commandes, notamment pour des véhicules de combat d'infanterie CV-90 en Slovaquie et en République Tchèque.
La France se retrouve en situation de retard sur le marché européen, avec seulement 2,5 milliards d'euros de commandes provenant des pays de l'UE, ce qui représente une part de marché de 2,5%. C'est ironique, étant donné que les industriels français ont enregistré un record de prises de commandes mondiales en 2022, avec près de 27 milliards d'euros de contrats, ce qui positionne la France comme le deuxième vendeur d'armes au monde.
La faible vente de matériel français en Allemagne est un exemple frappant de l'échec de la France en Europe. En 2022, les commandes passées par l'Allemagne auprès des industriels français se sont élevées à seulement 63 millions d'euros, soit moins que les contrats passés avec la Serbie et la Macédoine du Nord. Selon Marc Chassillan, un expert français des blindés, la tendance en Allemagne est de privilégier tout sauf la France. Pour le remplacement des blindés de transport allemands Fuchs, les véhicules français Griffon et Serval, récemment fabriqués par Nexter, membre de l'alliance franco-allemande KNDS, semblaient être la solution la plus logique. Cependant, l'Allemagne a finalement opté pour le finlandais Patria.
Les missiles sol-sol (FMS) sont un atout puissant pour les États-Unis. Malgré les efforts déployés par l'Europe, tels que la création du Fonds européen de défense (FED), il existe toujours une dépendance importante envers les États-Unis. Selon le rapport de l'IRIS, il y a un écart croissant entre les initiatives de l'UE, menées par Bruxelles, qui se concentrent sur la recherche et le développement dans le domaine de la défense, et les priorités immédiates des États membres de l'UE, qui se concentrent sur l'acquisition d'équipements. En conséquence, la plupart des équipements sont achetés prêts à l'emploi, et les initiatives de l'UE ont eu peu d'impact sur le marché européen de la défense.
Le fait d'acheter des armes déjà fabriquées favorise l'industrie américaine, qui est la seule capable de fournir rapidement de grandes quantités d'armement. En plus de leurs importantes capacités de production, les États-Unis bénéficient d'un autre avantage important : les accords de vente d'armes entre États, appelés FMS (Foreign Military Sales), qui représentent 95% des ventes d'armes aux pays de l'Union européenne.
En achetant directement auprès du gouvernement américain plutôt que des entreprises, les clients peuvent éviter de se conformer à la directive 2009/81 de l'UE qui réglemente les marchés publics de défense. Selon le rapport de l'IRIS, cette approche est considérée comme un moyen flexible et rapide pour les États-Unis et les pays de l'UE d'acquérir du matériel militaire américain, préférable aux contrats commerciaux. L'approbation des ventes est accordée par la DSCA, l'Agence américaine de coopération en matière de sécurité de défense, et est relativement facile à obtenir.
La dépendance de l'Europe vis-à-vis des États-Unis dans la fabrication d'armements semble être là pour rester. En plus d'acheter des équipements fabriqués aux États-Unis, l'Europe envisage maintenant d'assembler une partie de ces armements sur son propre sol. Le fabricant allemand Rheinmetall est en tête de cette nouvelle tendance, en assemblant une version européenne des lance-roquettes multiples Himars (Lockheed Martin) et en produisant le caisson central des chasseurs furtifs américains F-35 à Weeze (Rhénanie-du-Nord-Westphalie).
Dans une interview conjointe avec le ministre des armées Sébastien Lecornu, qui a été publiée le 20 septembre dans Le Monde, le ministre de la défense allemand soutient la décision des États-Unis en tant que partenaire clé. Selon lui, bien que l'industrie de la défense européenne, y compris l'industrie française, soit un partenaire important, elle ne peut pas nous fournir tout ce dont nous avons besoin. Il affirme que les États-Unis sont nos alliés et notre plus grand partenaire au sein de l'OTAN. Il est tout à fait justifiable d'acheter des systèmes américains et, en retour, de vendre des armes à nos amis américains.
Cependant, il est nécessaire que les échanges soient équitables, ce qui n'est clairement pas le cas actuellement. D'après un rapport du Sénat publié en 2022, les pays de l'Union européenne ne représentent que 1,4% des achats d'armement effectués par le Département américain de la défense. Cela représente 45 fois moins que la part de marché américaine dans les acquisitions militaires des pays de l'Union européenne.
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